Chute des nouvelles commandes en Suisse

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’industrie MEM est particulièrement touchée par les incertitudes liées aux échanges mondiaux et au ralentissement à l’œuvre en Allemagne.

© Keystone

Comme le PIB suisse bénéficiera de deux événements sportifs majeurs en 2020, toutes les prévisions actuelles tablent sur une croissance plus élevée en 2020 qu’en 2019. Par exemple, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) prévoit actuellement 0,8% cette année, puis 1,7% l’an prochain. Toutefois, comme ces chiffres sont déformés par les facteurs exceptionnels susmentionnés, ils ne reflètent pas correctement les tendances générales de la conjoncture suisse. Le sentiment économique de l’industrie manufacturière reste déprimé, avec un indice des directeurs d’achats qui se trouve sous la limite d’expansion des 50 points pour le cinquième mois d’affilée. L’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM), qui exporte 79% de sa production, est particulièrement touchée par les incertitudes liées aux échanges mondiaux et au ralentissement à l’œuvre en Allemagne voisine. Une enquête publiée par l’association professionnelle Swissmem indique que les nouvelles commandes auraient chuté de presque 20% par rapport au deuxième trimestre de l’an dernier. Rappelons que les commandes de ces secteurs s’étaient effondrées en 2015, lorsque la Suisse avait subi le contrecoup de l’envolée du franc. Les emplois de ces secteurs sont donc de plus en plus exposés et nous attendons une remontée du chômage à partir du dernier trimestre 2019.

Ce ne sont pas ses mesures de détente monétaire qui ont le plus surpris,
mais la révision en baisse des prévisions d’inflation de la BCE pour l’an prochain.

La Banque nationale suisse (BNS) a publié ses prévisions d’inflation actualisées, élaborées à partir de la condition préalable d’une politique monétaire inchangée pendant tout l’horizon de prévisions, jusqu’à mi-2022. Même dans ces conditions, l’inflation ne devrait jamais dépasser 1,1%. Ce message de la BNS conforte notre propre projection des tendances inflationnistes à moyen terme.

Place aux ministres des Finances en zone euro

Jusqu’à mi-2019, la modération de l’activité de la zone euro procédait surtout d’une demande extérieure atone qui desservait les grands exportateurs industriels de la région. Toutefois, plus les incertitudes relatives aux échanges internationaux et au Brexit perdureront, plus le risque de répercussions sur les autres secteurs et sur les autres Etats membres de l’UEM sera grand. Les enquêtes auprès des directeurs d’achats indiquent que la contagion au secteur tertiaire serait limitée en dehors de l’Allemagne. Les indices des directeurs d’achats de l’industrie manufacturière sont publiés pour huit pays de la zone euro: ceux de l’Allemagne et de l’Autriche dénotent clairement une contraction, alors que ceux de la France, des Pays-Bas et de la Grèce reflètent une expansion modérée. Le ralentissement de l’activité économique est amorti par les stabilisateurs budgétaires automatiques, avec un effet indéniablement positif pour l’exercice en cours, mais cela ne suffira sans doute pas. Le président sortant de la BCE, Mario Draghi, a souligné que la politique monétaire seule ne pouvait stimuler éternellement l’activité économique et exhorté les Etats membres à exploiter leur marge de manœuvre budgétaire. Si l’Allemagne reste sourde à ces appels, le gouvernement néerlandais prévoit la mise en place d’un fonds de 50 milliards d’euros pour financer l’innovation, la recherche et les infrastructures.

Ce ne sont pas ses mesures de détente monétaire qui ont le plus surpris, mais la révision en baisse des prévisions d’inflation de la BCE pour l’an prochain. Elle prévoit dorénavant une inflation annuelle moyenne de seulement 1% en 2020. Après des années de prévisions excessivement optimistes, la BCE penche aujourd’hui vers l’extrême prudence. Les 30 prévisionnistes de l’échantillon de Consensus Economics oscillent entre 1,0% et 1,8%, et un seul d’entre eux rejoint la BCE.

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