Un parcours semé d'embûches pour les banques centrales

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Le nouveau budget britannique ne mentionne aucune mesure qui pourrait nuire à la reprise économique cette année.

La route sera longue et difficile pour les banques centrales, comme nous l'a appris l’exemple récent de la Banque de réserve d'Australie (RBA). Cette dernière a annoncé le 1er mars dernier une forte augmentation de son programme d'assouplissement quantitatif, qui a vu les rendements à dix ans baisser de 25 points de base, l'une des plus importantes variations journalières jamais enregistrées. Cela a eu pour effet de stopper la hausse des rendements observée les jours précédents - les rendements sont toujours plus élevés d'une semaine sur l'autre. Ces mouvements ont un impact important sur les actions, en particulier dans le secteur bancaire, qui bénéficie de taux plus élevés, et sur les "substituts" d'obligations (tels que les actions de services publics), où l’on observe une tendance inverse.

Il faudra surveiller de près l’attitude de la Fed américaine et voir si elle suit la RBA en soutenant le marché obligataire, notamment en raison de la hausse spectaculaire des taux hypothécaires américains. Car cette hausse a été si rapide que beaucoup n'ont pas pu se refinancer aux taux très bas du début d'année.

La Grande-Bretagne de l'après-Brexit est déterminée
à limiter l'immigration en provenance du reste du monde.
Un budget important pour le Royaume-Uni, mais pas d'augmentation des impôts cette année

Le nouveau budget britannique présenté le 3 mars 2021 par le ministre des finances Rishi Sunak est aussi à regarder de près. Comme l’on pouvait s’y attendre, aucune mesure qui pourrait nuire à la reprise économique du Royaume-Uni ne sera prise cette année. Les «taxes furtives» mentionnées ici et là dans la presse d’outre-Manche ne prendront effet que l'année prochaine au plus tôt. Le ministre des finances pourra se vanter que l'économie britannique a dépassé les attentes, avec une croissance plus forte et un déficit budgétaire moins important que ce qui semblait probable il y a quelques mois à peine. Celui-ci combinera des dépenses plus élevées pour niveler les inégalités et poursuivre l'agenda vert avec une forte diminution des déficits futurs.

Difficultés de recrutement pour la Grande-Bretagne de l'après-Brexit

Une question très importante concernant de près les taux d'intérêt et l'inflation au Royaume-Uni reste en suspens. Comment pallier la disparition d'environ un million de travailleurs non britanniques depuis le début de la pandémie? La plupart de ces travailleurs se trouvaient à Londres et beaucoup d'entre eux travaillaient dans l'industrie hôtelière. Ils ne reviendront pas de sitôt. Une réserve inépuisable de travailleurs européens s’est tarie à cause de la sortie du pays de l’UE et la Grande-Bretagne de l'après-Brexit est déterminée à limiter l'immigration en provenance du reste du monde. De nombreuses entreprises pourraient rencontrer des difficultés de recrutement lors de leur réouverture dans les prochaines semaines. Elles répercuteront également certains des coûts supplémentaires liés au monde de l'après-Covid.

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