Quelles allocations privilégier face au coronavirus?

Florian Roger, Exane Derivatives

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Les investisseurs s’emploient à déterminer les conséquences exactes du virus sur l’activité mondiale pour ajuster leurs positions.

© Keystone
L’évaluation des effets du coronavirus est loin d’être achevée

Le coronavirus a fait chuter le MSCI émergents de près de 10% au cours du mois de janvier et a ramené les cours du baril de pétrole vers 50 dollars. Comme l’ont montré le SARS ou le H1N1, ce type de sell off est classique lorsque survient une épidémie susceptible de dégénérer en pandémie.

Ensuite, passé cette première réaction, les investisseurs s’emploient à déterminer les conséquences exactes du virus sur l’activité mondiale pour ajuster leurs positions. Ils évaluent notamment :

  1. La capacité de résistance de l’économie mondiale au moment où survient l’infection. Le Coronavirus est apparu dans le monde émergent alors que le commerce international portait encore les stigmates du choc d’incertitude généré par la guerre commerciale (échanges mondiaux en berne, enquêtes PMI toujours basses, ISM américain en baisse début janvier). Les chiffres publiés début février se sont révélés rassurants sur ce point. L’accord commercial conclu entre la Chine et les Etats-Unis mi-décembre a bien permis un redémarrage de l’activité manufacturière et des échanges mondiaux : enquêtes PMI en nette hausse dans la plupart des pays, rebond de l’ISM manufacturier américain au-delà de 50 grâce à sa composante production…Le MSCI émergent a alors annulé près de 50% de ses pertes.
  2. Pour que ce mouvement positif sur les actions émergentes se poursuive, il ne faut pas que le coronavirus dégrade trop fortement les statistiques d’activité par rapport aux attentes (qui se forgent sur l’impact des épidémies passées). Sur ce point, relativement au SARS, notons qu’il y a déjà plus de huit fois plus personnes contaminées, mais que le taux de mortalité est beaucoup plus faible (environ deux fois plus de morts) et que les cas détectés sont beaucoup plus concentrés (plus de 99% en Chine). Enfin, notons que les autorités chinoises ont réagi promptement mais que leur communication se révèle anxiogène, dans la mesure où le changement de méthodologie pour comptabiliser les personnes infectées a engendré un bond du nombre de malades et a jeté le doute sur la véracité des chiffres publiés. La confiance des consommateurs et le PMI services en Chine seront clairement scrutés par les investisseurs à la fin du mois de février. Au-delà de l’ampleur de la chute de ces enquêtes, nous crayons que leurs composantes ne suggèrent un impact négatif beaucoup plus durable qu’anticipé.
  3. Face aux conséquences économiques délétères du Coronavirus, les autorités chinoises ont indiqué qu’elles allaient mettre en œuvre des mesures de soutien. L’ampleur de ces dernières devrait constituer le troisième paramètre considéré par les investisseurs pour déterminer in fine la pondération des actions émergentes et plus spécifiquement de la Chine dans leur portefeuille.

Obligations américaines, actifs réels et rotation dans la value…3 axes à privilégier pour l’allocation d’actifs à court terme

Les éléments précédents illustrent le niveau d’incertitude élevé qui pèse encore sur le monde émergent, d’autant qu’il est très difficile de savoir si le pic de l’épidémie est franchi. Dans notre allocation d’actifs, nous figeons aujourd’hui la pondération des actions émergentes alors que nous étions dans une dynamique de renforcement depuis début novembre. Nous recommandons toujours d’utiliser les obligations américaines et les actifs réels (or et immobilier…du fait de la contraction des taux réels) comme des hedges de portefeuilles durant l’ensemble de l'année. Enfin, nous continuons de privilégier la value pour notre poche actions. Dans cette approche, relativement aux émergents, les actions domestiques britanniques et les banques européennes nous paraissent offrir plus d’attrait 

  • Les premières devraient bénéficier d’une forte accélération de la croissance du Royaume au S1 2020, grâce à une consommation portée par la croissance des salaires réels, à un rebond technique de l’investissement (après la contraction du T4 2019) et à la mise en œuvre d’une politique budgétaire très expansionniste en mars.
  • Les secondes surperforment depuis le début de l’année malgré la baisse des taux. Les valeurs bancaires sont portées par une règlementation qui leur devient moins défavorable et par des résultats qui rendent leurs rendements-dividendes de plus en plus attractifs, sachant que les rendements obligataires souverains, même dans des pays périphériques tels que la Grèce, continuent de fondre comme neige au soleil!

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