Les prix mondiaux des céréales et oléagineux en recul

AWP

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«L’affaissement est surtout lié à la baisse du pétrole, au bon démarrage de la récolte de blé dans le sud des Etats-Unis et aux très bonnes conditions de culture pour le maïs et le soja américains», estime Sébastien Poncelet, pour France Argus Media.

Après des semaines de hausse, les cours mondiaux des céréales (blé, maïs) et oléagineux (soja, colza) ont reflué, sous l’effet de la chute des prix du pétrole et d’excellentes conditions de culture aux Etats-Unis.

Les cours du blé tendre ont baissé, de la Bourse de Chicago au marché européen, s’échangeant mercredi après-midi sur Euronext autour de 255 euros la tonne sur l’échéance de septembre (la plus rapprochée), dix euros de moins qu’il y a une semaine.

«L’affaissement des prix est surtout lié à la baisse du pétrole, au bon démarrage de la récolte de blé dans le sud des Etats-Unis et aux très bonnes conditions de culture pour le maïs et le soja américains», estime Sébastien Poncelet, analyste pour France Argus Media (cabinet Agritel).

«La forte chute du pétrole - au plus bas depuis quatre mois - pèse par sympathie sur tout l’univers des matières premières, y compris les céréales et surtout les oléagineux», a-t-il indiqué.

Le colza notamment, dont la graine pressée donne une huile largement transformée en agrocarburant, est repassé mercredi sous les 470 euros la tonne après être grimpé à plus de 490 euros fin mai.

Dans les plaines américaines, les conditions de culture pour le maïs sont «bonnes» ou «excellentes» dans 75% des surfaces de maïs, selon le dernier rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Agriculture. C’est le meilleur ratio depuis 2021 pour une première publication de la saison.

Dès lors, pour Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, «il n’y a pas beaucoup de nouvelles positives (en faveur d’une hausse des prix, ndlr) pour le maïs».

Toutefois, les cours du grain jaune américain restent soutenus par des «retards de semis» dans l’Illinois, l’Indiana et l’Iowa, selon Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

L’analyste voit aussi comme élément favorable aux prix une potentielle perte de surfaces en maïs, «du fait de conditions trop humides, en particulier à l’est du Mississippi, ce qui va bénéficier au soja».

«Foire d’empoigne»

Si le marché a semblé faire «une pause» dans la remontée des cours céréaliers initiée en avril, elle pourrait être remise en cause par plusieurs éléments: le retour des acheteurs sur la scène internationale et l’inquiétude persistante pour la récolte de blé russe.

En Russie, premier exportateur mondial de blé, la succession d’une période de sécheresse, puis de gel et le retour actuel d’une météo chaude et sèche, a déjà conduit le gouvernement à réviser ses prévisions de production, tablant désormais sur 132 millions de tonnes de céréales (contre 146 Mt estimées en avril) pour 2024.

«On annonce des températures de plus de 30°C avec beaucoup de vent, le fameux Soukhoveï», un vent chaud desséchant qui souffle dans les steppes de la partie européennes de la Russie et du Kazakhstan, «redouté par les agriculteurs des plaines du sud», précise Sébastien Poncelet.

L’offre mondiale de blé décline et les stocks mondiaux devraient finir en baisse à l’issue de la prochaine campagne (2024/25) pour la cinquième saison consécutive, au plus bas depuis 2015/16.

«Jusqu’ici, le marché n’y prêtait pas attention, parce que la Russie restait sur deux belles récoltes et déversait des volumes record à l’export à des prix bas. Mais si cette source se trouve menacée, le marché commence à se préoccuper de la réduction de l’offre d’autres producteurs», analyse Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX.

Si la Russie décide de restreindre ses exportations, prévient-il, «cela va être la foire d’empoigne pour trouver du blé, en particulier si l’Inde recommence à importer cette année».

Autre facteur de soutien: le retour cette semaine des grands acheteurs, avec deux appels d’offres importants de l’Egypte et de l’Algérie.

L’Egypte a acheté 470'000 tonnes de blé à différents exportateurs (Roumanie, France, Ukraine et Bulgarie), excluant la Russie. «Les négociations ont été intenses, les prix abaissés pour finir en dessous de l’offre russe», qui était pour la moins chère à 306 dollars la tonne fret compris, a indiqué Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

L’Algérie, a-t-il précisé, a acheté une énorme quantité de blé, «environ 800'000 tonnes, qui seraient essentiellement d’origine mer Noire».

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