Trois façons de gérer, trois types de risque

Levi-Sergio Mutemba

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Un bear steepener pour le risque de taux, un capital-protected notes pour qui ne veut rien risquer ou un certificat bonus pour une prise de risque prudente.

La période post-covid d’inflation élevée a été associée à une baisse concomitante à la fois des cours des actions et des obligations. Ce qui a donné lieu à une corrélation positive entre ces deux classes d’actifs. De sorte que les obligations ne constituent plus forcément l’actif de diversification privilégié par rapport aux actions. Une situation qui favorise les stratégies alternatives, dont beaucoup reposent sur l’utilisation de dérivés et de produits structurés auxquels ces dérivés sont rattachés. L’objectif peut aussi bien consister, par ailleurs, à couvrir le portefeuille qu’à le rendre plus performant. Nous avons identifié trois catégories de produits correspondant à des vues diverses du marché.

A l’évidence, l’un des risques principaux est lié à la structure à terme des taux d’intérêt américains. Après une longue période d’inversion entre les taux à 2 ans et à 10 ans, le spread 2s10s, qui était négatif à près de -0,50%, est revenu en territoire positif à 0,30% (au mardi 22 janvier 2025). Ce qui s’explique par la hausse des taux longs, alors que les taux courts suivent une trajectoire inverse induite par la politique monétaire actuelle.

«Il s’agit non seulement d’une idée de momentum, mais aussi d’une stratégie qui suppose une normalisation du marché du Trésor.»

Or une stratégie sous-jacente permettant d’exploiter l’augmentation du spread entre deux maturités est appelée «Steepener». Dans le cas d’un «Bull Steepener», ce sont les taux courts qui baissent plus amplement et plus rapidement que les taux longs. Dans le cas présent, les marchés font cependant face à un «Bear Steepener», c’est-à-dire une hausse plus rapide des taux longs (vente d’obligations), une situation qui avait également été observée lors de la correction du marché entre juillet et fin octobre 2023. La mise en œuvre d’une telle stratégie consisterait à prendre une position longue sur les obligations à court terme et une position courte sur celles à long terme.

«Il s’agit non seulement d’une idée de momentum, mais aussi d’une stratégie qui suppose une normalisation du marché du Trésor», expliquent dans une note les experts de la plateforme automatisée d’émission de produits d’investissement, Halo Investing. «Il est possible que les rendements des bons du Trésor continuent de baisser, tandis que le scénario d’un atterrissage en douceur se révèle sous la forme d’un taux obligataire à long terme plus élevé», ajoutent-ils.

En dehors du marché des taux, les investisseurs affichant une plus grande aversion au risque peuvent opter pour la simplicité d’un produit de protection du capital. Cependant, la poursuite attendue de la baisse des taux à court terme, induite par la politique d’assouplissement monétaire de la Fed, pourrait rendre difficile l’émission de capital-protected notes (CPN) à des conditions attrayantes.

Les taux courts déterminent en effet la différence entre le prix d’émission et la valeur nominale de l’obligation zéro-coupon qui constitue un CPN. Différence qui fournit le financement pour l’achat de l’option censée rémunérer l’investisseur. Les taux étant actuellement bas, la valeur présente de l’obligation est trop coûteuse pour l’émetteur pour laisser suffisamment de ressources pour l’achat d’options servant à financer la participation dans le sous-jacent.

«Le bonus est l’un des produits de participation les moins émis et négociés à la SIX Structured Products.»

Enfin, un nombre assez important d’investisseurs commencent à accepter l’idée selon laquelle les retombées économiques de la politique commerciale du président Donald Trump ne seraient pas nécessairement négatives. Dans le même temps, certaines réalités objectives interpellent. Comme la congestion du marché américain. Et le fait que les dix premières capitalisations du S&P 500 pèsent à elles seules pour près de 40% du poids total de l’indice. Sans parler du fait que seulement 26 actions, la plupart du secteur technologique, représentent environ la moitié du poids de l’indice précité, d’après les données du S&P Dow Jones Indices relayées il y a peu par le Financial Times.

D’où l’intérêt du certificat bonus, qui allie participation à l’évolution du sous-jacent et protection conditionnelle de la mise initiale. Il s’agit de l’un des produits de participation les moins émis et négociés à la SIX Structured Products. Un seul certificat fut émis en janvier, à savoir le note de Vontobel sur l’action Novartis, arrivant à échéance le 27 janvier 2027. Emis en euros, avec une protection Quanto contre le risque de change, le produit affiche un niveau bonus assez conservateur, fixé à 91,36 francs, par rapport à un cours spot de 90 francs (mercredi 22 janvier), ainsi qu’une barrière fixée à 72,14 francs (un écart d’environ 20% par rapport au prix spot).

L’un des principaux avantages du certificat bonus est qu’il garantit le remboursement du produit à échéance, dont le montant minimal correspond au niveau dit «bonus». Mais ce, tant que le sous-jacent, en l’occurrence Novartis, ne touche pas ou ne tombe pas en dessous de son seuil de sécurité ou «barrière», soit 72,14 francs, pendant la durée du certificat.

Cerise sur le gâteau, l’investisseur continue de participer à la hausse de l’action Novartis, même si celle-ci venait à dépasser le niveau bonus de 91,36 francs. Toutefois, si la barrière est touchée, le mécanisme de protection s’annule et l’investisseur se retrouve exactement dans la même situation que s’il détenait directement l’action sous-jacente. Il participera ainsi, à la baisse comme à la hausse, à l’évolution du titre sous-jacent jusqu’à maturité du produit.

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