La hausse des primes des caisses maladie constitue un sujet de discussion récurrent - et dans les causes d’endettement les plus fréquentes, les primes d’assurance maladie impayées arrivent en deuxième position, juste après les dettes fiscales. En même temps, les développements actuels montrent que les coûts de santé continuent d’augmenter de façon irrésistible et que pour la population suisse, ils représentent une charge financière de plus en plus lourde.
Pour l’heure, aucun signe d’amélioration n’est en vue: les récentes initiatives, lancées dans le but d’alléger la charge que représentent les primes des assurances maladie, ont été nettement rejetées. On peut s’attendre à de nouvelles initiatives en la matière, bien qu’il faille noter que les propositions visant à obtenir une réduction des coûts de santé et des montants des primes divergent grandement entre elles. En raison des points de vue des divers groupes d’intérêts, parfois diamétralement opposés, il sera sans doute difficile de trouver un consensus. Selon le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF de Zurich (KOF), les frais de santé suisses atteindront un montant total de près de 100 milliards de francs en 2025, ce qui équivaudrait à environ 12% du produit intérieur brut du pays.
Les primes des caisses maladie comme facteur d’endettement
De récentes estimations donnent à penser que pour l’assurance de base obligatoire, les primes augmenteront encore de façon significative en 2025. Cela représenterait la troisième hausse massive consécutive des primes, après une augmentation de 6,6% en 2023 et de 8,7% en 2024. Ces données se rapportent aux primes moyennes des assurés adultes de l’ensemble de la Suisse, mais il existe des différences considérables entre les différents cantons.
Un autre problème, moins connu, mais tout aussi inquiétant, est celui du piège de l’endettement dans lequel de plus en plus d’assurés se retrouvent pris, en dépit des réductions de primes individuelles financées par les cantons. S’agissant de personnes fortement endettées, les primes d’assurance maladie impayées représentent aujourd’hui 15% du montant de leurs dettes, alors qu’en 2015, cette part n’était que de 8%. Même si, dans de nombreux cas, la maladie ou un accident entraîne des frais élevés dont les intéressés ne peuvent pas être tenus responsables, d’autres dépenses comme le loyer et les frais d’énergie sont souvent prioritaires, car dans ces domaines, un défaut de paiement a des conséquences plus immédiates. En effet, malgré des factures de primes impayées, il est encore possible de bénéficier de traitements médicaux, et les caisses maladie continuent d’assumer les coûts des prestations qu’elles sont tenues de prendre en charge de par la loi. Dans certains cantons, il existe toutefois une «liste noire» sur la base de laquelle les caisses maladie ne prennent plus en charge que les frais des traitements d’urgence des personnes en retard de paiement, ce qui entraîne à son tour une nouvelle hausse des coûts dans l’ensemble du système de santé.
Afin de pouvoir échapper à l’emprise de la hausse des primes, de plus en plus d’assurés optent pour la franchise maximale. Alors qu’en 2018 il s’agissait de 28,4% des personnes assurées, cette part est montée à 35,4% en 2023. Lorsqu’une prise en charge médicale devient inévitable, cette stratégie engendre toutefois des frais de franchise élevés, que bon nombre d’assurés ne sont pas en mesure de supporter, les entraînant ainsi dans un endettement (encore plus important).
Une nouvelle législation (éventuellement) susceptible d’apporter un remède
Or, certaines dispositions légales ont également contribué jusqu’à présent à créer ou aggraver le problème de l’endettement. Jusqu’en 2023, il était par exemple possible de contraindre les personnes de plus de 18 ans à prendre à leur compte les dettes de leurs parents, résultant de primes d’assurance maladie impayées. Au 1er janvier 2024, cette disposition a été retirée de la Loi sur l’assurance maladie, de sorte que les jeunes adultes ne pourront plus être poursuivis pour les arriérés de primes dus au non-paiement de primes les concernant durant leur minorité.
Un allègement supplémentaire pourrait intervenir à partir de la mi-2025, lorsque les cantons auront la possibilité de prendre en charge les actes de défaut de biens s’ils prennent à leur compte 90% des montants dus à la caisse maladie. Les assurés concernés seraient ainsi libres de dettes et pourraient alors passer dans une caisse maladie plus avantageuse. Il reste à voir si, et dans quelle mesure, les cantons feront usage de cette possibilité. D’autres nouveautés dans la Loi sur l’assurance maladie, destinées à soulager les personnes endettées, concernent la procédure de saisie (minimum vital) et les poursuites.
Vérifier périodiquement sa couverture d’assurance
Une chose est sûre: le problème de la hausse des primes d’assurance maladie, et des situations d’endettement qui en découlent, est appelé à rester un sujet brûlant qui continuera à requérir notre attention et l’apport de solutions. Les stratégies axées sur le long terme, visant à réduire les coûts du système de santé et à maîtriser la flambée des primes d’assurance maladie en Suisse, comprennent notamment l’encouragement de la prévention, la numérisation des procédures dans le secteur de la santé, des réformes structurelles, des incitations financières et un renforcement de la participation des patients. Ces approches demandent cependant des efforts coordonnés de la part des prestataires de services, du monde politique et de la population.
Sur le plan individuel, il existe néanmoins des possibilités de réaliser certaines économies en matière de primes d’assurance maladie. Il s’agit entre autres d’un choix judicieux du montant de la franchise et de la quote-part, ainsi que d’un modèle d’assurance flexible tel que le modèle du médecin de famille, les modèles de télémédecine ou les assurances complémentaires hospitalières flexibles. En outre, il est recommandé de procéder à une évaluation régulière de sa couverture d’assurance et d’accorder celle-ci à ses besoins actuels. Cela permet de mieux gérer les coûts de santé individuels et de réduire le risque d’endettement. Dans cette perspective, il peut aussi être utile de faire appel aux conseils d’un spécialiste.