La semaine des élections européennes

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Le renouvellement d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne est le scénario le plus probable et assurera la continuité des décisions européennes.

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Les élections européennes auront lieu les 6 et 9 juin prochains. Le renouvellement d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne est le scénario le plus probable et assurera la continuité des décisions européennes. Le nombre de sièges des trois partis formant la coalition actuelle (libéraux de Renew, sociaux-démocrates du S&D et conservateurs de l'EPP) devrait passer de 419 sur 705 à 407 sur 720, une majorité confortable.
Les partis d'extrême droite devraient fortement renforcer leur présence au Parlement européen. En France, le Rassemblement national de Marine Le Pen pourrait devenir le parti dominant avec environ 33% des voix, loin devant le parti Ensemble du président Emmanuel Macron avec environ 15%. En Italie, les Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni pourraient atteindre 28%, tandis que l'AfD, parti d'extrême droite, devrait obtenir la deuxième plus grande part des voix en Allemagne, avec environ 17%, derrière le parti de centre-droit CDU/CSU (30%), mais devant le parti SPD du chancelier Olaf Scholz (15%).

Néanmoins, cela ne remet pas en cause la possible fin de l’Union Européenne (UE) car leur positionnement a changé. Mme Le Pen a abandonné ses appels à quitter l'UE il y a plus de cinq ans, l'exemple du Brexit est largement perçu comme un échec et Meloni s’est rapproché du centre-droit concernant le soutien à l’UE, à l’Ukraine et à l’OTAN. Les exceptions à cette tendance sont le AfD allemand et le FPÖ autrichien.

L’impact de ces élections politiques européennes resterait donc limité pour les investisseurs, sauf si les intentions de vote ne se matérialiseraient pas, ce qui rendrait alors attractif d’investir… en Suisse!

Dans ce contexte, les actions européennes restent attractives. L'écart de performance avec les Etats-Unis a atteint un plus bas. Le différentiel de marge d'Ebitda entre le S&P500 et le Stoxx600 a augmenté de 240 à 300 points de base. La décote de valorisation des valeurs européennes par rapport à leurs homologues américaines a ainsi atteint 35% fin mai, contre une moyenne historique à 18% et un plus bas à 38%, touché en février. A cela, s’ajoute la très probable baisse par 25 points de base des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne ce jeudi. 

La continuité des décisions européennes bénéficiera en particulier à 3 secteurs. Les semi-conducteurs profiteront du déploiement de l'European Chip Act, qui engage 43 milliards d'euros de soutiens financiers publics et privés. Les valeurs de la défense pourrait profiter d’une augmentation du budget européen en raison du conflit ukrainien. Enfin, les groupes de services publics liés aux réseaux électriques devraient continuer à être soutenus en raison de la priorité donnée à la sécurité énergétique. Cette continuité impliquerait aussi une moindre visibilité sur le développement de la voiture électrique, ce qui pèsera sur le secteur automobile. Enfin, le secteur européen aéronautique continuera de lutter contre des vents contraires, en particulier les exigences de décarbonation et une fragmentation trop importante - 80% du trafic est assuré par 28 compagnies aériennes, contre seulement 7 aux États-Unis.

L’impact de ces élections politiques européennes resterait donc limité pour les investisseurs, sauf si les intentions de vote ne se matérialiseraient pas, ce qui rendrait alors attractif d’investir… en Suisse!

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