La résilience de l’économie Suisse

Anick Baud, Bruellan

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Alors que tous les superlatifs ont été utilisés pour qualifier la crise du COVID-19, quel bilan pouvons-nous faire en Suisse 6 mois après?

Comme annoncé à la fin du mois d’août, la Suisse a vu son produit intérieur brut reculer de 8,2% au cours du deuxième trimestre, et ce après avoir fléchi de 2,5% en début d’année, ce qui correspond à une baisse semestrielle de 10,5%. Un recul d’une telle ampleur n’avait jamais été atteint depuis que le Secrétariat d’Etat à l’économie publie des données trimestrielles. Malgré tout, et c’est peut-être ce qu’il faut retenir en premier lieu, l’économie suisse a mieux résisté que celles de ses principaux partenaires commerciaux, grâce notamment à l’excellente tenue de ses exportations pharmaceutiques. Les résultats des différentes activités qui composent le revenu national ont par contre été bien disparates. Car si en effet le secteur pharmaceutique, véritable poids lourd de l’économie suisse, est parvenu à accroître ses ventes, la valeur ajoutée dans l’hôtellerie et la restauration (-54%), ainsi que dans les transports et la communication (-22%), a connu une véritable descente aux enfers. Là encore, la structure de l’économie suisse a permis de limiter quelque peu les dégâts puisque la part des services tournés vers le tourisme est plus faible qu’en comparaison internationale.

Du côté de l’emploi, si les mesure exceptionnelles mises en place rapidement par le gouvernement a été primordial, 42% des entreprises suisses auraient en effet eu recours aux différentes aides proposées par l’Etat, les résultats sont encore une fois bien différents selon les secteurs d’activités. Sans surprise, c’est l’hôtellerie et la restauration qui a payé la plus lourde tribu avec une perte de 12% de ses emplois, tandis que le secteur de l’informatique continue de recruter et a vu son nombre d’emplois augmenter de 5% par rapport à l’an dernier. Selon le SECO, fin août, 151'111 personnes étaient inscrites au chômage, soit 50% de plus qu’à la même période l’an dernier. Le taux de chômage, qui est attendu à 3.3% cette année (5% selon les normes de l’OIT), semble néanmoins minimiser la réalité des faits, puisqu’une partie de la population active et qui cherche un emploi s’est retirée du marché du travail, par découragement, et n’est donc plus prise en compte dans ce calcul. En dépit d’une situation difficile, à l’échelle suisse, ce chiffre ferait néanmoins rêver beaucoup de nos voisins.

La Suisse a su montrer son exceptionnel pouvoir
de résilience dans un environnement particulièrement difficile.

Il y a malgré tout quelques motifs de réjouissance, notamment le fait qu’après le confinement l’économie suisse se soit redressée plus rapidement que ce que n’attendaient les experts, à la faveur d’une consommation privée plus robuste. En effet, si en juin le groupe d’experts de la Confédération prévoyait un recul annuel de 6.2%, ce chiffre vient d’être revu à la hausse et cette année, le PIB pourrait ne baisser que de 5%, pour autant que de nouvelles mesures de confinement ne soient pas envisagées face à une recrudescence rapide des cas de Covid-19. Malgré cela, il faudra attendre fin 2021, voir même 2022 pour effacer les effets de la crise et retrouver le niveau de richesse atteint fin 2019.

Autre motif de réjouissance, les différents indicateurs de confiance sur la situation des affaires tels que mesurés par le KOF ou le PMI confirment une amélioration nette de la situation, avec un retour à des valeurs d’avant la crise, tout du moins pour le KOF.

Encore une fois, la Suisse a su montrer son exceptionnel pouvoir de résilience dans un environnement particulièrement difficile. Elle n’aura bien sûr pas traversé la crise sans encombre mais son extrême flexibilité et la formidable capacité d’adaptation de ses entreprises lui permettent d’envisager le proche avenir de manière mois sombre. Alors certes le marché des actions a déjà en partie intégré et salué cette résilience, puisque désormais le SPI affiche une performance annuelle positive, mais le fait que la Suisse se classe pour la dixième année consécutive en tête du classement des pays les plus innovants (selon le Global Innovation Index) est une preuve supplémentaire de la vivacité de ses entreprises et de leur potentiel de long terme.

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