Prévoyance vieillesse: les investissements des Suisses à l’ère du numérique

Aron Veress, Liechtenstein Life Assurance AG

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Malgré les nombreuses offres des prestataires numériques, le modèle classique du conseiller reste demandé, voire nécessaire.

Malgré la disponibilité de prestataires de solutions 3a intégralement numériques, nombreux sont les clients et clientes qui apprécient toujours d’échanger avec leur conseiller financier. Les investisseurs misent principalement sur des fonds mixtes largement diversifiés. Les intermédiaires sont toutefois invités à fournir de meilleurs conseils concernant la durabilité des produits de placement.

De plus en plus de Suisses prennent en main leur prévoyance vieillesse, et l’épargne dans le troisième pilier, assortie d’avantages fiscaux, est leur méthode de prédilection. L’écrasante majorité des banques et des compagnies d’assurance proposent des produits de ce type. En règle générale, les solutions bancaires sont plus flexibles, et les produits d’assurance offrent davantage de sécurité. Ces dernières années, le marché des solutions de prévoyance a beaucoup évolué. De nouvelles entreprises FinTech font désormais concurrence à des acteurs reconnus, et les prestataires traditionnels de services financiers ont investi massivement dans les nouvelles technologies ainsi que les plateformes numériques. Cela étant dit, sur quelle base et par quel intermédiaire les Suisses choisissent-ils/elles leurs solutions de prévoyance? Quelles stratégies de placement désirent-ils/elles?

Des plateformes numériques pour les investisseurs indépendants

Auparavant, les solutions de prévoyance étaient essentiellement vendues par l’intermédiaire de conseillers bancaires ou d’assurance. Aujourd’hui, en revanche, les prestataires «direct to market» qui vendent leurs produits via des canaux exclusivement numériques, et sans conseillers physiques, se multiplient. Pour la plupart des plateformes de vente en ligne, l’inscription et l’ouverture d’un compte sont faciles et rapides. Aucun dépôt minimum n’est requis, ni de durée minimale, et il est possible de vendre ou d’investir tous les jours. Un contrôle des risques numérique aide à choisir la stratégie de placement. En cas de doute, faire appel ponctuellement à un chatbot ou à une société de conseil reste envisageable.

Ce type d’offres est idéal pour les indépendants familiers du numérique qui disposent à la fois de connaissances financières et d’une solide expérience en matière d’investissements. Ces offres parlent aussi aux jeunes générations. Toutefois, en dépit de leur clarté globale et de leur relative transparence, elles présentent un inconvénient de taille: elles ne prévoient aucune couverture des risques. Le choix de fonds proposé par nombre de prestataires en ligne est, en outre, très réduit.

Forte demande de conseil: pour une approche holistique

Les clients et les clientes qui souscrivent à leur prévoyance vieillesse dans le cadre d’une stratégie financière holistique tout en demeurant sensibles à la question de la sécurité restent attachés à un conseil professionnel et indépendant. La sécurité englobe des aspects tels que l’incapacité de gain ou l’invalidité, le décès, la famille à charge, les survivants et d’autres besoins personnels. Malgré les nombreuses offres de prestataires en ligne, le modèle classique du conseiller reste demandé, voire nécessaire.

A cet égard, il importe que les conseillers financiers soient bien formés (certifiés). Ils doivent être capables de cerner les besoins des clients et de leur fournir une prestation complète intégrant des solutions d’assurance. De nombreux «enfants du numérique», ainsi que des personnes plus âgées coutumières des nouvelles technologies apprécient (indépendamment de leur connaissance des questions financières) les avantages d’un conseil d’expert, et optent délibérément pour le modèle du conseiller en matière de produits de prévoyance.

Comment les Suisses investissent-ils? La préférence va pour un profil de risque moyen.

La plupart des produits de prévoyance 3a des banques, des assureurs et des entreprises FinTech distinguent cinq stratégies de placement courantes, de «sécurisée» (part d’actions faible voire inexistante) à «orientée opportunités» (forte part d’actions) en passant par «équilibrée». La stratégie de placement peut être mise en pratique de façon active ou passive (Index) et presque tous les fournisseurs de produits de prévoyance proposent aussi des solutions qui remplissent les critères de durabilité.

Quelle stratégie de placement adoptent les Suisses lorsqu’ils épargnent à titre privé pour leur retraite? D’après une analyse de plus de 52’000 portefeuilles de prévoyance (piliers 3a et 3b) de Liechtenstein Life, les clients et les clientes détiennent un total de 350 fonds différents dans leur portefeuille. Pour ce qui est du profil de risque, on constate des pics pour les classes de risque 2 et 5. Autrement dit, environ 24% des preneurs d’assurance détiennent au moins un fonds de catégorie 2, et 36% au moins un fonds de catégorie 5 (1 = risque minime, 7 = risque maximal; sept catégories de risque selon la classification européenne). Environ 8 % des preneurs d’assurance penchent pour une stratégie 6 ou 7 (voir graphique 1 ci-dessous).

Combien épargnent-ils pour leur retraite? La plupart des preneurs d’assurance de l’échantillon versent entre 100 et 350 francs par mois dans leur pilier 3a ou 3b (voir graphique 2). Cependant, beaucoup déduisent aussi leurs cotisations de leur déclaration d’impôt, versant ainsi entre 550 et 600 francs par mois, pour une valeur annuelle maximale de 6883 francs (désormais 7056 francs).

Du potentiel en matière de durabilité

En matière de durabilité, la plupart des fonds détenus par les clients suisses affichent des notes faibles ou moyennes, oscillant entre 1 et 3 (1 =°non durable, 5 =°très durable, d’après Morningstar). Un quart des fonds seulement est considéré comme durable, avec une note de 4 ou de 5. Cela pourrait indiquer que les clients et les clientes exigent moins de durabilité que ne le prévoyaient de nombreux observateurs du marché.

Les placements durables conservent donc une grande marge de progression, par exemple en matière de critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ou de fonds thématiques. Les sociétés de conseil financier et les intermédiaires d’assurance sont invités à informer leurs clients, et à attirer leur attention sur des solutions durables et adaptées à leurs besoins. Que ce soit en ligne et en toute indépendance, ou avec l’aide d’un conseiller, il est important de commencer à se constituer un patrimoine retraite le plus tôt possible.

Graphique 1: Les Suisses privilégient le risque moyen
Classement des fonds détenus par les clients suisses de Liechtenstein Life en fonction du risque

Echantillon: 52’500 clients suisses de Liechtenstein Life

Source: LLA

 

 

Graphique 2: Combien les Suisses versent-ils/elles dans leur prévoyance vieillesse?
Versements mensuels dans les piliers 3a et 3b de Liechtenstein Life

Echantillon: 52’500 clients suisses de Liechtenstein Life

Source: LLA

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