Faut-il revenir sur les actions britanniques?

Vincent Manuel, Indosuez Wealth Management

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Même si le Royaume-Uni vaccine plus rapidement que ses voisins, le premier trimestre pourrait faire apparaître une contraction plus importante du PIB.

Le Royaume-Uni reste une terre de paradoxes. En ce début d’année, les marchés actions d’outre-Manche ont connu une embellie importante, au-delà des actions européennes, et ce en dépit d’une accélération sans précédent de la pandémie de COVID-19 due au nouveau variant. 

Ce paradoxe résume bien le dilemme des investisseurs qui se repenchent sur le cas des actions britanniques une fois passée l’incertitude du Brexit. Car il y a en effet de bonnes raisons de s’intéresser aux actions britanniques malgré la pandémie qui peut freiner l’appétit des investisseurs.

Le marché UK constitue une façon intéressante de jouer
le rebond des thématiques cycliques et des secteurs «value».

Premièrement, les actions britanniques s’échangent à des niveaux de valorisation plus attractifs que leurs homologues d’Europe continentale, et traitent avec une décote d’environ 35% par rapport aux actions américaines, un niveau deux fois plus élevé que la moyenne des deux dernières décennies. Cette décote s’explique en partie par la composition sectorielle de l’indice FTSE 100, mais même en neutralisant les écarts sectoriels ce marché reste attractif. 

Deuxièmement, le marché UK constitue une façon intéressante de jouer le rebond des thématiques cycliques et des secteurs dits «value» qui représentent 40% du FTSE 100. Dans un contexte de remontée des prix des matières premières et de remontée des taux longs US, le marché britannique est bien positionné pour tirer parti du rattrapage attendu de la «value». Ces valeurs cycliques sont d’ailleurs parfois des valeurs très globales et davantage sensibles aux cours des matières premières et aux niveaux de taux qu’à la tendance de l’économie britannique. C’est ce qui s’est produit la semaine dernière: la remontée du taux 10 ans américain et du pétrole a conduit le marché UK à monter de 6% en 3 jours. 

Troisièmement, le marché britannique recèle un gisement important de petites et moyennes valeurs dont certaines sont très bien positionnées sur les secteurs innovants. Ce n’est pas étonnant quand on songe que le Royaume-Uni a opéré simultanément une forte digitalisation de son économie (c’est le marché publicitaire le plus digitalisé d’Europe, et le pays compte deux fois plus de «licornes» que l’Allemagne) et une transformation importante de son mix énergétique (la part du charbon dans la production d’électricité est passée d’environ 30% à moins de 3% en une décennie).

La devise britannique est loin d’avoir recouvré son niveau d’avant Brexit.

Enfin la devise est un point à appréhender pour les investisseurs internationaux. En amont de la résolution de l’accord avec l’Union européenne à la veille de Noël, le niveau de la livre sterling offrait un point d’entrée attractif. C’est moins évident aujourd’hui, surtout si la croissance économique britannique devait souffrir davantage au premier trimestre; mais la devise britannique est loin d’avoir recouvré son niveau d’avant Brexit.

Certes, les investisseurs doivent rester attentifs aux facteurs de risques propres à l’économie britannique et aux secteurs qui sont bien représentés dans les indices actions. Même si le Royaume vaccine sa population plus rapidement que l’Europe continentale, le premier trimestre pourrait faire apparaître une contraction plus importante du PIB. Par ailleurs, l’accord commercial ayant mis de côté le sujet central des services, les incertitudes sont encore importantes sur le devenir de la relation à l’UE. Ensuite, la livre pourrait être vulnérable à court terme en réponse à la situation macroéconomique et aux décisions de politique monétaire. Enfin, en cas de retour vers les valeurs défensives et la technologie américaine, les actions britanniques pourraient sous performer.

Mais au global, les niveaux de valorisation et la composition sectorielle du marché offrent une asymétrie positive aux investisseurs capables de regarder au-delà des perturbations à court terme.

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