
Ce que l’indice S&P 500 a perdu depuis le début de l’année (au 28 avril 2025), une obscure cryptomonnaie l’a gagné à raison de deux fois. En hausse de près de 12% sur cette période, Ripple (XRP) a survolé la volatilité provoquée par la guerre commerciale du président Donald Trump. Le facteur réglementaire y est pour beaucoup dans la surperformance de la cryptomonnaie, dont la progression sur un an totalise désormais plus de 360%. A la SIX Structured Products, pourtant, seul un produit offre une exposition à XRP. Mais le lancement de nouveaux ETF sur cet actif numérique pourrait étoffer le pipeline de produits structurés.
Rappelons que XRP, à la différence de Bitcoin, a pour objectif de faciliter les transactions interbancaires internationales rapides et à faible coût. Créé en 2012 par la société Ripple Labs, il se veut une alternative aux systèmes de paiement traditionnels tels que le SWIFT. Son mécanisme de validation Ripple Protocol Consensus Algorithm (RPCA), basé sur le consensus, le rend plus rapide et plus efficient en termes de consommation énergétique que les protocoles basés sur la preuve de travail (PoW) ou la preuve d’enjeu (PoS). Aussi, bien que fonctionnant sur une blockchain, son réseau est centralisé et sous le contrôle des entreprises membres de ce réseau.
«C’est le moment que nous attendions. La SEC va abandonner son appel»
Autant dire que la cryptomonnaie revient de loin. Bien qu’en hausse de 1260% depuis sa création en 2012, sa performance est plus de 16 fois inférieure à celle de Bitcoin. En 2020, la SEC avait en outre intenté une action en justice contre Ripple (durant le premier mandat de Donald Trump), alléguant que la société avait levé 1,3 milliard de dollars grâce à des ventes de jetons XRP sous forme de titres non enregistrées. Mais, en 2023, une juge américaine avait statué que si Ripple avait enfreint la loi fédérale sur les valeurs mobilières lors de ventes institutionnelles, les ventes de jetons aux plateformes d’échange de détail ne contrevenaient pas à la loi. Une décision dont la SEC avait néanmoins fait appel.
Toutefois, en mars dernier, la SEC décide finalement d’abandonner son appel, invitant Ripple à négocier un accord. Le jour de l’annonce, XRP bondit de 10%. «C’est le moment que nous attendions. La SEC va abandonner son appel», avait déclaré Brad Garlinghouse sur le réseau social X. Depuis, les flux de nouvelles autour de XRP s’accumulent.
Après avoir déposé une demande d’enregistrement pour des ETF sur XRP, ProShares s’est vu recevoir le feu vert, ce lundi 28 avril, pour le lancement des fonds ProShares UltraShort XRP ETF, ProShares Ultra XRP ETF et ProShares Short XRP ETF. Et ce, deux semaines après le lancement d’un autre ETF à levier sur XRP par la société, moins connue, Teucrium.
«Le tracker suivait pourtant une trajectoire inexorablement latérale depuis son émission il y a 5 ans»
Il est intéresser de noter que la SEC avait également publié le 12 mars dernier sur son site un rapport externe sur le rôle stratégique de XRP pour l’économie américaine. L’auteur de ce rapport schématique de seulement six pages, le consultant Maximilian Staudinger, y explique que XRP et que les cryptomonnaies Solana et Cardano pourraient jouer un «rôle crucial» dans l’économie numérique américaine. «L’instabilité financière de XRP est due à une incertitude juridique prolongée» et «la SEC doit trouver une stratégie de sortie pour éviter tout préjudice politique», a insisté l’expert.
Résultat, le certificat tracker UXRPTQ sur XRP (ISIN CH0481488028) négocié à la SIX, lancé en 2020 au prix de 29 dollars, en vaut aujourd’hui plus de 210 (pour la version en dollars). Le tracker suivait pourtant une trajectoire inexorablement latérale depuis son émission il y a 5 ans, notamment en raison du faible niveau d’adoption de XRP et de l’incertitude réglementaire précitée. Si les récentes nouvelles et activités d’émissions de produits financiers sur le XRP sont des facteurs positifs, ce sous-jacent n’en demeure pas moins hautement spéculatif.
Les experts de Coinhouse attirent l’attention sur le fait que XRP est une cryptomonnaie préminée et qu’elle n’offre ainsi pas de rémunération pour son minage, puisque celui-ci est pris en charge par Ripple. Si elle reste la troisième cryptomonnaie la plus reconnue au monde après Bitcoin et Ethereum, il semble qu’elle soit conçue avant tout pour un usage limité ou strictement institutionnel, bien que le réseau soit accessible aux utilisateurs individuels.