Obligations vertes: vers une nouvelle ère

Dany da Fonseca, Candriam

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Tiré par une réglementation accrue, le marché des obligations Euro Investment Grade (IG) devient de plus en plus durable avec de nouvelles catégories d’obligations.

L'essor de la transparence qui en découle devrait renforcer l'intérêt pour le marché du crédit durable en Europe. Cependant, définir une entreprise durable reste complexe en raison de la diversité des entreprises et leurs stratégies. Par exemple, les sociétés financières, représentant 35% de l'indice Euro IG, nécessitent une vigilance accrue sur leurs bilans souvent opaques. Certaines entreprises de services collectifs seront cruciales pour atteindre la neutralité carbone, d'autres beaucoup moins. Comprendre leurs stratégies et besoins en capital dans le cadre du Pacte vert pour l'Europe exige une analyse approfondie, d’autant plus que l’évaluation de la solvabilité est complexifiée par l'intensité du capital requis et les délais de réalisation des projets.

Le crédit IG est fondamentalement asymétrique: au mieux, il rembourse comme prévu, au pire, rien. Rarement réévaluées à la hausse, ces obligations sont cependant souvent sujettes à des accidents de crédit, source d’inquiétude. Les gagnants sont les investisseurs avisés identifiant les risques à prendre et évitant les écueils. La gouvernance, facteur extra-financier, a longtemps été considérée comme indicateur de solvabilité. Chez Candriam, nous croyons fermement que les facteurs environnementaux et sociaux, jouent également un rôle crucial dans l’analyse des risques.

La trajectoire vers la neutralité carbone pourrait devenir un risque financier et extra-financier.

L’«obligation verte» peut désigner soit des obligations finançant un projet environnemental spécifique, soit l’ensemble des obligations vertes, sociales ou durables (GSS). Depuis sa création en 2007, ce marché des GSS a atteint 1’800 milliards d'euros soit 45% de croissance sur les cinq dernières années.

Deux éléments en apparence insignifiants nous semblent clés pour ce marché. Le premier est le renforcement d’ici la fin de l’année 2024 des normes relatives aux obligations vertes. Cette nouvelle directive, EU Green Bond Standards, va entre autres introduire une revue obligatoire des obligations par une entité indépendante, offrant ainsi plus de transparence.

Pour le second élément, regardons maintenant de plus près la complexité des obligations liées à la durabilité. Le coupon de ces obligations est conditionné à la réalisation d'un objectif durable, indicateur clé de performance, spécifié dans les documents d'émission. Ce peut être une entreprise qui émet une obligation dont le coupon est lié à la réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre dans les 2 ans suivant l'émission. Si l’entreprise atteint cette objectif, elle bénéficie d’un coupon réduit de quelque 25 points de base (pb). En cas d’échec, les investisseurs reçoivent une rémunération supplémentaire de 25 pb, semblable à une prime d'assurance.

Ces obligations sont intéressantes car elles obligent l'entreprise émettrice à annoncer ses objectifs et les progrès réalisés. Ainsi, toutes les parties prenantes bénéficient d’une transparence accrue sur la durabilité de l'entreprise. Cette transparence supplémentaire pourrait inciter le marché du crédit à accorder davantage d'importance aux aspects durables des émetteurs.

Dès lors, la trajectoire vers la neutralité carbone pourrait devenir un risque financier et extra-financier. Le Forum économique mondial considère en effet les événements météorologiques extrêmes dus au réchauffement climatique comme le risque majeur à dix ans et le deuxième à court terme.

C'est pourquoi, nous utilisons dès à présent, l'empreinte carbone comme indicateur de reporting pour nos portefeuilles crédit durable. L’évaluation de l'empreinte carbone du portefeuille nous semble une étape clé vers une mesure plus concrète du risque financier, que le portefeuille soit durable ou non.

Nous pensons que cette transparence accrue augmentera l'intérêt pour la durabilité sur les marchés obligataires européens mais nécessitera une analyse fondamentale minutieuse et une tarification précise des risques, récompensant in fine, ceux qui font l’effort. Cela devrait offrir des opportunités pour les investisseurs actifs. Raison pour laquelle nous sommes convaincus que performance financière et durabilité seront bientôt au cœur des portefeuilles Euro IG.

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