Une reprise toujours inégale en Chine

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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En retard sur la reprise actuelle de l’industrie mondiale, le Japon voit finalement sa situation s’améliorer.

Le redressement de l’économie chinoise s’est poursuivi au deuxième trimestre, même si les statistiques de juillet témoignent d’une reprise toujours inégale, surtout portée par un secteur industriel subventionné par l’Etat. La croissance de l’investissement, en particulier, venait avant tout de projets immobiliers et de grands travaux menés par des entreprises publiques, la demande du secteur privé restant atone. En outre, la consommation est restée timide, juillet affichant encore une contraction des ventes de détail. Outre les aides de l’Etat, le commerce extérieur représente un important pilier de l’économie chinoise cette année, le pays bénéficiant d’une forte demande de produits d’exportation, comme l’équipement médical ou des biens nécessaires au télétravail comme les ordinateurs et les téléphones mobiles. Nous pensons que la reprise restera modérée à l’avenir sachant que les pouvoirs publics s’efforcent de diminuer les mesures de relance, en particulier dans l’immobilier. Le principal risque pour la croissance économique chinoise réside dans les tensions avec les Etats-Unis. Dans le contexte d’un sentiment antichinois croissant en Occident, le gouvernement appelle à un modèle de «double circulation» mettant l’accent sur l’autosuffisance de la demande et de l’offre de biens technologiques. La Chine avait déjà entamé un rééquilibrage de son économie vers la consommation intérieure au détriment des exportations, une tendance que devrait encore accentuer la situation actuelle.

L’inflation totale de juillet est passée de 2,5% à 2,7% sous l’effet d’une hausse des prix alimentaires due aux perturbations de transports suite aux inondations dans le centre et le sud du pays, mais l’inflation sous-jacente (hors alimentaire et énergie) est tombée à son plus bas depuis 2010, signe d’une demande toujours faible. La reconstitution des stocks de porcs devrait tirer l’inflation totale à la baisse ces prochains mois.

L’industrie automobile va mieux au Japon

En retard sur la reprise actuelle de l’industrie mondiale, le Japon voit finalement sa situation s’améliorer. Comme l’Allemagne, la lenteur de son redressement venait sans doute de son exposition à l’automobile. Contrairement aux ventes de détail, les ventes d’automobiles étaient encore très en deçà des niveaux pré-crise à la fin du deuxième trimestre dans tous les grands pays. Pendant la crise, de nombreux constructeurs ont réagi en fermant des lignes de production entières. La production de véhicules fut donc le segment industriel le plus touché par la crise au Japon, la production chutant en mai à 50% de ses niveaux d’avant la crise. En juin, elle remontait à 60%, avant que les exportations d’automobiles n’enregistrent en juillet une croissance corrigée des variations saisonnières d’environ 40% sur un mois. Malgré cette amélioration, les indices des directeurs d’achats laissent toujours prévoir une reprise de l’industrie moins franche au Japon qu’ailleurs. La consommation ayant bien résisté grâce à des mesures de restriction très limitées, le Japon a subi la chute du PIB la moins marquée du monde industrialisé au deuxième trimestre. L’allocation de 100’000 yens par résident a aussi atténué l’impact sur la consommation. Toutefois, la consommation privée, affectée par l’atténuation des mesures budgétaires et les risques accrus sur le marché du travail, qu’illustre l’effondrement du nombre d’emplois par demandeur, pourrait souffrir davantage au cours des derniers mois de l’année.

La normalisation de l’activité a accéléré l’inflation dans des secteurs comme la culture, les loisirs, l’ameublement ou les biens de consommation. Face à une hausse des prix jusqu’en juillet un peu plus nette que prévu, nous avons relevé notre estimation d’inflation 2020 de 0,1% à 0,2%. Les pressions inflationnistes devraient toutefois rester contenues jusqu’en 2021 du fait du recul des salaires nominaux et d’un yen relativement fort.

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