Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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La Fed poursuit la normalisation des taux. Les tractations autour du budget italien pèsent.

Les USA poursuivent leur normalisation des taux. La Fed les a augmentés pour la troisième fois consécutive cette année. Le taux directeur est donc compris entre 2,0 et 2,25%, soit tout juste en dessous du niveau «neutre», que nous estimons à environ 3,0%. Désormais, la Fed ne définit plus sa politique des taux comme étant accommodante, en procédant de la sorte. Or, cela ne signifie pas qu'elle envisage de l'interrompre. La décision pour septembre a été unanime; par ailleurs, 12 des 16 membres du FOMC envisagent une nouvelle hausse également en décembre, contre 8 membres seulement en juin pour la même période. La forte dynamique économique, et le bon état de santé du marché de l'emploi plaident, eux aussi, selon nous, pour une poursuite sans interruption. Les hausses devraient se succéder en 2019 au même rythme, avec une tous les trimestres. Le président US, Donald Trump, n'a pas été trop enthousiaste face à cette évolution, se décrivant lui-même comme une «personne préférant les taux faibles». Or cela ne dissuadera pas la Fed de poursuivre son plan de normalisation. 

En même temps, les taux en hausse aux USA en 2019 et la modération en Europe laissent présager une différence d'intérêt plus importante. Côté Banque nationale suisse, nous tablons toujours sur une première hausse en septembre 2019 seulement. 

«En ce qui concerne les données économiques,
nous tablons sur des chiffres propices aux marchés financiers.»

Comme prévu, les marchés boursiers et obligataires italiens restent préoccupés par les tractations autour du budget italien pour 2019. La Lega et le Mouvement 5 étoiles ont perturbé le débat prévu sur le budget en Italie hier soir, revendiquant plus de dépenses. Selon eux, leurs promesses électorales ne sont pas suffisamment prises en compte dans les dépenses prévues pour l'an prochain. Le chemin vers une approbation du budget par toutes les parties est encore long, l'incertitude susceptible de peser sur les actions italiennes et l'euro ces prochains jours. 

En ce qui concerne les données économiques, nous tablons sur des chiffres propices aux marchés financiers. L'indice américain des directeurs d'achat devrait confirmer la forte conjoncture économique, évoquée par la Fed cette semaine. La valeur de l'indice a atteint, en août, son pic en plus de 14 ans, et devrait en faire de même pour septembre, selon nous. Les directeurs d'achat ne semblent pas (encore) impressionnés par les intérêts en hausse et les conflits commerciaux. L'indice correspondant pour les entreprises industrielles suisses dépasse largement les 60 points (moyenne de 20 ans: 54,2 points) et souligne le bon état de santé de l'économie.

L'essor économique plaide certainement en faveur de la hausse des prix du pétrole. Or, ce qui inquiète davantage est ce qui se passerait côté offre, si l'Iran exportait 1 mio de barils en moins chaque jour, en raison des sanctions US. Les autres producteurs de pétrole ne pouvant pas compenser cette baisse, nous nous attendons à ce que le prix du pétrole reste élevé. 

Graphique de la semaine 
Prix du pétrole toujours en hausse
Gros plan: conditions propices pour les obligations US high-yield

Les actions US atteignent de nouveaux sommets, dopés par la réforme fiscale de Trump. Or, tant les actions, que les obligations US à haut rendement, les soi-disant High Yield (HY) bonds, profitent du nouveau régime fiscal, en vigueur depuis fin 2017. Ce dernier permet en effet aux sociétés US, implantées dans le monde entier, de rapatrier leurs bénéfices, déposés à l'étranger, à des conditions relativement favorables. Désormais, elles doivent payer 15,5% d'impôts sur les actifs liquides, voire 8% sur les placements moins liquides, contre 35% auparavant appliqués sur les bénéfices rapatriés. Outre ces taux nettement plus bas, les entreprises disposent d'un délai de huit ans pour verser le montant de la taxe. 

«Les entreprises US profitent au maximum de la nouvelle possibilité
leur permettant de rapatrier les bénéfices à des conditions favorables.»

Les entreprises US profitent au maximum de cette nouvelle possibilité, leur permettant de rapatrier les bénéfices à des conditions favorables (cf. graphique). Selon les informations du Ministère américain du commerce, les entreprises ont rapatriés, au deuxième trimestre, USD 169,5 mia de bénéfices déposés à l'étranger.  

Rapatriement des bénéfices  
Bénéfices des entreprises US rapatriés aux USA, en mia USD

Malgré son niveau nettement inférieur par rapport au premier trimestre, la somme est toutefois supérieure à la moyenne à long terme, et dispose d'un potentiel énorme. Selon les estimations, les entreprises pourraient rapatrier jusqu'à USD 3 trio. Le groupe Apple accumule, à lui seul, environ USD 252 mia de bénéfices déposés à l'étranger, d'après Bloomberg.  

Les émetteurs US d'obligations HY profitent, d'une part, de ce rapatriement de fonds, dans la mesure où il leur permet de les utiliser afin de rembourser leurs dettes. D'autre part, tant la baisse de la charge fiscale, résultant de la réforme, que l'économie US, en plein essor et qui devrait rester sur sa trajectoire de croissance robuste en 2019, malgré une dynamique qui s'essouffle, jouent en leur faveur également. Les chiffres clés du crédit (cf. graphique) se sont donc nettement améliorés, ce qui se reflète dans l'attractivité des obligations HY US.  

Les chiffres clés des émetteurs d'obligations US HY s'améliorent 
HY-Leverage-Ratio* et HY-Coverage-Ratio**

Dans ce contexte, toute quote-part en obligations devrait, selon nous, être complétée par la catégorie HY, dans le cadre des objectifs stratégiques et tactiques du portefeuille.  

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