Une route moins sinueuse pour le secteur automobile européen?

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management Suisse

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Après une saison des résultats des secteurs cycliques des plus robustes, quelles perspectives pour le secteur automobile?

Reprise économique et secteurs cycliques

Depuis l'annonce d'un vaccin contre la COVID-19 en novembre 2020 jusqu’à la période d’avril-mai 2021, les conditions économiques ont été favorables aux secteurs cycliques. La vaccination a permis d’espérer une large réouverture de l'économie, soutenue par une politique budgétaire favorable.

Depuis mai, les cas de COVID-19 ont toutefois recommencé à augmenter, principalement en raison du variant Delta déclenchant une consolidation des titres cycliques.

En outre, la baisse des rendements obligataires a sans doute favorisé les valeurs de croissance au détriment des valeurs cycliques ces derniers mois, le rendement du 10 ans américain étant passé d'un sommet de 1,74% début avril à moins de 1,20% début août. Les débats des membres de la Fed sur la réduction des achats d’obligations pourraient toutefois susciter une nouvelle hausse des taux américains d'ici la fin de l'année. Depuis le plancher atteint début août, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans se stabilise autour des 1,30%. 

Le contexte reste donc attrayant pour les valeurs cycliques, qui bénéficient d’une reprise économique mondiale appuyée par la politique budgétaire en Europe et aux Etats-Unis.

LE SECTEUR AUTOMOBILE SOUTENU PAR LA FORTE DYNAMIQUE DES BÉNÉFICES

Le secteur automobile européen devrait profiter fortement de la reprise économique. Les bénéfices à 12 mois de l'indice Stoxx 600 Automobile and Parts ont rapidement rebondi depuis le creux de juillet 2020, pour atteindre de nouveaux sommets durant l’été. La saison de publication des résultats du deuxième trimestre a été particulièrement robuste pour les constructeurs automobiles, leurs perspectives de bénéfices à 12 mois ayant été révisées à la hausse de 10 % entre le 1er juillet et le 9 août.

La pénurie de puces semi-conductrices pourrait coûter aux constructeurs automobiles internationaux jusqu'à 110 milliards de dollars en 2021.

De fait, la performance de 23% enregistrée par l'indice Stoxx 600 Automobile and Parts depuis le début de l'année s'explique en grande partie par la croissance des bénéfices, tandis que les valorisations restent raisonnables. L'indice se négocie actuellement à 7,5 fois ses bénéfices à 12 mois, à des niveaux qui prévalaient avant la pandémie.

LE SECTEUR AUTOMOBILE ET LA PÉNURIE DE SEMI CONDUCTEURS

La pénurie de semi-conducteurs n’a pas épargné l’industrie automobile. Sachant qu'une voiture moderne peut être composée d’entre 500 et 2’000 semi-conducteurs, on imagine aisément les retards conséquents dans les livraisons de véhicules liés à ce déséquilibre entre l’offre et la demande. Selon le cabinet de conseil AlixPartners, la pénurie de puces semi-conductrices pourrait coûter aux constructeurs automobiles internationaux jusqu'à 110 milliards de dollars en 2021.

Le problème pourrait toutefois commencer à se résorber en 2022, permettant d’accroître la capacité de production dès l'année prochaine. Pour cette année, il convient de noter que la pénurie de semi-conducteurs n’a pas empêché les constructeurs automobiles européens de déclarer de solides résultats trimestriels.

LA VAGUE DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES

A moyen terme, la transition vers les véhicules électriques (VE) constitue un facteur de soutien pour l'industrie automobile. Alors que ce segment est encore dominé par Tesla, les constructeurs automobiles européens tels que Volswakgen ou Stellantis rivalisent de nouvelles initiatives pour pénétrer rapidement le marché des véhicules électriques à batterie (VEB). Volkswagen a par exemple dévoilé en mars 2021 sa stratégie «Accelerate», visant à faire passer la part des voitures entièrement électriques à 70% de ses ventes sur le marché européen. Pour y parvenir, Volkswagen investira environ 16 milliards d’euros dans l'e-mobilité, l'hybridation et la numérisation. Stellantis, née de la fusion de Fiat Chrysler Automobile et du Groupe PSA, a organisé une journée consacrée aux véhicules électriques en juillet de cette année. La société prévoit d’investir 30 milliards d’euros dans l'électrification au cours des 4 prochaines années, partiellement compensés par des mesures d'efficacité. D'ici 2030, 80% des véhicules construits par Stellantis devraient être entièrement électriques, offrant une autonomie comprise entre 500 à 800 km.

Après quelques années difficiles, le secteur automobile semble promis à un bel avenir grâce aux véhicules électriques, laissant espérer des marges plus confortables tout en répondant aux normes d’émissions de gaz à effet de serre indispensables à la lutte contre le réchauffement climatique.

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