Stress test viral sur fond de reprise mondiale

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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La résurgence des cas aux États-Unis depuis début juin constitue un stress test majeur des scénarios constructifs.

© Keystone

Le processus de révision à la hausse des prévisions économiques a commencé. La consommation est repartie plus vite et plus fort que prévu lors de la réouverture des économies, et le niveau encore très élevé du taux d’épargne des ménages implique que le potentiel de reprise reste important. Cette reprise est cependant freinée par les plans de licenciement annoncés dans les secteurs les plus touchés, par la nécessité pour beaucoup d’entreprises de reconstituer leurs marges, et par le fait que le virus soit toujours là. C’est pourquoi les plans de soutien vont être prolongés et les programmes de relance renforcés.

La résurgence des cas aux États-Unis depuis début juin constitue un stress test majeur des scénarios constructifs. L’explosion des nouveaux cas dans certains États s’est accompagnée d’une hausse moins forte des hospitalisations, et encore moins forte des décès. Le taux de transmission du virus est repassé légèrement au-dessus de 1, mais reste loin des niveaux de mars (au-dessus de 2). Il n’est donc pas impossible que des reconfinements partiels et ciblés ainsi qu’une utilisation plus systématique des masques suffisent à juguler cette vague. Ce serait une excellente nouvelle pour l’économie, mais cela reste à prouver. C’est un des enjeux de l’été pour les investisseurs.

La dynamique positive des marchés boursiers a été stoppée début juin
par les mauvaises nouvelles sanitaires en provenance des États-Unis.

De grandes incertitudes demeurent quant au vrai niveau du chômage, car sa mesure est rendue difficile par la poursuite des restrictions de l’offre et par l’impact des plans d’aide sur les statistiques d’emploi. Aux États-Unis, le taux de chômage officiel était de 11% en juin, ce qui est considérable, mais les enquêtes auprès des ménages américains traduisent pour l’instant un niveau nettement moins élevé de dégradation de l’emploi. En Europe, où le chômage a été masqué par les dispositifs de maintien dans l’emploi, le vrai chômage commence à apparaître. En Allemagne, il se situait à 6,4% en juin, son plus haut niveau depuis cinq ans. Il devrait pouvoir se stabiliser, voire rebaisser d’ici la fin de l’année à la faveur du plan de relance massif décidé par Berlin (130 milliards d’euros). D’autres plans de relance sont attendus aux États-Unis et en Europe cet été.

La dynamique positive des marchés boursiers a été stoppée début juin par les mauvaises nouvelles sanitaires en provenance des États-Unis. La hausse s’est cependant poursuivie en Chine, où l’euphorie du marché des actions de Shanghai est sans doute un peu suspecte. À moins que cette euphorie n’illustre ce qui pourrait advenir des valeurs cycliques et financières mondiales si le processus de normalisation économique se confirmait? Les secteurs cycliques restent en tout cas très décotés, en absolu comme en relatif, et ils se comportent généralement bien en bourse dans les deux premières années d’une reprise. Dans le contexte actuel, cela devrait être particulièrement le cas du secteur de la construction, qui bénéficie de plusieurs soutiens conjoncturels et structurels: la réouverture de l’économie bien entendu, mais aussi sa place privilégiée dans les plans de relance, et son rôle dans les programmes de transition énergétique en Europe («Green Deal») et ailleurs.

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