USA vs Chine: l’impact sur les matières premières

Norbert Rücker, Julius Baer

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La chute des prix du gaz naturel en Europe depuis le début de la semaine dernière est liée aux préoccupations économiques croissantes, mais pas seulement.

 

C’est une nouvelle journée de turbulences. Dans le cadre de la vente massive des marchés des matières premières, le gaz naturel européen semble être le plus sous pression. Les prix ont baissé d’environ 20% depuis le début de la semaine dernière. Les préoccupations économiques et les perspectives de ralentissement de la croissance, et donc de la demande d’énergie, sont une explication évidente. Toutefois, sur ce marché hautement interconnecté, d’autres facteurs entrent en jeu.

Les niveaux de stockage se rétablissent bien plus rapidement que prévu après les creux de la fin de la saison de chauffage. Les inquiétudes concernant le remplissage à temps des faibles niveaux de stockage cet été disparaissent. Grâce à l’abondance des énergies renouvelables, à la baisse de la consommation de gaz pour la production d’électricité et à la vigueur des importations en provenance de l’étranger, les niveaux de stockage de la France, par exemple, sont déjà de nouveau supérieurs à la norme saisonnière.

Il y a aussi la perspective mondiale. Les importations de gaz naturel de la Chine à l’étranger sont faibles en raison de l’abondance des sources d’énergie domestiques, y compris les énergies renouvelables et le charbon. Le différend commercial freine par ailleurs la demande d’importation et entraîne un détournement des navires chargés aux Etats-Unis de la Chine vers l’Europe. Dans le même temps, de nouveaux terminaux en Amérique du Nord augmentent les exportations, ce qui accroît les volumes disponibles.

Le marché mondial du gaz naturel est devenu un marché d’acheteurs où les vendeurs sont à nouveau en concurrence avec les acheteurs, ce qui est très différent de ce qui se passait il y a seulement quelques années. En outre, les exportations de gaz naturel, au même titre que le pétrole et les produits agricoles, sont l’un des moyens de combler le déficit commercial des Etats-Unis. Cependant, les acheteurs occidentaux, y compris l’Europe, connaissent une baisse structurelle de la demande, et la baisse des prix exerce une pression sur la valeur de négoce.

Comme souvent, l’appel de l’administration Trump à l’Europe pour qu’elle achète plus de gaz américain ne tient pas compte des réalités du marché actuel. Nous prévoyons une baisse plus importante, car l’offre devrait continuer à augmenter en Europe au-delà de la tendance saisonnière, et l’humeur du marché a encore de la marge pour se calmer par rapport aux niveaux excessivement haussiers de l’hiver dernier. Nous avons réduit nos prévisions à trois mois à 27,5 euros, contre 35 euros en début de semaine. Compte tenu de la vente massive en cours, nous nous passons d’un avis baissier à un avis prudent et abaissons nos stop-loss pour les recommandations de trading encore ouvertes.

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