Le retour des small-mid caps européennes!

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Pour la première fois depuis quinze ans, les actions de petite et moyenne capitalisation se négocient avec une décote si l’on observe les prix rapportés aux bénéfices.

La saison des résultats a été globalement positive. Désormais, les valorisations sont les principaux points d’attention. Les entreprises devront donc les justifier par des nouvelles hausses des bénéfices. Cela est particulièrement le cas pour les petites et moyennes capitalisations.

En Europe, les actions de petite et moyenne capitalisation se négociaient traditionnellement avec une prime par rapport aux grandes capitalisations en raison de leur potentiel de croissance. Pour la première fois depuis quinze ans, elles se négocient avec une décote si l’on observe les prix rapportés aux bénéfices. Elles se trouvent ainsi dans la partie inférieure de la fourchette de valorisation, tant par rapport à leur propre historique que par rapport aux actions de plus grande capitalisation boursière. Par ailleurs, la croissance des bénéfices et du chiffre d’affaires des petites capitalisations européennes s’est avérée très solide. Au cours des cinq dernières années, le chiffre d’affaires et les bénéfices ont ainsi augmenté de plus de 10% par an. Cela dépasse nettement les résultats des «grandes» entreprises.

Ce phénomène s’observe également pour les petites entreprises américaines. En effet, alors que la performance des marchés boursiers en 2023 a été tirée par les grandes capitalisations - en particulier les grandes entreprises technologiques - les entreprises à petite capitalisation sont restées à la traîne. Si l’on se réfère au S&P Small Caps 600, les petites valeurs se négocient aux États-Unis avec une décote du PER de plus de 40% par rapport au S&P 500.

En Europe comme aux Etats-Unis, ces faibles valorisations sont une opportunité pour l’investisseur. En effet, les «smid caps», que nous définissons comme des entreprises dont la capitalisation boursière est inférieure ou égale à 10 milliards d’euros, se trouvent souvent dans une phase plus précoce de leur cycle de vie que les entreprises à forte capitalisation boursière et disposent donc également d’une plus grande marge de croissance.

Historiquement, les entreprises à petite ou moyenne capitalisation boursière parviennent à s’imposer face aux grandes capitalisations. Entre 2004-2019, les petites capitalisations ont ainsi enregistré un rendement annuel moyen de 8,3% sur la période considérée, contre 7,8% pour les moyennes capitalisations et 6,8% pour les grandes capitalisations. La situation a toutefois changé entre 2020 et 2023 après la crise du COVID en raison de quatre facteurs: les restrictions sur l’offre, la crise du COVID, l’inflation et le choc des taux d’intérêt. Des facteurs dont les effets s’estompent progressivement.

Ces facteurs ont conduit à des craintes de récession et à un environnement de taux élevés. Les smid caps sont considérées comme plus sensibles à la conjoncture que les large caps en raison de leur modèle d’entreprise plus concentré et de leur moindre diversification géographique. Par ailleurs, les petites capitalisations ont particulièrement tendance à sous-performer en période de hausse des taux d’intérêt, car le resserrement des conditions de crédit entraîne une augmentation plus rapide du coût du capital des petites capitalisations en raison de leur risque plus élevé que celui des grandes capitalisations.

Nous sommes désormais plus positifs sur les petites et moyennes capitalisation. Les taux diminueront graduelle et le risque de récession a significativement diminué. La croissance sera plus importante l’an prochain, notamment en Europe. Au sein des petites et moyennes capitalisations, il convient désormais d’être plus sélectif et prioriser la qualité. Nous investissons ainsi sur les petites et moyennes capitalisations européennes faiblement endettés, avec un rendement élevé des capitaux propres et une valorisation attractive. De quoi bien aborder l’été!
 

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