Commerce romand: le défi des achats en ligne

Communiqué, BCV

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Les chiffres d’affaires ont reculé de 7,7% entre 2008 à 2018. Genève (-3%) et le Valais (-5,3%) ont été moins touchés. À l’inverse, de Neuchâtel (-14,0%) et du canton de Vaud (-12,1%).

Les cantons romands sont différemment concernés par la transformation du commerce de détail. Sous l’effet de la concurrence du e-commerce et du tourisme d’achat, ainsi que d’une baisse des prix dans le domaine non alimentaire, les chiffres d’affaires ont reculé de 7,7% entre 2008 à 2018 sur le plan romand. Fribourg (-1,5%), Genève (-3%) et le Valais (-5,3%) ont été moins touchés. À l’inverse, le Jura (-9,1%), Neuchâtel (-14,0%) et Vaud (-12,1%) ont plus ressenti les effets de ces évolutions, comme le montre une analyse figurant dans la 12e étude sur le PIB romand présentée ce jour.

À côté des causes structurelles, la démographie est un autre facteur clé de cette évolution, relève l’étude publiée par les six banques cantonales romandes, en collaboration avec l’Institut CREA et le Forum des 100 du quotidien Le Temps. Ainsi, dans les cantons de Fribourg et du Valais, le commerce bénéficie de la hausse de la population. En revanche, le Jura et Neuchâtel ressentent les effets d’une démographie moins dynamique. À Genève, la position de pôle régional et la consommation des frontaliers et pendulaires contribuent à soutenir le commerce. Dans le canton de Vaud, le repli observé durant la décennie écoulée suit une forte hausse des ventes au détail durant les dix ans qui ont précédé.

La baisse des ventes se reflète dans l’évolution de l’emploi. Ainsi, entre 2008 et 2018, le commerce de détail romand a perdu près de 6100 emplois (-6,8%) et les effectifs de la branche ont baissé à 84'000 personnes, selon des estimations élaborées par l’institut de recherches économiques BAK Economics pour le compte des banques cantonales romandes. Dans ce domaine également, les baisses sont moins importantes à Fribourg et en Valais que dans les cantons du Jura, de Neuchâtel et de Vaud. À Genève, l’emploi dans le commerce a même légèrement augmenté.

Croissance reposant sur une base large
Avec une croissance de 2,9%, l’économie romande a connu en 2018 sa meilleure année depuis 2010. La hausse du produit intérieur brut (PIB) romand a reposé sur une base large, comprenant les branches manufacturières, avec notamment des exportations s’inscrivant à un niveau record, ainsi que les activités tournées vers la demande interne et les services.
Pour 2019 et 2020, les perspectives se dégradent en raison de l’affaiblissement de l’économie mondiale, selon les prévisions publiées par les six banques cantonales romandes, en collaboration avec l’Institut CREA et le Forum des 100 du quotidien Le Temps. Cette année, si les branches tournées vers la demande domestique devraient continuer de soutenir la croissance, un ralentissement est attendu dans les activités manufacturières. La croissance romande devrait ainsi ralentir à 1,2% en 2019. Un rebond à 1,7% est envisagé l’an prochain.
La dégradation de l’environnement mondial s’explique notamment par un ralentissement de la croissance de la zone euro et par l’intensification des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Les prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI) pour cette année ont été revues à la baisse. Cependant, le FMI attend une embellie l’an prochain, dont devraient bénéficier les activités manufacturières en Suisse romande.

Pour le commerce de détail, l’année 2008 a constitué un tournant. Un peu plus de dix ans après son apparition et malgré les doutes à son égard au moment de l’explosion de la bulle internet au début des années 2000, le e-commerce a commencé à s’imposer comme un concurrent sérieux et un facteur de changement structurel. Parti de pratiquement zéro au milieu des années 1990, il représente aujourd’hui environ un dixième des achats des ménages suisses, selon le cabinet d’études de marché GfK. L’année 2008 a aussi vu le début d’une baisse de 30% du cours de l’euro lié à l’éclatement de la crise financière mondiale, augmentant d’autant le pouvoir d’achat des Romands à l’étranger. Combiné à l’essor des vols à bas coût et des courts séjours en Europe, cela a favorisé le développement du tourisme d’achat, dont la part dans les achats des ménages a augmenté, atteignant environ un dixième.

À l’intérieur de la branche, plusieurs divergences sont observables. L’évolution de l’emploi montre que les transformations en cours touchent plus les centres-villes que les périphéries, ces dernières ayant notamment profité du développement des centres commerciaux et des hypermarchés. Une autre différence concerne les commerces alimentaire et non alimentaire. Dans l’alimentaire, les ventes et les prix ont été moins sous pression, et le e-commerce est peu développé (2,5% des achats en 2018). Pourtant, l’emploi y a fortement reculé (-17,3% en Suisse romande entre 2008 et 2016). Cette baisse, qui avait débuté bien avant 2008, s’explique schématiquement par la course à la productivité, avec des surfaces de plus en plus grandes nécessitant de moins en moins de personnel.

À l’inverse, dans le domaine non alimentaire, les ventes se sont repliées et les prix ont chuté, en raison notamment de la globalisation et de la production de nombreux biens dans des pays à bas coût. Le e-commerce est aussi très présent dans ce domaine (16% des achats). Paradoxalement, l’emploi a légèrement progressé (+1,6%), ce qui reflète, entre autres, le développement de chaînes de grandes surfaces spécialisées dans divers domaines (sports, accessoires et habillement, décoration, etc.). Cette dynamique a toutefois marqué le pas.

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