Performance rime avec diversité des genres

Anna Bretschneider, Baillie Gifford

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Flexibilité et mentorat, deux armes pour attirer et retenir les «top guns» féminins dans une industrie à dominance masculine.

Le recrutement de personnel devrait être axé sur les compétences et le talent, et non pas sur le genre. Pourtant, en 2023 et alors que la pénurie de personnel qualifié était un problème majeur pour de nombreuses entreprises, les femmes ne représentaient encore qu’un pourcentage relativement faible des conseillers financiers, des gérants de fonds et des cadres supérieurs du secteur de la gestion de patrimoine. 

Ce déséquilibre est dommageable. En effet, diverses études ont montré que les équipes diversifiées sur le plan des genres obtiennent, au fil du temps, de meilleurs résultats que celles qui sont plus homogènes. Le secteur reste néanmoins dominé par les hommes et rares sont les femmes qui occupent les postes les plus élevés dans la gestion de fonds de placement. Elles se cantonnent encore aux fonctions «junior».

Chasse aux idées fausses

Comment expliquer cette disproportion et quels sont les défis qui se posent aux femmes dans le secteur de la gestion de fortune? L’un des plus importants vient de la croyance que ce secteur serait mal adapté au travail féminin. Nombre de jeunes femmes hésitent à entamer une carrière dans la gestion de patrimoine, dont la perception est que cette activité rime avec longues heures de travail, niveau de stress élevé, horaires exigeants et faible compatibilité avec les obligations familiales. 

Le manque de diversité des genres dans la gestion de patrimoine restera un défi tant que ce secteur ne travaillera pas à améliorer son image.

Si l’on ne remet pas en cause cette réputation du secteur et si l’on ne crée par un environnement plus inclusif qui permette de concilier plus facilement vie professionnelle et vie familiale pour les deux genres, la situation ne pourra guère évoluer. 

La pandémie liée au Covid-19, aussi terrible qu’elle ait été, a néanmoins eu une conséquence positive, à savoir qu’elle a amené à repenser les modes de travail. Elle a démontré que le travail à domicile pouvait être aussi, voire plus productif que celui effectué en présentiel. Ce constat a amené de nombreuses entreprises à adopter des approches plus flexibles, une évolution qui aurait été impensable avant la pandémie.

Un deuxième défi vient du fait que les modèles féminins sont encore rares. Les femmes qui souhaitent faire carrière dans le secteur de la gestion de patrimoine peuvent avoir des difficultés à trouver un mentor ou un responsable susceptible de les aider à se frayer un chemin dans cet environnement très compétitif. Faute de ce soutien, elles peuvent très vite se sentir isolées au point de décider en fin de compte de quitter ce secteur pour s’orienter vers des carrières plus satisfaisantes et plus inclusives. Elles risquent aussi de ne tout simplement pas postuler pour un emploi dans ce domaine. 

L’ESG un modèle du genre

L'un des rares points positifs semble être l'investissement ESG (environnemental, social et de gouvernance) où la répartition des genres est largement inversée. Dans un secteur à forte dominance masculine, les femmes sont toujours plus nombreuses à briser le plafond de verre et à s’y faire un nom. Nombre de femmes actives dans l’investissement ESG sont motivées par la possibilité d'investir dans des entreprises qui ont un impact social et environnemental positif tout en générant de bonnes performances financières.

Le succès des femmes dans ce domaine est certes encourageant, mais il ne doit pas masquer le fait qu’il est une exception et non pas la règle. Le manque de diversité des genres dans la gestion de patrimoine restera un défi tant que ce secteur ne travaillera pas à améliorer son image. Pour créer un environnement plus favorable aux femmes et plus inclusif, la gestion de patrimoine devra recourir à des solutions innovantes qui lui permettront de mettre en place des stratégies qui offrent des possibilités de mentorat ou de parrainage, qui favorisent la flexibilité au travail, qui s’attaquent aux biais inconscients et à la discrimination et qui promeuvent une culture de la diversité et de l’inclusion. De plus, pour mettre en place une culture d’entreprise dans laquelle nul ne se sente mis à l’écart, l’adhésion et le soutien des dirigeants masculins sont indispensables.

L’inclusion réussie des femmes dans l'investissement ESG montre que le changement est possible. Les entreprises sont en mesure d’attirer et de retenir les talents féminins pour autant qu’elles relèvent les défis propres à ce genre et qu’elles créent un environnement de travail mieux adapté et plus flexible. C’est ainsi qu’elles pourront améliorer leurs performances. Si certaines entreprises ont déjà clairement progressé dans cette voie, d'autres doivent encore combler leur retard. Il est primordial que le secteur dans son ensemble prenne toute la mesure de l’importance de la diversité des genres et qu’il s’engage activement  afin que tous les professionnels de la gestion de fortune bénéficient d’un avenir plus inclusif et plus équitable.

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