Plus de six femmes sur dix s’inquiètent de leur niveau de vie après la retraite

Yves Hulmann

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Quelles que soient les réformes mises en place dans la prévoyance, le recours au 3e pilier gagnera en importance, prévoit Aron Veress, CEO de Liechtenstein Life.

©Keystone

 

Le 22 septembre prochain, la population suisse votera sur la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP). Quel est toutefois été le degré de connaissance et quelles sont les préoccupations des Suissesses et des Suisses en matière de prévoyance? Un sondage représentatif publié ce printemps par Liechtenstein Life livre des indications intéressantes à ce sujet, avec des différences parfois importantes entre les réponses fournies par les hommes et les femmes à différentes questions en lien avec la prévoyance.

Plus de six femmes sur dix s’inquiètent de ne pas pouvoir préserver leur niveau de vie après la retraite

Le premier aspect qui ressort de l’enquête en ligne réalisée par l’institut de sondage YouGov auprès de plus de 1000 personnes en Suisse pour le compte de Liechtenstein Life est qu’une large majorité des personnes sondées (57,6%) se soucient personnellement de ne pas parvenir à maintenir leur niveau de vie après avoir atteint l’âge de la retraite, que ce soit pour elles-mêmes ou pour leur famille. Chez les femmes, cette proportion grimpe à 62,3%. A l’inverse, seule une personne sondée sur cinq (20,8%) ne se fait (plutôt) pas de souci à propos de son niveau de vie après la retraite.

«Le recours au pilier 3a est encore loin d’être systématique. En effet, 35,3% personnes sondées (37,9% chez les femmes et 32,6% chez les hommes) n’utilisent pas encore cette solution de prévoyance avantagée sur le plan fiscal.»

Les personnes sondées se montrent dans tous les cas sceptiques au sujet de l’assurance-vieillesse et survivants (1er pilier): près de 45% des femmes s’attendent à une baisse des rentes par rapport à l’évolution des revenus, tandis que 36% des hommes anticipent une évolution similaire. Moins d’un quart (23,7%) des personnes interrogées s’attendent à l’inverse à ce que les rentes étatiques tendront à plutôt augmenter.

L’écart entre les hommes et les femmes ne peut pas être ignoré

Qu’est-ce qui explique que les attentes des femmes au sujet de leurs futures rentes soient nettement plus pessimistes? Pour Aron Veress, CEO de Liechtenstein Life Assurance AG, un premier facteur d’explication tient à la proportion beaucoup plus élevée de femmes qui travaillent à temps partiel en Suisse, estimée aux environs de 85%, que chez les hommes où cette part ne s’élève qu’à quelque 18%. «C’est une énorme différence. Même si le niveau de formation des femmes n’a cessé d’augmenter ces dernières années, le fait de travailler moins, pendant tout ou une période de la vie, a pour conséquence que les femmes gagnent moins d’argent sur la durée, qu’elles cotisent moins au deuxième pilier et qu’en général elles ont moins de marge de manœuvre pour effectuer d’éventuels versements dans la prévoyance volontaire du 3e pilier. L’écart ou delta entre les hommes et les femmes ne peut pas être ignoré en matière de prévoyance», met en perspective Aron Veress.

Plus du tiers des personnes interrogées ne font rien pour combler leurs lacunes de prévoyance

Y a-t-il néanmoins des mesures qui peuvent être prises sur le plan individuel pour tenter de réduire cet écart ou pour améliorer la situation des femmes dans le domaine de la prévoyance? L’étude publiée par Liechtenstein Life fournit deux indications à cet égard. D’une part, elle a demandé aux personnes interrogées si elles avaient une idée de leurs lacunes de prévoyance d’un point de vue personnel. A cette question, 28,9% des personnes qui ont participé à l’enquête ont indiqué connaître leur lacune en matière de prévoyance, tandis que près d’un tiers (32,8%) des sondés ont répondu ne pas la connaître. Seules 22% des personnes interrogées ont indiqué ne plus avoir de lacune de cotisation ou n’en avoir jamais eue.

Autre aspect intéressant: parmi toutes les personnes qui estiment avoir une lacune en matière de prévoyance (28,9%), plus du tiers (34,8%) d’entre elles affirment ne rien entreprendre pour y remédier. C’est le cas de 29,4% des hommes qui ont participé au sondage et même de près de quatre femmes sur dix (39,9%) sondées.

«Il ne suffit pas seulement de mettre de l’argent de côté – il est nécessaire que le rendement obtenu sur la durée parvienne au moins à compenser l’inflation.»

Comment encourager les personnes qui n’entreprennent rien pour combler leurs lacunes de prévoyance d’agir sur ce plan? Pour Aron Veress, la première question qui se pose est d’évaluer si une personne dispose de réserves financières nécessaires afin de pouvoir investir dans prévoyance privée. Si c’est le cas, il est important de bien réfléchir à la façon avec laquelle on souhaite investir. Parmi les personnes sondées qui indiquent qu’elles souhaitent effectivement entreprendre quelque chose afin de réduire leur lacune de prévoyance, 26,7% d’entre elles envisagent d’investir dans une solution d’assurance, 17,2% prévoient d’effectuer des placements dans des titres et 10,6% dans l’immobilier.

Les possibilités du 3e pilier restent sous-utilisées

En ce qui concerne les placements dans la prévoyance volontaire du troisième pilier, Liechtenstein Life constate que le recours au pilier 3a est encore loin d’être systématique. En effet, 35,3% personnes sondées (37,9% chez les femmes et 32,6% chez les hommes) n’utilisent pas encore cette solution de prévoyance avantagée sur le plan fiscal. A l’inverse, 31,5% des personnes interrogées indiquent investir dans une solution du pilier 3a auprès d’une banque et 21,9% auprès d’une assurance. A noter encore que 42% des personnes sondées pensent qu’il est possible d’obtenir de meilleurs rendements en investissant au moyen d’assurance vie liées à des fonds plutôt qu’en plaçant cet argent dans le cadre de la prévoyance étatique.

Les rendements obtenus doivent au moins compenser l’inflation

Pour les personnes qui envisagent d’effectuer de tels investissements volontaires dans le but d’améliorer leurs futures retraites, comment faut-il procéder? Quelle que soit la solution de placement choisie, la première chose à faire est d’évaluer le montant maximum que l’on peut investir, conseille Liechtenstein Life. La deuxième chose consiste à évaluer les attentes de rendement de ses placements en les mettant en balance avec ses besoins de liquidités. «Quelqu’un qui est certain de ne pas avoir besoin de son argent pendant dix ans peut envisager de placer une partie de celui-ci dans des placements alternatifs, même si ceux-ci sont très peu liquides. A l’inverse, une personne qui estime qu’elle pourrait avoir besoin de son argent dans un horizon plus court devra privilégier des placements plus liquides, comme des actions ou des fonds indiciels qui peuvent être facilement revendus», illustre à titre d’exemple Aron Veress. De même, une personne qui n’atteindra l’âge légal de la retraite que dans vingt ans peut avoir une part en actions plus élevée que s’il s’agit de quelqu’un qui prendra sa retraite dans cinq ans, ajoute-t-il. En conclusion, Aron Veress estime que la responsabilité individuelle va gagner en importance dans la façon d’organiser le financement des futures retraites lorsqu’il s’agit de constituer un capital supplémentaire. Avec cet objectif qu’il faut toujours garder à l’esprit: il ne suffit pas seulement de mettre de l’argent de côté – il est nécessaire que le rendement obtenu sur la durée parvienne au moins à compenser l’inflation.

Garder une vue d’ensemble, un défi pour de nombreux clients

Concernant l’actualité immédiate, les implications de la réforme de LPP soumise en votation le 22 septembre sont-elles un sujet de préoccupation important pour les clientes et les clients de Liechtenstein Life concernant leur situation personnelle - ou est-ce perçu comme un sujet avant tout politique? «L'augmentation de l'espérance de vie entraîne une lacune croissante dans les rentes, qui se traduit soit par une hausse des cotisations, soit par une baisse des rentes. Ce sujet concerne bien entendu aussi nos clients, car le besoin de combler cet écart ne cesse de croître. Dans le cadre des réformes, les femmes doivent être aidées à réduire l'écart de pension, ou Pension Gap, ce qui est en principe positif», juge Aron Veress. Un problème de taille subsiste toutefois selon lui: «En raison de la complexité du problème au niveau personnel, il se peut que les clients n'aient guère la vue d'ensemble nécessaire. Le 3e pilier apparaît ici comme une solution élégante - il est plus compréhensible pour le client et offre une liberté d'organisation. Il est donc recommandé d'utiliser dès aujourd'hui le potentiel du 3e pilier», souligne le directeur de Liechtenstein Life. 

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