Le «Swiss finish», une charge pour la place financière

Yves Hulmann

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Sergio Ermotti, le directeur d’UBS, plaide en faveur d’une réglementation plus mesurée et davantage prévisible.

©Keystone

Quel bilan peut-on tirer dix ans après la crise financière? Pour Sergio Ermotti, directeur d’UBS, il est important de savoir tirer les leçons du passé – mais en le faisant de manière «équilibrée». L’occasion pour le Tessinois de rappeler que le secteur bancaire contribue à quelque 10% de la valeur ajoutée de l’économie helvétique et qu’un tiers du personnel d’UBS est employé en Suisse. 

Si les banques ont bien sûr eu leur part de responsabilité dans la crise financière, le directeur d’UBS depuis 2011 a aussi rappelé que les interventions effectuées en Suisse ont été très inférieures à celles réalisées dans les pays voisins. Les mesures de soutien apportées aux banques exprimées en pourcentage du PIB de chaque pays ont été inférieures à 10% en Suisse, comparé à 18% en France, à 22% en Allemagne et alors qu’elles ont même dépassé les 80% aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. En outre, à l’issue de l’intervention chapeauté par la BNS en 2008, l’Etat helvétique en a même retiré un gain.

Les rendements des obligations d’UBS évoluent de manière
entièrement différente des emprunts de la Confédération.

Il a aussi pourfendu l’idée selon laquelle les grandes banques dites «trop grandes pour faire faillite» bénéficieraient encore d’une garantie implicite de l’Etat. Selon Sergio Ermotti, la meilleure preuve en est le fait que les rendements des obligations de la grande banque évoluent de manière entièrement différente des emprunts de la Confédération.

Faut-il voir dans son discours une critique de toute forme de réglementation? Sergio Ermotti s’en est défendu mardi. S’il soutient le fait qu’il est nécessaire de disposer de règles strictes pour les banques, celles-ci doivent rester sensées et adaptées.

L’occasion pour le directeur d’UBS de s’opposer au cadre réglementaire additionnel mis en place en Suisse pour encadrer le secteur, souvent décrit sous le terme de «Swiss finish». « Auparavant un gage de qualité, le Swiss finish est devenu une charge pour la place financière», a déploré Sergio Ermotti, qui s’exprimait mardi à Zurich dans le cadre d’un événement organisé par le Swiss Finance Institute. 

«La place financière a besoin de prévisibilité
et non pas de nouvelles règles toutes les deux ou trois années.»

«Aujourd’hui, la place financière a besoin de prévisibilité et non pas de nouvelles règles toutes les deux ou trois années», a-t-il souligné. En outre, selon lui, les régulateurs regardent souvent dans le rétroviseur alors que les crises ne sont jamais les mêmes. Or, estime-t-il, la prospérité ne s’obtient pas grâce à la peur. «La place financière doit au contraire investir dans son avenir, car celui qui recule finit par perdre», prévient-il.

Comprend-il la méfiance qui subsiste envers le secteur financier suite à la crise de 2008? Oui, souligne Sergio Ermotti. Toutefois, «l’alarmisme est inutile», juge-t-il. En outre, si de nouvelles règles sont mises en place pour encadrer le secteur financier, il faut moins qu’elles soient décidées et appliquées sur le plan international.

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