Une belle année 2021 s’annonce

Florian Marini, Bruellan

3 minutes de lecture

Les bénéfices des entreprises sont appelés à se redresser fortement en 2021, de pair avec la reprise économique.

C’est un Noël avant l’heure auquel nous avons eu droit cette année, avec l’annonce en novembre de résultats impressionnants pour plusieurs des vaccins en phase finale de tests cliniques. Le dernier acte du drame de la pandémie a débuté, même si les événements de l'année écoulée marqueront sans doute durablement nos économies.

La récession de 2020 a été atypique en ce sens qu'elle a émané du côté offre de l’équation économique (la question n'était pas de savoir si les consommateurs souhaitaient manger au restaurant, mais si cela leur était possible) et aussi par son intensité. En termes de durée, elle s’est par contre inscrite dans la tendance historique de récessions de plus en plus courtes. Les banques centrales et les états sont intervenus avec une rapidité et des moyens sans précédent, précisément pour que le recul conjoncturel soit le plus bref possible. Leurs actions ont été d'une importance capitale pour éviter que les problèmes d'offre ne contaminent la demande.

La reprise est de nature mondiale et s’est avérée très forte jusqu'en octobre, avant de marquer le pas. A l’heure de rédiger ces lignes, la situation apparaît particulièrement complexe en Europe, certains pays réinstaurant des mesures de confinement alors que d'autres les assouplissent – même si ce ne sera peut-être que pour une courte période, une troisième vague de coronavirus menaçant de déferler. Les indicateurs d'activité de court terme, tels que le traceur de mobilité d’Apple, se sont considérablement détériorés et aucun rebond n’est prévu pour le début 2021.

USD 18’400 milliards d’obligations affichent aujourd’hui un rendement négatif, ce qui oblige les investisseurs à se tourner vers les actifs risqués, dont les actions

Une récession à double creux en Europe semble donc probable, bien qu'atténuée, nous l’espérons, par la vigueur de l’activité économique dans d'autres régions. La croissance américaine, notamment, devrait continuer à se redresser, grâce à des mesures de relance importantes et sans risque de confinement généralisé (le PIB devrait progresser d’environ 4% en 2021, après avoir reculé de 3,6 % en 2020). La reprise en Asie est également marquée, la région ayant apparemment réussi à surmonter la crise sanitaire. Le PIB de l'Asie hors Japon devrait ainsi grimper de 6% en 2021 (contre 0,7% en 2020), tandis que la croissance japonaise devrait rebondir de -5,3% à +3% environ. La Chine a été le premier pays à sortir de récession et sa croissance s'améliore de mois en mois, avec un faible risque de nouvelle vague au vu de l’efficacité avec laquelle le pays maîtrise la pandémie (l'indice PMI manufacturier de Caixin est à son plus haut depuis 10 ans).

La nouvelle administration américaine devrait enfin apporter plus de normalité et réduire le risque de marché. Les perspectives de guerre commerciale à grande échelle se sont ainsi considérablement réduites, ce qui est positif tant pour la Chine que pour l'Europe. Un Congrès divisé (la probabilité implicite que les républicains conservent le contrôle du Sénat atteignant environ 70%) diminue les risques de réglementations déstabilisantes ou d’un relèvement de l'impôt sur les sociétés, deux facteurs également constructifs pour les marchés actions.

Ayant déjà injecté des milliers de milliards de dollars dans le système, via l’abaissement des taux d’intérêt et des programmes d'achat d'actifs (assouplissement quantitatif), les banques centrales devraient rester très accommodantes en 2021. Le régime des taux ultra bas pourrait se normaliser, avec une légère remontée à la clé, mais un nouveau régime haussier n'est pas dans les cartes. Le montant des obligations à rendement négatif se situe à un sommet historique (USD 18’400 milliards) et continuera de pousser les investisseurs hors de leur zone de confort, les obligeant à aller chercher du rendement dans des classes d'actifs plus risquées telles que les actions.

Une récession à double creux se profile en Europe, heureusement atténuée
par une croissance qui reste ferme aux États-Unis et en Asie.

Les bénéfices des entreprises sont appelés à se redresser fortement en 2021, de pair avec la reprise économique. Selon les estimations d’IBES, les bénéfices mondiaux devraient grimper de quelque 30% (22% pour l'indice S&P 500, 40% pour le DJ Europe Stoxx 600, 47% pour le Topix et 34% pour les marchés émergents). Ces prévisions sont impressionnantes et serviront de moteur aux marchés actions. Toutefois, vu l'ampleur de l'effondrement de 2020, le pic bénéficiaire de 2019 ne sera dépassé que de justesse aux États-Unis, tandis que l'Europe restera en deçà.

Sur le plan technique, l'année se termine sur un message double. D'une part, la participation au rallye boursier est incroyablement large, incluant la plupart des secteurs et toutes les tailles d’entreprises – le segment des petites et moyennes capitalisations ayant opéré un retour marqué. Une telle participation témoigne généralement d'un marché haussier sain et encore à un stade peu avancé. D'autre part, les indicateurs de sentiment (tels que les ratios put/call ou les enquêtes auprès des investisseurs) font état d’une forme d'euphorie – un signal plutôt baissier. Une correction au sein de la tendance haussière semble donc le scénario le plus probable.

Pour résumer, une récession à double creux se profile en Europe, heureusement atténuée par une croissance qui reste ferme aux États-Unis et en Asie, ainsi que par la sortie prochaine du tunnel sur le front sanitaire. Au-delà du premier trimestre de 2021, la configuration économique mondiale devrait être relativement idéale, à savoir une croissance ferme, une faible inflation et un soutien monétaire et étatique toujours d'une ampleur sans précédent. Les quelques USD 18’400 milliards d’obligations à rendement négatif continueront à pousser les investisseurs vers les actifs risqués. La forte croissance des bénéfices soutiendra les marchés actions malgré des niveaux de valorisation tendus. Les indicateurs de sentiment affichant actuellement une certaine euphorie, une correction est possible d’ici la fin de l'année ou au début de 2021, mais dans le cadre d'une tendance toujours haussière. S’agissant des actifs risqués, tels que les actions, nos perspectives pour 2021 sont positives.

A lire aussi...