Surperformer les indices de référence et exploiter les inefficiences grâce aux gérants obligataires actifs

April LaRusse, Insight Investment (BNY Investments)

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Les gestionnaires actifs peuvent positionner stratégiquement leurs portefeuilles en fonction de leurs prévisions concernant les rendements du marché.

De nombreux investisseurs pensent que les gérants actifs peinent à surperformer ou même à égaler leurs indices de référence et extrapolent ce point de vue à l'ensemble des actifs d'investissement. Les multiples recherches menées depuis des décennies suggèrent que c'est certainement le cas pour de nombreuses stratégies actives sur les actions, mais généralement faux en ce qui concerne les obligations. Les marchés obligataires peuvent s’avérer moins efficients et transparents que les marchés actions, des inefficiences que les gérants actifs peuvent mettre à profit.

L'essor de l'investissement passif a au minimum exacerbé ces inefficiences sur les marchés obligataires. Les données de MercerInsight révèlent que malgré une baisse momentanée sur une période de trois ans, le gestionnaire actif qui se situe à la médiane de ses univers personnalisés de crédit mondial et d'agrégats mondiaux a généré des rendements nettement supérieurs aux indices de référence traditionnels sur les dix dernières années.

Dès lors que les gestionnaires actifs peuvent accroître les performances des obligations, il est important de ne pas considérer l'allocation à ces actifs sous le seul angle du rendement. La sélection des gérants doit faire l'objet d'une réflexion approfondie, qui met l'accent sur la mise en place d'un processus d'investissement solide garantissant la reproductibilité des rendements excédentaires à l'avenir. Les gérants obligataires peuvent recourir à toute une série de stratégies pour accroître la valeur de ces investissements.

Stratégies de duration et de courbe des taux

Les gestionnaires actifs peuvent positionner stratégiquement leurs portefeuilles en fonction de leurs prévisions concernant les rendements du marché. S'ils anticipent une baisse des rendements, ils peuvent s’exposer à des émissions d’échéance plus longue, qui devraient bénéficier le plus d'un tel scénario. Des stratégies plus sophistiquées peuvent cibler des segments spécifiques de la courbe de rendement ou faire varier les investissements entre les différents segments de celle-ci.

Par exemple, si les spreads de crédit sont relativement uniformes entre les échéances, un gérant peut surpondérer l'exposition aux obligations d’entreprises pour les échéances courtes tout en favorisant les emprunts d'État pour les échéances plus longues. Cela permet d’accroître le rendement du portefeuille tout en minimisant l'impact d'un éventuel élargissement ultérieur des spreads.

Sélection de titres via une analyse fondamentale

L'analyse fondamentale du crédit vise à identifier les titres dont la valorisation ne reflète pas fidèlement la force ou la faiblesse actuelle ou future de l’entreprise.

Lors de la sélection des titres d'un émetteur, il est essentiel de choisir ceux qui affichent un bilan solide et peuvent accéder aisément aux marchés monétaires. En outre, il sera peut-être nécessaire de soumettre les émetteurs à des tests de résistance portant sur des risques tels que les litiges, les nouvelles réglementations, les facteurs environnementaux ou sociaux et les fusions ou acquisitions potentielles.

Exploiter les primes de nouvelle émission

Contrairement aux actions, les investissements obligataires ont généralement une date d’échéance fixe. À l'approche de cette date, l'État ou la société qui émet le titre doit souvent revenir sur le marché pour refinancer la dette. L’émission de nouvelles dettes peut également être décidée pour diverses raisons, telles que le financement de la croissance ou des acquisitions. Dans le secteur privé, les émetteurs proposent souvent de nouveaux emprunts avec des rendements légèrement supérieurs à ceux du marché pour attirer les acheteurs - un phénomène connu sous le nom de «prime de nouvelle émission». Les gérants actifs peuvent en tirer parti en surveillant de près les opportunités offertes par les marchés primaires.

Exploiter la fragmentation du marché

L’achat d’une action est généralement un processus simple, dès lors qu’il n’y a qu’une seule catégorie d'actions à acquérir. Cependant, lorsqu'un investisseur achète une obligation, une même société peut offrir plusieurs émissions de dette présentant des différences au niveau des échéances, des devises, de la documentation juridique et même de l’exposition à la structure de capital. Chaque émission peut avoir un volume différent avec des niveaux de liquidité variables. Cette fragmentation offre toute une série d'options qu'un gestionnaire actif doit prendre en considération. Un investisseur peut, par exemple, décider de viser un rendement supérieur en achetant de la dette subordonnée moins bien notée émise par une grande entreprise.

Si les risques en cas de défaut sont plus élevés que pour une émission mieux notée, l'investisseur peut estimer qu’ils sont considérablement atténués par la taille et la solide position sur le marché de l’émetteur.

Stratégie sectorielle

Sur les marchés obligataires, des secteurs entiers peuvent parfois présenter des valorisations qui ne reflètent pas la force ou la faiblesse actuelle ou future des entreprises, un phénomène souvent lié à la légère divergence entre le cycle économique du secteur et celui du marché dans son ensemble.

En outre, certains secteurs peuvent afficher un endettement supérieur à d'autres, les rendant moins attrayants pour les gestionnaires actifs. Il est important de noter que les gestionnaires actifs disposent de la flexibilité nécessaire pour éviter d’investir dans des secteurs dont les perspectives leur paraissent inquiétantes.

Gestion du bêta

Les composantes d'un indice obligataire représentent un certain niveau de risque de crédit global à un moment donné. Les gestionnaires actifs ont suffisamment de flexibilité pour s’exposer à un risque de crédit supérieur ou inférieur à celui de l’indice. Cette décision peut être influencée par le stade du cycle de crédit, les valorisations moyennes ou une vision tactique du marché. L’indice Bloomberg Aggregate, qui comprend à la fois des obligations d'État et d’entreprises, en constitue un excellent exemple.

Les gestionnaires actifs peuvent ajuster leur exposition au crédit en surpondérant ou en sous-pondérant ces classes d'actifs en fonction de leur attrait relatif.

Valeur relative

La valeur des instruments à revenu fixe peut fluctuer à tout moment en fonction du marché ou du segment de l'univers obligataire. Par exemple, une grande entreprise américaine peut émettre des obligations en dollars américains, en yens et en euros, le spread variant en fonction de la devise de l’émission. Les gestionnaires actifs peuvent tirer parti de ces variations en surpondérant le crédit sur les marchés qui offrent le plus de valeur et en sous-pondérant les titres des marchés qui en offrent le moins.

Ces stratégies peuvent non seulement être utilisées pour surperformer un indice de référence spécifique, mais peuvent également permettre aux gestionnaires obligataires actifs de générer un rendement absolu positif dans différentes situations de marché.

En conclusion, les investisseurs actifs disposent d'une multitude de stratégies pour accroître les rendements obligataires. L’utilisation de stratégies de duration et de courbe de taux, la sélection méticuleuse des titres, la capture des primes de nouvelle émission, l’exploitation de la fragmentation du marché et le recours à des stratégies sectorielles peuvent leur permettre de gérer les complexités des marchés obligataires et de générer un surcroît de rendement. La gestion du bêta du crédit et l'identification des opportunités de valeur relative offrent d'autres possibilités d'optimisation des portefeuilles.

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