Record historique pour l’or! Rattrapage en vue des mines?

Arnaud du Plessis & Vafa Ahmadi, CPR AM

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Les flux d’investissement en faveur des fonds exposés à cette thématique ont brusquement accéléré ces dernières semaines.

Nouveau record historique pour l’or à $1’983,4/oz!!! Il a fallu 9 ans pour que le point haut observé en septembre 2011 ($1’921,2/oz) soit dépassé. Cinquième mois de hausse consécutif pour le métal jaune dont les cours clôturent à $1’975/oz, en progression de $192/oz (+10,8%). Quant aux mines aurifères, elles ont bondi de 17,65% ($), offrant un levier de performance de ~1,6x par rapport à l’or.

A fin juillet, leur performance depuis le début de l’année était de +46,8% ($) (NYSE Arca Gold Miners TR) contre +29,75% ($) pour le métal jaune, avec aussi un levier de performance de ~1,6x par rapport à l’or.

L’environnement demeure toujours extrêmement favorable à la thématique de l’or et des mines! L’effondrement de l’économie mondiale à un niveau sans précédent – chute du PIB US de -31%, en annualisé au deuxième trimestre (!), incitant les banques centrales à maintenir, et même à accentuer leurs mesures de soutien exceptionnelles, a rendu à la relique barbare tout son éclat. L’intérêt des investisseurs pour la thématique de l’or et des mines revient avec force, et les flux d’investissement en faveur des fonds exposés à cette thématique ont brusquement accéléré ces dernières semaines. Les mines d’or, dont la performance demeure toujours très en retrait de celle du métal jaune depuis septembre 2011, conserve un potentiel d’appréciation très significatif.

La tendance demeure très haussière. Le franchissement de la zone de résistance à $1’790/1’803/oz (sommets d’octobre 2012, février 2012 et novembre 2011) puis du sommet de septembre 2011 à $1’921/oz a donné une indication très positive.

Cette sortie de consolidation a pris la forme d’une cuvette parfaite. Rappelons que durant le précédent cycle haussier de l’or (2001-2011), les cours avaient bondi de plus de $1’650/oz : $254/oz > $1’921/oz, avant d’entamer une consolidation de quatre ans et demi, et un retracement de ~ 50% ($875/oz – 52,5%) à $1’046/oz. Le franchissement du point haut de septembre 2011 permet d’espérer une poursuite du mouvement avec pour cible ~2’700/2’800/oz, soit une vague haussière depuis le point bas de décembre 2015 équivalente à celle observée en 2001-2011, et aussi à l’amplitude de la cuvette de consolidation observée sur la période 2011-2020. Les cycles haussiers de l’or étant de l’ordre de 10 ans, cet objectif pourrait être envisagé à horizon 2025.

Les premiers points intermédiaires sont à $2’125/2’130/oz et $2’255/oz, projection à 123,6% et 138,2%.

Soutien toujours très fort du côté des marchés directeurs de l’or. A commencer par les taux réels US dont ceux à 10 ans qui ont enfoncé le point bas observé en 2012 (-0,92%), terminant le mois à-1,03%. Le dollar US participe aussi à la fête, se dépréciant de près 4% sur le mois contre les principales devises (Dollar Index). La remontée des anticipations inflationnistes, illustrée par la hausse de près de 20pb des taux «break even» US 10 ans à 1,55%, renforçant l’intérêt pour les TIPS, a conforté cette tendance.

Très nette accélération des achats en ETF adossés à l’or physique avec des encours totaux atteignant un nouveau record historique à 3’357 tonnes. L’équivalent de plus de 150 tonnes ont été accumulés en juillet, soit 777 tonnes depuis le début de l’année. Le record de 2009 (644 tonnes) a été pulvérisé en seulement 7 mois!

Le World Gold Council a publié son rapport trimestriel toujours très attendu quant à l’évolution de l’offre et de la demande d’or. Dans un environnement très perturbé par la crise sanitaire liée au COVID-19, et sans surprise, la demande a été très affectée et s’est contractée de 11% (1'015,7t) par rapport à la même période l’année dernière. Sur les 6 premiers mois de l’année, la demande ressort ainsi en retrait de 6% (2’076t).

A l’exception de l’investissement, toutes les autres composantes de la demande se sont inscrites en net retrait au deuxième trimestre, et par conséquent pour le premier semestre, par rapport aux périodes correspondantes en 2019.

La demande bijoutière a été particulièrement affectée par le COVID-19, affichant un recul supérieur à 50% au deuxième trimestre 2020 par rapport à 2019 (251,5t vs 529,6t > -53%), avec un effondrement de la demande indienne (-74% à 44t) et un recul assez marqué également en Chine (-33% à 90,9t). Ce faisant, la demande bijoutière pour le premier semestre a totalisé 572t seulement, un niveau historiquement bas pour un premier semestre, inférieur de presque la moitié par rapport à la moyenne observée sur 10 ans: 1’106t.

Les banques centrales ont été aussi à la peine Durant cette période, accaparées par la gestion de la crise sanitaire. Ainsi n’ont-elles accumulé «que» 114.7t au deuxième trimestre contre 231,7t au deuxième trimestre 2019 (-50%), pour un total de 233t au premier semestre, en retrait de 39% par rapport à 2019 (385,7t).

Même tendance du côté de la demande industrielle, en baisse significative de 18% au T2 2020 (66,6t vs 80,7t au T2 2019), fortement impactée par le segment électronique en contraction de 14% à 55,6t vs 64,5 en 2019.

Côté investissement, bien que très contrastée dans le détail, la demande a littéralement explosé au deuxième trimestre, totalisant 582,9t, presque le double de celle observée en 2019 (295t). Pour l’ensemble du premier semestre, la demande d’investissement s’est établie à 1130,7t, pour une valeur totale de $60 Mds, un record!

Plus en détail, si la demande en ETF adossés à l’or physique a plus que quintuplé au deuxième trimestre par rapport à la période correspondante en 2019 (434t vs 76,1t), la demande en lingots et pièces, en revanche, s’est contractée de près d’un tiers à 148,8t contre 218,9t en 2019, avec un recul particulièrement marqué en Inde de 56% (19,8t vs 44,5t), à l’image de la demande bijoutière.

L’offre a été aussi affectée par le COVID-19, nombreuses sont les mines qui ont dû fermer quelques semaines/mois durant la période. Ainsi, la production minière a baissé de 10% au deuxième trimestre (776.8t vs 863.2t au T2 2019) et le recyclage s’est contracté de 8% (285.7t vs 310.6t au T2 2019). Pour l’ensemble du premier semestre, la production minière a baissé de 5% (1603.6t), et pour la première fois depuis 2008, revenant à son niveau du premier semestre 2014. La Chine a été particulièrement affectée, avant un retour rapide à la normale.

Autres Métaux Précieux

Rebond spectaculaire de l’argent en juillet. Depuis le point bas observé en mars à moins de $12/oz ($11.64/oz), les cours de «l’or du pauvre» ont plus que doublé, terminant le mois à $24.4/oz, en hausse de près de 34%, après un point haut touché à $26.2/oz. De fait, le «Mint Ratio» (ratio Gold/Silver) s’est fortement contracté, revenant à 81x contre un point haut historique observé en mars à 125x. Malgré cette performance, il demeure toujours très au-dessus de la moyenne observée ces 10, 20 et 30 dernières années à 69.4x, 65.8x et 68x.

Très forte activité également du côté des ETF adossés à l’argent métal, avec des encours bondissant de presque 3’000 tonnes en juillet, atteignant un nouveau record avec l’équivalent de 27'320 tonnes, en progression de 8’445t depuis le début de l’année…

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