Chômage: la réforme paie en France

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La confiance des ménages ne cesse de s’améliorer depuis 12 mois, gage d’une demande intérieure privée soutenue. En Allemagne, l’inflation devrait atteindre son plus-haut depuis avril 2019.

Le PIB réel brut s’est contracté de 0,1% au dernier trimestre 2019, en raison avant tout de la chute des stocks. De ce fait, la croissance «héritée» ou le taux de croissance annuel de 2020 si les taux de croissance trimestriels étaient nuls cette année, est tombée à 0,2%. Selon nous, un rebond de la composante des stocks profitera à la croissance au premier semestre. Entre-temps, les services et les produits de luxe français pourraient pâtir de l’érosion de la demande due aux incertitudes autour du coronavirus. L’impact net de tous ces facteurs sera légèrement négatif selon nous, d’où la révision en baisse de notre estimation de croissance du PIB pour l’année de 1,0% à 0,9%. 

Nous laissons nos prévisions d’inflation inchangées
sachant que la baisse des cours pétroliers n’a qu’un effet limité en France.

Plus encourageante était la poursuite du recul du taux de chômage au dernier trimestre 2019. A 7,9%, il est au plus bas depuis 2008. Les réformes du marché du travail menées par le président Macron et par son prédécesseur François Hollande auraient donc porté leurs fruits. Le sentiment économique mesuré par la Banque de France se serait amélioré en février après avoir temporairement souffert des grèves en décembre 2019. La confiance des ménages ne cesse de s’améliorer depuis 12 mois, gage d’une demande intérieure privée soutenue. Contrairement à 2019, le FMI prévoit une contribution budgétaire à la croissance française négative en 2020. Si le choc externe du coronavirus s’avérait plus dur qu’attendu, des mesures budgétaires de soutien aux entreprises ne seraient toutefois pas exclues.

Nous laissons nos prévisions d’inflation inchangées sachant que la baisse des cours pétroliers n’a qu’un effet limité en France en raison du poids des taxes sur les prix finaux du fioul et de l’essence. Même si le recul des prix de l’énergie atténuait un peu l’inflation totale, il serait neutralisé par le renchérissement des importations d’autres biens induit par la faiblesse de l’euro.

La reprise est encore reportée en Allemagne

Les prévisions de février de Consensus Economics Inc. soulignent l’incertitude qui pèse sur la première économie européenne. Les analystes interrogés évaluent la croissance réelle annuelle du PIB allemand entre 0,2% et 1,4% pour 2020, dénotant un écart exceptionnel entre les 27 établissements participants. Notre estimation de 0,5% nous classe dans le quintile le plus prudent. Elle s’élevait précédemment à 0,6% et nous l’avons abaissée pour intégrer l’effet négatif du coronavirus sur la croissance du premier trimestre. 

L’absence de volonté politique semble de plus en plus
constituer un frein supplémentaire au sentiment économique.

Les indicateurs de sentiment économique ne reflètent pas encore tout l’impact de l’épidémie et nous pensons que la timide reprise de l’industrie allemande en sera suspendue, au moins provisoirement. L’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier devrait donc rester en zone de contraction quelques mois encore. D’après la dernière enquête Ifo, les prévisions des entreprises tertiaires et commerciales auraient reculé en février. Si le coronavirus ne dure pas, l’économie allemande pourrait connaître une reprise en V au second semestre 2020 grâce au bas niveau des stocks manufacturiers mondiaux. Nous pensons toutefois que la croissance inférieure au potentiel et l’incertitude marquée pour les entreprises tireront progressivement le chômage à la hausse cette année. Alors que l’Allemagne jouit d’une vaste marge de manœuvre budgétaire, l’absence de volonté politique semble de plus en plus constituer un frein supplémentaire au sentiment économique.

L’inflation totale annuelle devrait atteindre 1,7% en février, son plus-haut depuis avril 2019, lorsqu’elle avait temporairement dépassé 2%. Notre scénario de base suppose que l’inflation de février sera la plus élevée de tout notre horizon de prévisions, jusqu’à fin 2021. Elle devrait selon nous retomber en dessous de 1% entre avril et octobre 2020.

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