Le tourisme va souffrir au Japon

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’épidémie de coronavirus menace la reprise au premier trimestre 2020. Les Chinois représentaient 30% des touristes au Japon en 2019.

© Keystone

De plus en plus de signes attestent que l’économie aurait bien mieux absorbé le relèvement de la taxe sur la consommation d’octobre dernier que celui de 2014, même si la hausse de 2019 était moins forte et que plusieurs produits étaient épargnés. Au-delà de la volatilité induite par cet élément exceptionnel, la tendance modérément positive de la consommation semble intacte. De même, la chute en dessous de 50 de l’indice des directeurs d’achats des services n’a pas duré, puisque ce dernier est remonté au niveau confortable de 52,1 en janvier. Toutefois, l’épidémie de coronavirus menace la reprise du secteur tertiaire au premier trimestre 2020. Les Chinois représentaient en effet 30% des touristes au Japon en 2019 et contribuaient en conséquence aux ventes de détail. Les touristes chinois se feront sans doute bien plus rares au premier trimestre, un nouveau coup pour un secteur déjà affecté par la chute libre des visites des Coréens imputable à la montée des tensions entre le Japon et la Corée du Sud. Même s’il est trop tôt pour quantifier l’impact de ce phénomène en raison de l’incertitude qui règne à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous apprécions que nos prévisions de PIB pour 2020 soient déjà prudentes par rapport aux chiffres du consensus.

Il semblerait que les commerçants répercutent progressivement
le renchérissement des coûts de production sur les prix finaux.

L’inflation totale de décembre ayant dépassé les attentes, nous avons relevé nos prévisions de 2020. L’inflation sous-jacente (hors énergie et produits frais) a également augmenté en décembre, à 0,9%, son plus haut niveau depuis début 2016. Bien que le relèvement de la taxe sur la consommation d’octobre n’ait eu qu’un effet extrêmement limité, il semblerait que les commerçants répercutent progressivement le renchérissement des coûts de production sur les prix finaux, ce qui pourrait tirer nos projections à la hausse.

Attention au coronavirus en Chine

La croissance a atteint 6,1% en 2019, son plus-bas depuis 1990. Les chiffres de décembre reflètent toutefois une stabilisation pour le secteur manufacturier, dont les investissements et la production ont rebondi, tandis que l’effondrement des ventes de voitures marque un plus-bas. De plus, après des mois de négociations, les Etats-Unis et la Chine ont finalement signé un premier accord. Si celui-ci réduit le risque d’une véritable guerre commerciale, et donc l’incertitude qui a pesé sur les décisions d’investissement toute l’année 2019, sa portée reste très limitée : les droits de douane sur 360 milliards de dollars de produits chinois n’ont pas disparu et la question des subventions de la Chine à l’industrie n’a pas été abordée. De plus, l’accord ne prévoit rien pour limiter les outils juridiques ou politiques dont disposent les Etats-Unis pour tenter de brider l’avance technologique de la Chine. L’épidémie de coronavirus, susceptible de se répandre très vite dans le pays alors même qu’ont lieu les cérémonies du Nouvel An chinois, constitue un nouveau risque à surveiller de près. Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, les ventes de détail avaient chuté et la croissance du PIB du deuxième trimestre était passée de 11,1% à 9,1%. Comme la consommation joue aujourd’hui un bien plus grand rôle dans l’économie chinoise, l’évolution vers une pandémie pourrait avoir de graves implications.

L’inflation de décembre est restée élevée à 4,5%, comme en novembre, une stabilisation due à l’envolée des prix de l’énergie parallèle à la hausse moins forte des cours du porc, principal moteur de l’inflation en 2019. Nous attendons une remontée de l’indice des prix à la consommation en janvier avec la hausse des prix alimentaires à l’occasion du Nouvel An. Le porc, affecté par la pénurie due à la fièvre porcine africaine, devrait rester cher avant de se normaliser au second semestre.

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