Après plusieurs années chahutées pour les small caps européennes, elles connaissent une surperformance notable versus large caps depuis quelques mois qu’il convient d’explorer. Il y a eu des mauvais départs par le passé, comme ne manquent pas de le rappeler de nombreux investisseurs. Entre 2021 et 2024, il fallait en effet plutôt être modérément exposé au small caps européennes. Le cycle de resserrement monétaire avec le retour de l’inflation en 2021, associé à des prix de l'énergie élevés entre 2022 et 2024, a constitué un obstacle majeur pour cette classe d'actifs.
Mais cela n’a pas toujours été le cas. Selon les indices STOXX ou MSCI, les small caps ont délivré sur le long terme des performances annualisées deux fois supérieures aux large caps avec un niveau de volatilité équivalent. Au fil du temps, cela fait une grande différence! De plus, les small caps se prêtent généralement bien à une approche active (versus indicielle), la capacité des gérants à surperformer la gestion passive étant généralement plus élevée dans ce segment de marché. De ce point de vue, la surperformance récente des small caps n’est donc qu’un retour à la normalité.
Pour répondre à la question initiale, nous pensons que la surperformance récente des small caps est amenée à durer. Ces valeurs devraient être parmi les principales bénéficiaires de la nouvelle donne monétaire. La dernière enquête de la BCE sur les conditions d’'accès au financement par les entreprises souligne que la transmission de la baisse des taux aux PME est encore incomplète. Cela suggère qu'il existe une marge importante d’assouplissement de leurs conditions de financement dans les mois à venir, comme c'est déjà le cas pour les grandes entreprises.
Les small caps devraient aussi bénéficier du recul des prix de l’énergie, pourvu que les tensions au Moyen-Orient n’escaladent pas. D'un point de vue global, les indices de référence des petites capitalisations européennes sont biaisés vers des secteurs à forte intensité énergétique, tels que l'industrie et les matériaux, qui explique leur plus grande sensibilité aux prix de l'énergie.
Au cours des trois derniers mois ces éléments ont commencé à être intégrés dans les prix, les SMID européennes ayant déjà enregistré l'une de leurs plus fortes surperformances relatives par rapport aux grandes capitalisations (+7%). Le plan de relance allemand a déclenché la reprise des SMID par rapport aux grandes capitalisations, mais ce qui est intéressant, c'est que cette surperformance s'est poursuivie malgré la volatilité des marchés en lien avec les guerres commerciales, grâce à la nature domestique des petites capitalisations. Les petites capitalisations sont plus axées sur le marché intérieur que les grandes capitalisations et sont donc quelque peu protégées des guerres commerciales. Les petites et moyennes entreprises européennes réalisent plus de 60% de leur chiffre d'affaires en Europe.
Malgré cette surperformance récente, les SMID européennes restent très attractives par rapport aux grandes capitalisations en termes de valorisation, les secteurs de la consommation et de l'industrie figurant parmi les plus intéressants. Au niveau national, les SMID françaises, britanniques, danoises et belges semblent les plus attractives, tandis que l'Allemagne est plus proche de sa juste valeur, mais présente un potentiel de hausse important compte tenu du plan de relance qui sera mis en œuvre dans les années à venir.
Ces éléments suggèrent que leur potentiel de performance est élevé à l’avenir. Les small caps peuvent toutefois effrayer en raison de leur nature cyclique, dans un environnement macro incertain en lien avec les guerres commerciales. Dans ce contexte, les équipes de recherche actions de Kepler Cheuvreux ont développé des paniers de valeur small caps avec un biais plus défensif (SMID high dividend yield), qui offre une approche plus sécurisante pour les investisseurs souhaitant s’exposer à ce segment de marché attrayant.