Nouvelle route de la soie, quelles performances en deux ans?

Salima Barragan

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«La fermeture des frontières n’a pas changé l’orientation du projet», estime Freddy Wong d’Invesco.

Il y a deux ans, nous publions une série d’articles sur le projet de la nouvelle Route de la Soie (Belt and Road Initiative - BRI), lancée en 2013 sous l’impulsion du président Xi Jinping, pour connecter physiquement la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Asie Centrale, l’Europe mais aussi l’Afrique, par voies routières, ferroviaires et maritimes. Alors que la pandémie a frappé ces pays dont certains ont provisoirement fermé leurs frontières, le projet a-t-il changé d’orientation? Quelles sont les performances de certaines des obligations liées au projet depuis deux ans? Le point avec Freddy Wong, CIO de la région Asie Pacifique chez Invesco.

La Chine renégocie des accords financiers avec les pays membres

La pandémie a mis les finances des pays émergents sous pression, en particulier ceux dont les profils de crédit sont les plus risqués, donc plus vulnérables aux secousses économiques. «Nous avons observé une baisse globale sur les obligations émergentes de 15,2%, mais encore davantage dans les pays durement impactés par le recul du tourisme comme les Maldives et la Thaïlande», explique Freddy Wong. Pour le gérant, l’impact du COVID-19 sur les pays asiatiques émergents impliqués dans le projet BRI serait atténué par les renégociations des prêts chinois dans le but de maintenir l’activité économique du couloir sino-pakistanais. 

Les nouveaux prêts pèsent sur la qualité de crédit des pays émergents
et propulsent certains ratios d’endettement public au-delà d’un seuil critique.

Des mesures de soutien qui intéressent, à leur tour, de nouveaux candidats à l’initiative. «La Chine a rééchelonné les paiements des dettes et a même accordé des rallonges», explique-t-il. A côté de ces concessions chinoises, le FMI a soulagé plus de 80 pays et la World Bank a alloué près de 60 milliards de dollars d’aide.

Obligations souveraines en USD: des rendements positifs sur deux ans

Cependant, ces nouveaux prêts pèsent sur la qualité de crédit des pays émergents et propulsent certains ratios d’endettement public au-delà d’un seuil critique. Par exemple, la Chine vient de prêter 20 milliards supplémentaires au Pakistan. Un montant qui s’additionne aux 55 milliards de dollars US qu’elle lui avait octroyés il y a plus de deux ans. En 2019, la note du Pakistan avait déjà été abaissée à B- mais le marché ne semble pas s’inquiéter outre mesure d’un éventuel deuxième déclassement. «Aujourd’hui, l’obligation pakistanaise en dollar US à échéance 2036 avec un coupon de 7,875% se négocie à 99,7. Le rendement total pour la dernière année a été de 8,08%. Le rendement total pour les deux dernières années a été de 25,79%», commente le spécialiste.

La République d'Indonésie a été revalorisée l'an dernier à BBB.

D’autres obligations affichent des performances encore plus hautes. La République d'Indonésie a été revalorisée l'an dernier à BBB. «L'obligation indonésienne en USD arrivant à échéance en 2048 avec un coupon de 4,35% se négocie à 120,7. Le rendement total pour l'année dernière était de 12,68% et pour les deux dernières années a été de 41%», explique Freddy Wong. Au Kazakhstan, l’obligation kazakhe à échéance 2045, pour un rating identique, offre un coupon de 6,5%. Son prix est de 164,6. Le rendement total pour l'année écoulée a été de 20,11% et 48,33% sur deux dernières années.

…ainsi que pour les obligations en Renminbi

China Construction Bank a émis en 2014 une obligation offshore Belt and Road Infrastructure libellée en CNY, ce qu’on appelle un Dim Sum Bond, qui arrive à échéance en 2024 avec un coupon assorti de 4,08%. L'obligation se négocie actuellement à 104,2. Le rendement total pour la dernière année a été de 4,64% et 14,06% sur deux ans.

Surfant sur la tendance de la finance durable, la NDB avait émis une obligation à faible liquidité de 3 milliards de renminbi arrivant à échéance en 2021 avec un rendement actuel de 3,85%. Elle se négocie à 100,5, avec un rendement de 3,09% et de 9,51% respectivement sur un an et deux ans.

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