Microfinance le long des routes de la Soie: la Russie

Luca Pellegrini, Mikro Kapital

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Aujourd’hui les petits projets à haut potentiel manquent de financement; la microfinance est une solution.

Le système bancaire en Russie s’est considérablement transformé durant ces dernières années, en termes de régulation, d’avancées technologiques et de considérations éthiques. Les organes financiers internationaux y ont désormais toute leur place, à condition de pouvoir s’adapter au modèle bancaire local. Mais les principaux défis restent ceux de savoir naviguer le marché, et la concurrence des acteurs locaux qui connaissent aussi bien le terrain que les règles du jeu.  

Dans ces conditions, il devient essentiel d’identifier un marché de niche dans lequel s’installer, et à partir duquel collaborer avec les banques russes. Ces dernières n’assurent en effet pas un certain nombre d’activités de financement et de production, dont les risques et les coûts associés sont considérés trop élevés – les dits «financements de projet»-. Ceci résulte dans l’exclusion quasi-automatique de certains acteurs de taille réduite. Or, il est plus que jamais nécessaire aujourd’hui de donner l’accès au financement à ces acteurs et aux projets de petite taille mais potentiellement très rémunérateurs.

La microfinance n’est pas soumise aux mêmes restrictions ou limitations
que les banques, notamment au niveau de leur politique de risque.

Les PME en Russie comptent actuellement pour environ 23% du PIB – en comparaison, les PME comptent pour plus de 90% de l’ensemble des entreprises en Suisse-. Beaucoup de travail a déjà été réalisé dans les dernières années pour y développer l’esprit entrepreneurial, et l’on compte déjà plus de 6,2 millions de micro, petites et moyennes entreprises sur l’ensemble du territoire employant quelques 26,3% de la main d’œuvre nationale. Ce chiffre est en augmentation rapide, augmentation favorisée par la reprise économique qui accompagne la remontée des cours du pétrole. Il est utile de noter à ce titre que la Russie a été en mesure de couvrir ses besoins budgétaires grâce au renchérissement du baril, qui a dépassé la barre des 50 dollars.

La microfinance constitue à cet égard un outil intéressant pour aider au financement des PME. Elle n’est pas soumise aux mêmes restrictions ou limitations que les banques, notamment au niveau de leur politique de risque, et peut s’articuler à une échelle très localisée. En cela, elle s’inscrit bien dans la nouvelle manière de penser la globalisation, amenée notamment par la pandémie de coronavirus. Sans remettre nécessairement en question le caractère inarrêtable de cette globalisation, il n’en émerge pas moins également un besoin de localisme, de retour à une plus grande production domestique pour certaines denrées. En mobilisant des acteurs locaux, qui connaissent le potentiel et les agents de la région, la microfinance représente un retour salutaire à une forme d’économie réelle, bien souvent négligée par les grandes institutions financières.

De la même manière que la Russie fait figure de passerelle entre l’Europe et l’Asie, d’autant plus dans le cadre des nouvelles routes de la soie, la microfinance peut relier les acteurs financiers internationaux avec des entreprises et des projets de petite ou moyenne taille en manque de financement. Elle peut également répondre à l’intérêt accru auquel on peut s’attendre pour le pays, en tant que pourvoyeur d’investissements.

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