Comparée à l’ensemble du commerce de détail, la valeur des biens commandés en ligne a représenté 9,6% du total. Reste que cette croissance est attribuable pour plus d’un tiers à des groupes basés au-delà des frontières
L’e-commerce a connu une nouvelle année florissante en Suisse, avec une croissance de 10% du volume de marchandises livrées en 2017. Comparée à l’ensemble du commerce de détail, la valeur des biens commandés en ligne a représenté 9,6% du total. Reste que cette croissance est attribuable pour plus d’un tiers à des groupes basés au-delà des frontières, une tendance qui se confirme d’année en année.
«Au cours des cinq dernières années, la croissance des prestataires étrangers a été plus de trois fois supérieure à celle de leurs homologues suisses», relève mardi la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW) dans la 10e édition de son rapport annuel sur l’e-commerce dans la Confédération.
Pour les auteurs du rapport, le fait que l’américain Amazon améliore ses processus d’exportation vers la Suisse ou que le géant chinois Alibaba investisse massivement dans ses réseaux logistiques européens ne sont pas de bon augure. Et la tendance devrait se poursuivre, selon les professionnels de la branche.
Les expectatives concernant la montée en puissance des distributeurs basés à l’étranger ont constamment progressé depuis cinq ans, et aujourd’hui, neuf sondés sur dix estiment que la part de marché de ces entreprises sera encore appelée à se renforcer ces prochaines années.
Les experts de la FHNW ont classé les distributeurs étrangers en trois catégories. La première («Industry dominator») est menée par Amazon en raison de son hégémonie sur les marchés et de sa capacité à fidéliser la clientèle. Dans la deuxième («Online category killer»), Zalando se distingue par son orientation client «sans compromis». La troisième regroupe les prestataires chinois, dont «le niveau de prix se situe en deçà de toute réalité économique en Suisse».
Du côté des distributeurs suisses, la résistance s’organise. Le rapport souligne l’énorme engagement de Galaxus et Siroop en 2017, même si le groupe Coop – propriétaire de Siroop – a annoncé fin avril qu’il jetait l’éponge pour la fin de l’année et transférerait son offre en ligne sur la plateforme Microspot.
Les auteurs considèrent «exemplaire» la stratégie d’expansion de Galaxus Digitec sur le marché allemand. «En se développant à l’international, Galaxus a accès aux gammes de produits et aux conditions d’achat du marché européen». Grâce à l’automatisation du dédouanement et de l’importation en régie propre, la plateforme contrôlée par Migros est en mesure de «compenser les désavantages d’une entreprise suisse».
En termes de perspectives, les professionnels de la branche se montrent plutôt pessimiste, malgré des conditions-cadre économiques qualifiées de «bonnes». Les mesures mises en place par les acteurs traditionnels dans le domaine de la numérisation n’ont pas été suffisantes pour «assurer aux entreprises une position prometteuse dans le monde du commerce en ligne».
Dans le meilleur des cas, celles-ci sont parvenues à ralentir la perte de parts de marché. Parmi les rares avantages concurrentiels des entreprises suisses, les spécialistes de la FHNW signalent les infrastructures logistiques internes, là où la plupart des rivaux étrangers a recours aux services de La Poste, ce qui ne leur permet pas de se distinguer à ce niveau.
Le changement structurel que connaît la distribution de marchandises et de services aux consommateurs finaux se poursuit. «Au vu du développement des nouvelles technologies et des projets sur lesquels planchent actuellement les leaders de la branche, il est évident que cette transformation va continuer», concluent les auteurs de l’étude.