Plusieurs assureurs automobiles commencent à réaliser une évaluation plus fine des risques individuels de leurs assurés. En tenant compte du comportement au volant des conducteurs concernés, elles veulent qu’à l’avenir, la prime d’assurance puisse être fixée de manière plus juste. Le point délicat de cette démarche, c’est la protection des données.
La numérisation modifie fondamentalement notre façon de vivre - de la manière dont nous communiquons, interagissons et travaillons à celle dont nous organisons nos loisirs et nos déplacements. Parmi les secteurs particulièrement impactés par ces changements figure aussi la branche des assurances, qui s’appuie largement sur les données recueillies.
La transformation technologique en cours offre aux compagnies d’assurance non seulement la possibilité d’atteindre leurs clients à travers divers canaux, mais leur fournit également de nouveaux critères de sélection et leur ouvre de nouvelles voies dans la gestion des sinistres. Dans le domaine automobile, l’emploi de traceurs, de capteurs et d’applis spécifiques permet aux compagnies de proposer des offres d’assurance de plus en plus personnalisées. Une caractéristique centrale de ces offres est le fait que des données individuelles relatives aux risques constituent une base servant à fixer les primes et à définir les prestations assurées. Cette approche personnalisée s’observe depuis plusieurs années déjà, et les récentes technologies telles que l’intelligence artificielle lui ont imprimé un nouvel élan.
Passer d’une évaluation globale à une appréciation individuelle des risques
Des décennies durant, les primes des assurances pour les véhicules à moteur étaient fixées sur la base de critères tels que le sexe, l’âge, la durée de détention du permis de conduire, le type de véhicule, la puissance du moteur et la nationalité. Or, de plus en plus de clients demandent à pouvoir bénéficier d’une prime aussi basse que possible, conforme à leur profil individuel de risque. La transition numérique et la demande des assurés quant à des modèles d’évaluation plus équitables conduisent à des tarifs d’assurance s’appuyant sur le comportement effectif adopté sur la route par les assurés: ‘Pay-as-you-drive’ (PAYD) et ‘Pay-how-you-drive’ (PHYD) représentent des concepts qui ne cessent de gagner en importance.
Dans le cas de Pay-as-you-drive, la prime d’assurance est fixée en fonction des kilomètres parcourus. Moins l’assuré utilise son véhicule, plus le risque d’accident est réduit et de même, la prime qu’il paie. Ce modèle favorise les personnes qui ne se servent que rarement de leur véhicule. En incitant à la réduction du kilométrage, il encourage par ailleurs un comportement plus respectueux de l’environnement. La technologie GPS et les appareils de diagnostic embarqués (en anglais: OBD) permettent aux assureurs d’enregistrer avec précision les kilomètres parcourus et d’ajuster les primes en conséquence.
Dans les modèles de type Pay-how-you-drive, c’est la qualité de la conduite qui est prise en compte. Les dispositifs techniques embarqués enregistrent des facteurs tels que le dépassement des vitesses autorisées, les freinages intempestifs ou les prises de virages risquées. Les données recueillies sont alors prises en compte dans le calcul de la prime d’assurance. Ceci est rendu possible grâce aux technologies télématiques les plus avancées, capables de surveiller et d’analyser le comportement des conducteurs en temps réel. Ceux qui se montrent prudents et prévoyants bénéficient alors de frais d’assurance réduits.
Surveillance pilotée par GPS et applis d’enregistrement télématique
Ces modèles marquent l’abandon de l’évaluation traditionnelle du risque, selon des critères généraux, en faveur de l’adoption d’une approche plus individuelle et juste. Ils tiennent compte du fait que dans un groupe d’automobilistes du même âge et disposant de la même expérience, le risque varie selon les modes de conduite. Les jeunes conducteurs, qui paient souvent des primes élevées en raison de la sinistralité statistiquement élevée de cette tranche d’âge, pourraient notamment y trouver leur compte du moment où ils conduisent de manière sûre et responsable.
Mais les modèles PAYD et PHYD, dont les primes reflètent effectivement le profil individuel de risque, ne constituent pas encore la norme. Ils sont d’une part disponibles chez des fournisseurs opérant dans un créneau restreint (‘Insurtechs’) et d’autre part, auprès de certains assureurs traditionnels qui les proposent en tant qu’offre complémentaire à l’assurance automobile, casco et responsabilité civile. Ce type d’assurance télématique s’adresse principalement aux jeunes conducteurs d’une tranche d’âge se situant entre 17 et 30 ans. Les données sont recueillies au moyen d’une appli ou d’un enregistreur de collisions. À l’avenir, ces modèles devraient cependant s’imposer sur une large échelle, et grâce aux avantages financiers directs incitant à une conduite prudente, contribuer à rendre le trafic plus sûr.
L’introduction des tarifs PAYD et PHYD présente toutefois certains défis. Les inquiétudes qu’elle suscite quant à la protection des données sont un sujet majeur, étant donné que les compagnies d’assurance obtiennent des informations détaillées sur le mode de conduite de leurs clients. En outre, il convient de tirer au clair un certain nombre de questions juridiques afin de pouvoir garantir la protection des données recueillies.
Faire des économies sur les primes, de façon conventionnelle
Mais aujourd’hui, les personnes désireuses de réduire le montant de leurs primes ont déjà plusieurs moyens à leur disposition pour le faire. Le fait d’opter pour une franchise plus élevée, d’abriter sa voiture dans un garage ou de faire réparer son véhicule par un garagiste conventionné peut faire baisser le montant de la prime d’assurance. Nombreux sont les assureurs qui proposent des modèles d’économies de primes, par exemple pour les personnes qui ne roulent que peu de kilomètres par année. Par ailleurs, il est souvent plus avantageux de payer une prime annuelle, plutôt que mensuelle, et de conclure des contrats pluriannuels. Enfin, il convient également de vérifier régulièrement l’état de son assurance automobile et le cas échéant, de demander des offres comparatives à d’autres compagnies d’assurance.