Les bonnes (et mauvaises) questions sur l’investissement durable et les rendements

Carola van Lamoen, Robeco

2 minutes de lecture

Se concentrer uniquement sur les rendements financiers, c'est oublier que les investisseurs veulent aussi réduire les risques et renforcer l'impact positif.

La question de savoir si l'on veut réaliser une performance ou investir de manière durable n'est pas la bonne question. Une performance qui correspond aux attentes des clients est une condition préalable à tout produit d'investissement. La bonne question est donc de savoir quels sont les critères d'une performance ajustée au risque et comment le budget de risque peut être utilisé pour intégrer les préférences en matière de durabilité.

La bonne question

La question de la performance ou du placement durable n'est pas la bonne question, elle conduit à un faux dilemme. Une performance correspondant aux attentes des clients est une condition préalable à tout produit de placement. La bonne question est celle des critères de rendement ajustés au risque et de la manière dont le budget de risque du client peut être utilisé pour intégrer ses préférences en matière de durabilité.

Tout d'abord, il s'agit d'évaluer l'impact financier des questions de durabilité. Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peuvent présenter à la fois des risques et des opportunités pour les entreprises et les pays. C'est un devoir fiduciaire de comprendre et d'examiner ces aspects dans le cadre du processus d'investissement. En outre, les investisseurs souhaitent de plus en plus orienter leurs portefeuilles vers des impacts positifs. 

Pour l'intégration ESG, le point de départ est la matérialité financière. 

Les critères ESG permettent des évaluations plus complètes

Les critères ESG peuvent servir de «signal d'alerte précoce» pour les risques qui ne sont pas encore pris en compte dans l'évaluation des actifs. Les tendances en matière de climat et de transition peuvent avoir une incidence négative sur les rendements futurs des entreprises et conduire à des actifs échoués. La prise en compte des critères ESG d'importance financière permet des évaluations plus complètes, et donc l'identification précoce d'opportunités d'investissement.

Cependant, il n'existe pas de solution unique. Parfois, les questions ESG sont essentielles pour les décisions d'investissement, et parfois elles ne sont pas pertinentes. Dans le domaine des crédits, par exemple, l'analyse ESG signale dans environ 25% des cas des risques cachés pour l'entreprise qui influencent les décisions d'investissement. En ce qui concerne les actions, l'impact est plus fort, avec plus de 50% des cas influencés par les questions ESG. Ces résultats sont cohérents, étant donné la nature à long terme des analyses ESG et le fait que l'horizon temporel pour évaluer les actions est indéterminé. Les crédits, en revanche, ont tendance à avoir des horizons plus courts.

Le dialogue avec les actionnaires peut apporter des changements positifs

Pour l'intégration ESG, le point de départ est la matérialité financière. Cela diffère de l'évaluation de l'impact de nos investissements sur la société, où la matérialité de l'impact est le point de départ. Les investisseurs peuvent décider activement d'allouer des capitaux aux entreprises qui ont un impact positif et de se détourner des entreprises qui causent un préjudice (important). En outre, le dialogue actionnarial et le vote peuvent entraîner des changements positifs au sein des entreprises investies.

L’impact des investissements sur la société dans son ensemble

En utilisant l'importance de l'impact comme objectif d'investissement, il est naturel de s'interroger sur l'impact des investissements sur la société dans son ensemble. Cette approche aide les investisseurs à mieux se préparer pour l'avenir. Dans le cadre du suivi des mesures réglementaires, nous partons du principe que les entreprises devraient s'attendre à payer pour des externalités négatives telles que les émissions de carbone et la destruction de la biodiversité, ce qui signifie qu'elles auront un impact financier important à long terme. Dans ce cas, il est important pour un investisseur de comprendre l'impact potentiel de ces décisions sur la performance de son investissement. 

Des recherches supplémentaires sont nécessaires

Le secteur de l'investissement a définitivement besoin de plus de recherches sur le lien entre la performance et les différentes approches d'investissement durable. Lorsqu'il s'agit d'intégrer la durabilité et la performance des placements, il est important de se poser les bonnes questions: Quelles sont les préférences de l'investisseur en matière de durabilité, quels sont ses objectifs financiers et comment les combiner judicieusement? L'intégration des préférences en matière de durabilité dans une stratégie de placement ne diffère pas de l'intégration d'autres préférences institutionnelles telles que la région, la monnaie ou la liquidité. Il n'y a aucune raison de les traiter différemment.

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