Un sommet européen décisif

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Les indicateurs se stabilisent, les pays européens les moins touchés par le COVID-19 étant les mieux placés pour une reprise en U au second semestre.

© Keystone

De la Sicile à la Finlande, l’Europe se remet de sa plus grave récession depuis des décennies. Les indicateurs économiques se stabilisent ou s’améliorent, les pays européens les moins touchés par le COVID-19 étant les mieux placés pour une reprise en U au second semestre. Pourtant, malgré ce redémarrage graduel, le chômage et les faillites d’entreprises devraient encore augmenter jusqu’à l’an prochain, voire au-delà. Notre propre estimation de baisse du PIB réel en 2020 reste moins pessimiste que pour la plupart de nos confrères puisque, sur les 29 établissements formant le consensus ce mois-ci, deux seulement se montraient un peu plus optimistes que nous. L’écart entre les prévisions annoncées semble relativement faible concernant la baisse attendue de la production au deuxième trimestre, mais important quant aux perspectives de reprise au troisième trimestre. Pour que notre scénario de base puisse se réaliser, tout reconfinement éventuel devra se limiter strictement aux nouveaux foyers d’infection. Si une deuxième vague submergeait le système de santé européen, l’économie stagnerait pendant plusieurs trimestres. S’il revenait aux Etats membres de combattre l’épidémie, ce sont les institutions européennes qui devront contrer ses conséquences économiques. Pour ce faire, un accord sur le plan de relance lors du sommet extraordinaire des 17 et 18 juillet sera indispensable.

Analyser les tendances inflationnistes européennes de la crise actuelle n’est pas aisé. Les chiffres préliminaires de juin ont fortement surpris dans les deux sens : si nous avions sous-estimé l’inflation allemande, l’inflation française s’est avérée bien inférieure aux attentes. Depuis mars, les offices de statistiques nationaux font état de difficultés à recueillir les prix des biens, et encore plus des services, dont l’offre était provisoirement suspendue.

Les détails montrent que notre erreur d’appréciation
résidait principalement dans l’activité du BTP.
La reprise a commencé en Suisse

La publication des chiffres du PIB suisse du premier trimestre (il y a une éternité, donc) avait entraîné une révision en baisse de nos prévisions pour l’année 2020. Le PIB réel du premier trimestre s’est contracté de 2,6% en séquentiel, davantage que notre projection de -2,1%. Les détails montrent que notre erreur d’appréciation résidait principalement dans l’activité du BTP. Pourtant, les représentants du secteur annoncent toujours des carnets de commandes pleins et une part de salariés en chômage partiel passée de 10% en avril à 5% en mai. Les trois grandes étapes de réouverture de l’économie depuis mai ont permis à l’activité intérieure de repartir rapidement. D’après les statistiques à haute fréquence du Centre de recherches conjoncturelles KOF, la mobilité de la population suisse aurait totalement retrouvé ses niveaux d’avant la crise. Par rapport aux autres prévisionnistes, nous restons optimistes pour l’activité économique du second semestre. La Suisse devrait être bénéficiaire nette du choix limité de destinations des touristes européens cet été. Le recul des prix à la consommation suppose une augmentation du salaire réel de la plupart des ménages helvétiques, un effet qui avait stabilisé la demande intérieure après le choc monétaire de 2015 et qui devrait soutenir la consommation cette année encore. La récession de 2020 se ressentira toutefois fortement sur les prochaines statistiques économiques : nous prévoyons pour les prochains mois une hausse du chômage et des faillites dans les secteurs les plus touchés par la crise.

L’inflation annuelle devrait rester négative jusqu’au début de 2021. A -1,3%, la variation annuelle des prix à la consommation a atteint son plus-bas cyclique en mai. Notre vision plus optimiste de la reprise de l’économie en 2020 pourrait expliquer le fait que notre projection d’inflation annuelle de 0,6% en 2021 distance nettement l’estimation du consensus.

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