Quel avenir pour les marchés de private equity?

Paul Newsome, Unigestion

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Au terme d’un incroyable essor en 2021, 2022 devrait être l’année de la consolidation des portefeuilles.

En 2021, l'activité mondiale de private equity a dépassé toutes les attentes, même les plus folles. Pour la première fois, elle a franchi la barre des mille milliards d'euros, toutes les régions se portant à merveille : Amérique du Nord +83%, Europe +48%, Asie Pacifique +38% par rapport à l'année précédente. Dans la lignée de la tendance observée depuis le début de la pandémie, les investissements dans les PME ont été les plus importants.

Après une année aussi forte, que nous réserve l'année 2022? Qui aurait le courage de faire un pronostic, surtout quand il semble que nous soyons proches d'un pic de marché? N'ayant jamais hésité à relever un défi, voici mes prévisions…

2022 - une année de consolidation

L'année dernière, les gérants de private equity n'ont guère eu le temps de souffler, mais nous pensons qu'en 2022, ils ralentiront leurs activités d'investissement et se concentreront davantage sur la gestion de leurs portefeuilles. Cela se traduira par un plus grand nombre d'opérations complémentaires, les gérants cherchant à renforcer les sociétés de leur portefeuille, et par une augmentation des activités de retrait, ces derniers cherchant à profiter des valorisations élevées. 

La pression pour rééquilibrer les portefeuilles sera plus forte que jamais.
Les participations LP vont stimuler le marché secondaire

En 2021, alors que le marché secondaire était à plus de 50% au-dessus de son record de 2019 grâce à la montée en puissance des transactions dirigées par les GP, le volume des transactions à participation LP était à peine supérieur aux niveaux d'avant COVID. Etant donné que l'ensemble des fonds buyout a plus que doublé au cours des quatre dernières années et que les investisseurs sont encore largement exposés aux fonds antérieurs à 2011, la pression pour rééquilibrer les portefeuilles sera plus forte que jamais. Par conséquent, nous prévoyons que les participations LP représenteront plus de 60% du volume secondaire en 2022.

Pleins feux sur les services financiers et l'impact climatique

Ces dernières années, les secteurs de l'informatique et de la santé ont pris une part croissante dans les transactions (par exemple, 37 % du volume des buyouts aux Etats-Unis en 2021), notamment grâce à leur dynamisme pendant la pandémie. Sous l'impulsion de la chasse aux opportunités à valorisation attrayante, nous prévoyons que des secteurs tels que les services financiers et l'impact climatique prendront de l'importance. Dans les services financiers, l'accent sera mis sur les entreprises fintech innovantes qui défient les acteurs en place, tandis que dans l'impact climatique, il y aura des opportunités créées par les vents arrière actuels (voir la prédiction suivante).

Les initiatives issues de la COP26 ont encouragé les investisseurs à renforcer leur exposition aux secteurs à impact climatique.
Les fonds d'impact lèvent un niveau record de capitaux

L'introduction du SFDR (Sustainable Financial Disclosure Regulations) en mars 2021 a été un grand pas vers la normalisation de l'intégration, de la quantification et du reporting ESG pour toutes les entreprises financières de l'UE, offrant aux investisseurs le cadre indispensable pour investir dans l'impact. En outre, les initiatives issues de la COP26, telles que les engagements d'atteindre un bilan carbone net nul d'ici 2050, ont encouragé les investisseurs à renforcer leur exposition aux secteurs à impact climatique. En effet, la confluence des gouvernements, entreprises et consommateurs se focalisant désormais pleinement sur la réduction des émissions de carbone a créé des opportunités attrayantes dans de multiples sous-secteurs liés au climat. Par conséquent, nous nous attendons à ce que les investisseurs consacrent des sommes record aux fonds d'impact en 2022.

Forte demande et offre de produits de private equity pour particuliers

En 2021, la demande de private equity émanant de particuliers fortunés (HNWI) a fortement augmenté. Cependant, les fonds traditionnels de type fermé ne sont pas idéaux pour ces investisseurs, car ils ont souvent besoin de liquidités à court terme. De leur côté, les petits investisseurs ont du mal à accéder au private equity en raison de la taille minimale des souscriptions, des coûts élevés et des options de liquidité limitées. Récemment, on a vu apparaître une ou deux plateformes de private equity «evergreen» conçues spécifiquement pour les investisseurs particuliers. Comme les sociétés de private equity innovantes continuent de développer des plateformes numériques à faible coût et modulables, nous pensons que le nombre de produits de private equity destinés aux particuliers va proliférer en 2022, devenant la voie préférée des investisseurs particuliers et des HNWI.

Reparlons-en dans un an pour voir comment je m'en suis sorti. Mais quoi que 2022 réserve aux marchés du private equity, ce ne sera certainement pas ennuyeux. 

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