Les PME vaudoises sont optimistes et réactives

Jean-Pascal Baechler, BCV

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La BCV a demandé aux PME vaudoises dans un sondage comment elles se sont adaptées à cette crise et comment elles envisagent les prochains mois.

Comment les PME vaudoises envisagent-elles la reprise après le semi-confinement décrété pour freiner la propagation du coronavirus? Comment se sont-elles adaptées et quelles mesures comptent-elles prendre? Peu après l’assouplissement des mesures de sécurité en lien avec le Covid-19, la BCV a demandé aux PME vaudoises dans un sondage comment elles se sont adaptées à cette crise et comment elles envisagent les prochains mois.

Trois thèmes ressortent de ce sondage, qui font chacun l’objet d’un article sur pointsforts, la plateforme d’information de la BCV:

Coronavirus: 40% des PME optimistes pour la reprise

Près de quatre PME vaudoises sur dix sont optimistes ou très optimistes en ce qui concerne les perspectives de reprise. Selon les résultats d’un sondage réalisé par la BCV, elles sont ainsi deux fois plus nombreuses que celles qui sont pessimistes et très pessimistes (un peu plus de deux sur dix). Les plus optimistes sont les grandes PME et les indépendants. L’appréciation diverge fortement entre les branches: les sentiments les plus positifs se trouvent notamment dans la construction et les activités immobilières, le commerce de détail, l’informatique ou la santé. À l’inverse, le pessimisme est notamment présent dans l’hébergement et la restauration ainsi que dans les arts et les activités récréatives.

La crise du Covid-19 a profondément assombri les perspectives conjoncturelles. Le sondage réalisé entre le 15 mai et le 29 mai dernier avait pour objectif d’évaluer le moral des PME vaudoises après la levée de nombreuses mesures de sécurité destinées à freiner la propagation du virus et leur réaction à la crise. Il a été effectué par la cellule Études et analyses clients de la BCV sur un échantillon représentatif. 536 PME vaudoises ont répondu et la marge d’erreur est de 4,2%.

Comme d’autres indicateurs, tels que la chute de plus de 5% du PIB vaudois attendue cette année, ce sondage met en évidence l’ampleur de la dégradation des perspectives conjoncturelles. Avant la crise du coronavirus, seules 4% des PME jugeaient leur situation mauvaise. Au moment du sondage, soit après un peu plus d’un mois et demi de confinement partiel, près de 40% des entreprises sondées jugeaient l’impact à court terme sur leur activité comme négatif, deux fois plus que celles qui le jugeaient positif.

Pour les douze mois à venir, les perspectives s’améliorent. Certes, les avis restent partagés et 48% des PME vaudoises anticipent une baisse de leurs ventes. En revanche, elles sont 41% à ne pas anticiper de déclin de leur chiffre d’affaires et même 11% à attendre une progression dans l’année à venir.

En matière de nature de la reprise, quatre entreprises sur dix tablent sur une reprise de l’activité à l’identique. Parmi les six autres, celles qui veulent se recentrer sur l’essentiel, ce qui correspond à une réduction de leur périmètre d’activité, sont plus nombreuses (trois entreprises) que celles qui envisagent de croître (deux sociétés). Le reste des réponses concerne notamment la vente ou la transmission de l’activité, un rachat ou, dans quelques cas, l’arrêt de cette dernière.

En revanche, les entreprises sont quasi unanimes: la relance de l’activité passe aussi par la reprise des contacts avec les clients. Sept entreprises sur dix ont fait la démarche. Le canal le plus utilisé est l’e-mail, suivi du téléphone ou de la combinaison des deux.

Comment les PME s’adaptent à la crise du coronavirus

Les PME vaudoises ont rapidement réagi après le début de la crise du Covid-19. Ainsi, lors de la période de semi-confinement, entre mi-mars et début mai, un tiers d’entre elles a cherché de nouveaux canaux de distribution, notamment sur internet, selon les résultats d’un sondage réalisé par la BCV. En ce qui concerne l’avenir, un quart des PME envisage de revoir son business plan, notamment en adaptant l’approche de marketing et de vente. Et le développement des canaux digitaux devrait se poursuivre.

En complément des questions sur leur confiance dans la reprise, la BCV a interrogé les PME vaudoises sur les mesures prises en réaction au semi-confinement et sur les démarches pour l’avenir. Le sondage a été effectué par la cellule Études et analyses clients de la BCV entre le 15 mai et le 29 mai dernier sur un échantillon représentatif. 536 PME vaudoises ont répondu et la marge d’erreur est de 4,2%.

Deux fois plus de boutiques en ligne

Ainsi, la plupart des points de vente ont dû fermer à la mi-mars et il a fallu vendre à distance. Le nombre d’entreprises disposant de leur propre boutique en ligne ou qui vendent via une autre plateforme (place de marché) a presque doublé. Quant au nombre d’entreprises utilisant la visioconférence, il a triplé. Des canaux traditionnels, tels que les commandes par téléphone ou les ventes à l’emporter, ont également gagné en importance.

Pour l’avenir, un quart des PME envisage aussi de revoir son business plan, en particulier parmi celles qui ont ressenti le plus fortement l’impact négatif de la crise. Les principales adaptations imaginées concernent le marketing, la vente et la gamme de produits (~30%). Les objectifs peuvent cependant être divergents, puisqu’il s’agit soit de dynamiser l’activité commerciale, soit de réduire les coûts.

Tandis que certains (~20%) imaginent une diversification dans de nouveaux produits, services ou domaines d’activité, d’autres (~15%) pensent au contraire à la concentration sur l’essentiel ou les clients les plus rentables. La gestion des coûts et de la trésorerie (~10%) ainsi que l’organisation (~7%) font également partie des pistes envisagées. Parmi les plus optimistes, quelques entreprises parlent d’investissement, d’acquisition ou de recrutement de personnes aux compétences spécifiques et pointues.

Accélération de la digitalisation

Plus généralement, près d’une entreprise vaudoise sur deux pense que des nouvelles idées d’affaires vont émerger. La digitalisation est en bonne place dans les pistes évoquées, avec des produits digitaux ou des ventes et des conseils à distance, afin de mieux correspondre aux nouvelles attentes des clients. Les produits locaux ou les services de proximité sont aussi perçus par les entreprises comme étant de nouvelles opportunités, de même que la vente à l’emporter et la livraison. Plusieurs entreprises associent aussi l’adaptation de l’offre à une volonté d’être plus respectueuses de l’environnement.

En revanche, comme une majorité des PME travaillent et s’approvisionnent dans le canton ou en Suisse, la volonté de relocaliser une partie de l’activité et des achats ne concerne qu’une minorité d’entre elles. Ainsi, 4% des PME vaudoises imaginent relocaliser partiellement ou totalement leurs opérations. En ce qui concerne l’approvisionnement, 8% des entreprises vaudoises songent à une relocalisation totale ou partielle.

Une minorité envisage une baisse d’effectifs

En matière d’emploi, la crise du Covid-19 conduit 18% des entreprises à prévoir une diminution des effectifs durant l’année à venir. Selon la taille des entreprises, cela concerne principalement les petites sociétés (de 10 à 49 emplois). En termes de nature de l’activité, les plus touchées sont les PME actives dans l’hébergement et la restauration. En revanche, 70% des entreprises tablent sur une stabilité de leur personnel. 12% pensent même engager, le plus souvent toutefois sans lien avec des opportunités créées par la situation actuelle.

Plus de télétravail avec le coronavirus. Et après?

Semi-confinement et écoles fermées ont souvent été synonymes de travail à distance. Ce mode de fonctionnement a été intensifié dans les PME vaudoises qui le connaissaient déjà et introduit dans de nombreuses autres: ainsi, la part des PME qui permettent à leurs collaborateurs de travailler à distance a pratiquement doublé, passant de 23% à 41%. Presque tous les domaines sont concernés, et plus de 70% des entreprises sont satisfaites par la productivité de ce mode de travail.

En complément des questions sur leur confiance dans la reprise, la BCV a interrogé les PME vaudoises sur les mesures prises en réaction au semi-confinement, notamment le télétravail. Le sondage a été effectué par la cellule Études et analyses clients de la BCV entre le 15 mai et le 29 mai dernier sur un échantillon représentatif. 536 PME vaudoises ont répondu (télétravail: réponses de 443 entreprises de plus d’une personne) et la marge d’erreur est de 4,2%.

En ce qui concerne les activités, de par leur nature, l’agriculture, le commerce automobile ou l’hébergement et la restauration, notamment, connaissent moins que la moyenne le travail à distance. À l’inverse, le commerce de gros, les métiers de l’information et de la communication, les activités spécialisées et scientifiques ainsi que les activités immobilières et de services sont plus concernés.

Le travail à distance sera-t-il maintenu? À l’avenir, près de la moitié (46%) des 18% de PME qui ont introduit le travail à distance pendant la crise comptent le maintenir. À l’inverse, 38% pensent y renoncer et 16% ne savent pas encore. Au final, la crise du Covid-19 pourrait avoir fait passer de 23% à au moins 32% la part des PME vaudoises pratiquant le télétravail. La taille ou le secteur de l’entreprise ne semblent pas influencer la poursuite ou non de ce mode de travail à l’avenir.

Le travail à distance est aussi envisagé dans le cadre d’une réduction des surfaces de bureau utilisées, dans une optique de réduction des coûts. D’autres mesures sont envisagées, selon le sondage, telles que l’adaptation de l’amplitude des horaires ou l’adaptation des locaux ou des outils de production.

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