La baisse du brut a son revers aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le net recul des prix du pétrole se ressentira davantage sur l’inflation totale des Etats-Unis que pour d’autres pays développés.

©Keystone

Les Etats-Unis sont l’unique économie épargnée par la révision en baisse de nos prévisions de croissance due au coronavirus : au moment de la rédaction, l’épidémie y est restée contenue à ce jour, son effet le plus négatif devrait provenir des perturbations (a priori temporaires) des chaînes d’approvisionnement, et les exportations vers la Chine représentent une infime part du PIB (environ 0,6%). La chute des prix du pétrole qui résulte de l’effondrement de la demande chinoise aura des bons et des mauvais côtés: si elle accroît les problèmes d’une industrie du schiste déjà à court de liquidités, et conforte notre opinion, divergente du consensus, selon laquelle l’investissement ne repartira pas en 2020, les ménages américains seront en revanche sensiblement soulagés par la baisse des prix à la pompe. Cycliquement, le pays reste selon nous en phase légèrement descendante, comme l’atteste une prévision de croissance légèrement inférieure au potentiel (1,7%) pour 2020. L’année a mal commencé, avec un ralentissement des ventes de détail et un recul de la production industrielle dû en partie aux déboires du Boeing 737 MAX. Les résultats des enquêtes sont mitigés, les bons chiffres régionaux s’opposant au recul de l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier de Markit en février. Le PMI des services a chuté à 49,5, atteignant son plus bas niveau en plus de six ans.

Le net recul des prix du pétrole se ressentira davantage sur l’inflation totale des Etats-Unis que des autres pays développés en raison du dollar fort et de prix à la pompe plus sensibles aux fluctuations du brut en raison de taxes minimes. Nous avons donc abaissé nos prévisions d’inflation de 10 points de base pour 2020. L’inflation totale aura sans doute atteint son pic en février à 2,5%, avant de retomber.

Pleins feux sur le budget au Royaume-Uni

L’économie britannique a bien commencé 2020, confirmant notre prévision d’un point de retournement cyclique après «l’année perdue» de 2019. Les derniers chiffres des ventes de détail et de l’emploi dépassaient largement nos attentes tandis que l’indice des directeurs d’achats (PMI) de février faisait fi du coronavirus en reflétant un sentiment encore plus favorable des entreprises manufacturières, tiré par la hausse de la production et les nouvelles commandes, tandis que le PMI des services se stabilisait dans la zone d’expansion. Le Royaume-Uni est certes moins exposé que l’Europe continentale à la demande chinoise mais l’expansion du virus en Italie et la faiblesse prolongée de l’économie allemande pourraient encore menacer son économie, d’où la révision en baisse minime, à 1,0%, de notre prévision de croissance du PIB en 2020, toujours supérieure à l’Allemagne ou à la France, pour la simple raison que le Royaume-Uni est, avec les Pays-Bas, le seul grand pays européen à pratiquer en 2020 une réelle relance budgétaire, dont l’ampleur et les modalités seront annoncées à la présentation du budget le 11 mars. Nous attendons entre autres un allègement fiscal sous forme de relèvement du seuil de paiement des cotisations sociales, des aides aux régions «négligées» et des investissements en infrastructures. Les hausses de dépenses sont devenues plus probables depuis le remplacement de Sajid Javid par Rishi Sunak, a priori plus favorable à la relance budgétaire, à la tête des Finances.

Comme nous l’attendions, l’inflation totale britannique a rebondi en janvier de 1,3% à 1,8%, confirmant le caractère exceptionnel du mois précédent. L’inflation sous-jacente pourrait toutefois se tasser quelque peu d’ici à la fin de l’année. La baisse des prix de l’essence se ressentira sûrement sur les chiffres de février et la modération de la croissance des salaires depuis mi-2019 dénote un allègement de la pression inflationniste intérieure.

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