Les mines d’or explosent

Salima Barragan

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«Plus le cours de l’or grimpe, plus les chiffres d’affaires des sociétés aurifères sont conséquents», estime Arnaud du Plessis de CPR AM.

Nous avons déjà abordé le come-back de l’or mais ne nous sommes pas encore penchés sur les sociétés aurifères qui surfent la vague haussière du métal jaune. Plus volatiles que l’or, elles démultiplient les hausses comme les baisses des cours. Après des années de vaches maigres pour les mines d’or en pleine restructuration financière, Arnaud du Plessis, Gérant actions spécialisé sur l’or et les ressources naturelles chez CPR AM, estime qu’il est temps de revenir sur ces entreprises transformées en véritables machines à cash. Décryptage.

Des sociétés à bêta élevé

Du 1er janvier à fin juillet, l’indice* sur les sociétés aurifères a bondi de 47% contre 30% pour l’once d’or; c’est dire que le levier de performance est d'environ 1,6 fois le cours l’or. Les résultats des mines étant bien évidemment liés au prix de vente de l’or, la corrélation entre l’évolution de son cours et les valorisations des sociétés productrices s’est souvent vérifiée: «Sur le long terme, on observe un levier de 2,5 fois sur l’or, et ceci dans les deux sens car les mines amplifient les hausses, mais aussi les baisses. Dans les périodes de rebond, les mines d’or démultiplient jusqu’à 5 fois la performance», explique Arnaud du Plessis. Une relation qui est aussi répliquée synthétiquement sur des produits à effet de levier sur l’or.

«Lorsque le marché du crédit s’est asséché en 2008,
certaines sociétés aurifères ont été asphyxiées pour disparaître ensuite.»

Plus volatiles que le métal, les sociétés aurifères ne sont ainsi pas considérées comme des actifs défensifs à l’instar du métal précieux. Elles comptent leurs propres problématiques industrielles et financières, susceptibles les empêcher de profiter pleinement des flambées de l’or. Ainsi, lors de la hausse des cours entre 2008 et 2011, leur manque de discipline financière et les risques de pertes dans le sillage de la crise de Lehman Brothers ont pesé sur leurs valorisations. «Ce sont des sociétés à très forte intensité capitalistique. Aussi, lorsque le marché du crédit s’est asséché en 2008, certaines ont été asphyxiées pour disparaître ensuite», souligne Arnaud du Plessis. Puis les mines d’or ont entamé une longue restructuration financière, d’où une nouvelle contre-performance lors du cycle de baisse entre 2011 et 2015 (-45% versus -80%).

Une performance bien en retrait du potentiel

Alors que les cours de l’or ont dépassé leur point haut de septembre 2011, les mines d’or n’ont pas encore répliqué cette évolution record. «Lorsque les cours sont remontés en 2016, leurs marges se sont comprimées et elles furent pénalisées par les investisseurs», explique Arnaud du Plessis. Les valorisations actuelles ne semblent pas encore refléter l’amélioration de leur structure financière: «Elles sont toujours en retrait de 27,5% par rapport à leur point haut de 2011, bénéficiant pourtant de fondamentaux bien meilleurs, et notamment de bilans beaucoup plus solides. Les investisseurs n’ont toujours pas pris en considération leurs perspectives bénéficiaires, pourtant elles sont devenues des machines à cash», conclut le spécialiste.

* L’indice NYSE Arca Gold Miners NTE (en dollar US)

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