Des risques pèsent sur la reprise en Suisse

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Trois influences notables sur l’indice des prix à la consommation suisse exercent une pression baissière simultanée. En Europe, l’industrie se stabilise.

Les incertitudes géopolitiques et les problèmes qui en ont découlé pour les entreprises des industries mécaniques et électriques exportatrices ont commencé à se propager au secteur tertiaire et aux PME davantage tournées vers le marché intérieur. Le chômage a entamé une légère hausse dans les régions et pour les secteurs les plus touchés par ces derniers mois de tassement des échanges. Les volumes d’exportations réels ont chuté entre le troisième et le quatrième trimestres 2019. Du côté des bonnes nouvelles, les entreprises manufacturières annoncent une légère reprise des commandes. 

L’amorce de reprise reste exposée aux obstacles supplémentaires
que représentent l’appréciation du franc et l’épidémie de coronavirus.

L’enquête industrielle du centre de recherches conjoncturelles KOF fait état de trois mois successifs de remontée des prévisions de commandes jusqu’en janvier 2020, et l’indice est monté à son plus haut niveau depuis janvier 2019. Toutefois, cette amorce de reprise reste exposée aux obstacles supplémentaires que représentent l’appréciation du franc suisse et l’épidémie de coronavirus. Le taux de change effectif du franc a progressé de 1,1% depuis le début de l’année. Sur les douze derniers mois, la monnaie suisse a gagné plus de 5% face à l’euro, ce qui pèse sur le tourisme et sur la distribution, affectée par la concurrence transfrontalière. Quant au coronavirus, il est trop tôt pour évaluer son effet sur l’activité économique, mais rappelons que le Sras avait constitué l’un des éléments déclencheurs d’une récession passagère début 2003.

Trois influences notables sur l’indice des prix à la consommation suisse exercent une pression baissière simultanée: l’appréciation du franc par rapport au dollar et à l’euro, qui fait chuter les prix des importations; le recul des prix de l’énergie depuis le début de l’année, à l’origine d’une contribution négative à l’inflation mensuelle de janvier et de février; et les coûts locatifs, qui entrent dans l’indice des prix à la consommation et devraient marquer le pas plus tard cette année.

Marge de manœuvre budgétaire en zone euro

Les données publiées depuis début 2020 le confirment: la situation de l’industrie européenne s’est stabilisée. L’indice Markit des directeurs d’achats dénote une remontée des commandes aux entreprises manufacturières. La demande extérieure s’améliore grâce à un risque actuellement maîtrisé d’escalade du conflit commercial sino-américain. Après une période de faiblesse au quatrième trimestre de 2019, nous prévoyons que le rythme de croissance trimestriel se rétablira à 0,25% au cours des trois premiers mois de cette année. 

L’Europe doit encourager sa demande intérieure.

Nous sommes un peu en deçà du consensus pour 2020 et 2021, les répercussions des faiblesses antérieures des secteurs manufacturiers exportateurs devant peser sur les activités de services plus axées sur le marché domestique. Sachant que l’impulsion venue des marchés émergents sera sans doute moindre que lors des phases de reprise précédentes de 2009, 2013 et 2016, l’Europe doit encourager sa demande intérieure. Elle dispose selon nous d’une vaste marge de manœuvre budgétaire grâce aux taux bas créés par la politique monétaire des dix dernières années. Après la dynamique positive précoce de la France en 2019, le FMI prévoit une impulsion budgétaire positive pour des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou l’Autriche en 2020.

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