Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Donald Trump a du succès avec ses deals. Les majorations de crédit en Italie atteignent un niveau record depuis 5 ans.

De hauts responsables américains et canadiens ont lutté ce week-end dernier jusqu'à la dernière minute et ils ont fini par convenir d'une solution pour succéder à l'Accord de libre­ échange nord-américain. L'ALÉNA devient l'USMCA, l'accord Et at s-Unis-Mexique -Canada. Le document de 1812 pages est par nature un compromis: les agriculteurs US ont un meilleur accès au marché des produits laitiers du pays voisin du Nord, auparavant fermé. Par ailleurs, le Canada peut continuer à compter sur un mécanisme éprouvé pour résoudre les questions litigieuses entre les partenaires commerciaux. L'accord de dernière minute a entraîné une nette reprise du dollar canadien sur le marché des changes. Dans les semaines à venir, la prime de risque contenue dans le «Loonie» pourrait encore s'évaporer. Ce­ pendant, le nouvel accord n'est pas encore scellé. La signature et la ratification du texte législatif final risque de prendre encore des mois. Néanmoins, Donald Trump a tweeté, parlant sans sur­ prise d'un nouveau succès de son gouvernement grâce à cet «accord». Mais même si ses tweets demeurent toujours imprévisibles, le président US semble à présent disposé à faire des con­ cessions aux anciens partenaires alliés. La tonalité envers la Co­ rée du Sud, le Japon et l'UE s'est ainsi quelque peu normalisée. Par rapport au concurrent chinois, la démarche reste toutefois dure. Récemment, les échanges musclés de politique économique ont même menacé de basculer sur le plan militaire.

L'Italie est, et reste, un autre point chaud en politique. Là-bas, le nouveau gouvernement cherche de plus en plus la confrontation avec l'UE. Les onéreuses promesses électorales coûtent beau­ coup d'argent et doivent être financées avec de nouvelles dettes. L'an prochain, le déficit budgétaire devrait grimper à 2,4%, donc trois fois plus que ce que le gouvernement précédent entrevoyait en avril. Même des sujets tabous tels que le retour à leur propre monnaie reviennent sur les lèvres des populistes. Les investisseurs ont voté «avec leurs pieds» faisant de nouveau chuter les obligations italiennes cette semaine. En conséquence, le rende­ ment des obligations d'Etat à 10 ans a atteint plus de 3%, le niveau le plus élevé depuis 2014. Les actions des banques italiennes, qui ont encore subi d'importantes baisses de cours, restent par nature très vulnérables à cause de leurs fortes positions en obligations d'Etat. Après de vives critiques de Bruxelles, le ministre des finances Tria a, certes, promis de réduire la dette nationale de l'Italie d'ici 2021 à nouveau au-dessous du seuil de 130% du produit intérieur brut. Un objectif aussi ambitieux requiert toutefois des taux de croissance élevés, sans doute très difficiles à atteindre. Nous restons prudents, bien que les obligations italiennes à long terme aient à présent un rendement de 3,5% et que certains investisseurs institutionnels y voient une opportunité d'achat. En effet, la tendance des rendements des obligations d'Etat européennes devrait être à la hausse à moyen terme. Le ratio opportunité/ risque dans ce segment reste ainsi faible.

 

Gros plan: élections US mi-mandat - (auc)un risque pour marchés fin.?

Donald Trump déforme la vérité d'une manière aussi régulière et fiable qu'une montre suisse est précise. Ainsi à la mi-septembre, lorsqu'il s'est vanté que le taux de croissance de l'économie aux USA serait supérieur au taux de chômage pour la première fois en 100 ans. Le fait qu'il ait tout simplement rajouté un «0» de trop au bon chiffre dans ce message de réussite qui ne repose, bien sûr, que sur sa bonne politique économique, n'aura pas échappé au regard scrutateur de tout observateur aguerri. Trump met même l'élan des actions aux USA - depuis peu, la plus longue hausse de tous les temps - sur son propre compte. Mais il ne peut pas bénéficier du double boom. Au contraire, le bien faible taux d'approbations de sa politique fléchit à nouveau. Et en général, les républicains sont actuellement à la traîne. Lors des élections de mi-mandat prévues pour le 6 novembre, le Grand Old Party risque fortement de perdre la majorité à la Chambre des représentants. Même une conquête du Sénat par les démocrates n'est plus totalement exclue selon les sondages. Mais quelle est l'importance des midterms du point de vue des
investisseurs?

Les éventuelles réflexions susceptibles de donner lieu à une attente plutôt baissière ne manquent pas. Les démocrates victorieux pourraient ainsi contrecarrer la politique entrepreneuriale de Donald Trump et le bloquer avec une procédure de destitution. La première option aurait un mauvais impact direct sur les bénéfices des entreprises, un moteur principal du marché haussier des actions. La dernière option pourrait inciter le président US, poussé dans ses retranchements, d'avoir la main encore plus libre dans les affaires internationales en adoptant une politique étrangère et commerciale encore plus agressive. Mais la situation est-elle aussi sérieuse à ce sujet? Pas vraiment. Même si les démocrates obtiennent la majorité à la Chambre des représentants, ils peuvent difficilement arrêter le programme économique de Trump: la déréglementation se poursuivrait car les questions de réglementation sont largement entre les mains de la gouvernance de l'Etat. Même les réductions d'impôts ne pour­ raient pas être annulées car les démocrates n'auraient pas le poids politique nécessaire. En termes de relance, il est aussi très improbable que le parti réclamant un salaire minimum de 15 dollars et ayant pour slogan «Medicare pour tous», fasse soudainement preuve de discipline budgétaire. Il faut, bien au contraire, s'at­ tendre (une fois de plus) à un statu quo politique. Quant à toute action en justice pour destitution, nous estimons que pour l'heure, le risque d'une condamnation du président par le Sénat est faible. Sur le plan de la politique étrangère, un Trump agressé ne peut de toute façon pas devenir plus agressif. Après la menace d'une guerre nucléaire contre la Corée du Nord, la réintroduction de l'embargo pétrolier contre l'Iran et les droits de douane punitifs sur potentiellement toutes les importations en provenance de Chine, il faudrait beaucoup d'imagination pour déclarer d'autres (for)faits. Même si les «élections à mi-mandat» présentent un faible risque à notre avis, les développements outre-Atlantique ne nous rendent pas optimistes. En effet, pour le marché des actions, une impasse au Congrès est clairement la plus mauvaise des trois variantes possibles. Par ailleurs, l'escalade continue de la guerre commerciale avec la Chine demeure un facteur de risque. Le scénario négatif ferait fléchir les bénéfices des entreprises aux USA l'an prochain, ce qui mettrait le marché haussier sérieusement à l'épreuve.

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