Le tournant défensif face au spectre de la stagflation

Emmanuel Ferry, Evooq

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Un cycle plus mature implique d’être plus défensif. L’opportunité défensive Value est à considérer pour 2022, a fortiori si l’on maintient une surpondération en Actions.

La reprise économique postpandémie entre dans une phase plus mature, donc plus volatile. Les indicateurs d’activité ont connu un pic au printemps, tout comme la dynamique reflationniste enclenchée en mars 2020. Les effets positifs liés aux politiques de stimulation de la demande se heurtent désormais à de fortes tensions sur l’offre, ce qui crée des pressions sur les prix et fait planer la menace d’un environnement de stagflation, à l’image de la situation qui prévalait dans les années 1970. Les actions défensives représentent une opportunité dans cet environnement de croissance plus incertaine et plus vulnérable. Après une forte sous-performance lors de la phase initiale de la reprise, elles bénéficient désormais d’une valorisation attractive en regard de leurs fondamentaux, et d’un profil rendement/risque plus attractif.

Les investisseurs souhaitant protéger leur portefeuille contre un ralentissement du cycle ont le choix entre renforcer l’exposition aux actions de croissance séculaire (comme les FAANG+ aux Etats-Unis, ou les KOHL en Europe, qui regroupent les leaders du luxe, statut qu’avaient les Nifty Fifty dans les années 1960 et 1970), ou introduire les actions défensives. Ces deux profils ont en commun d’être peu corrélés au cycle économique et se distinguent principalement par leur prime de risque. La croissance séculaire est chère, et sa valorisation qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années reflète une croyance solidement ancrée dans le maintien d’une croissance nominale faible (croissance atone sans inflation).

Le stock picking repose sur des mesures de risque, de stabilité des fondamentaux, et de valorisation.

Les actions défensives ont tendance à s’apprécier lors des phases de ralentissement mais leur valorisation se normalise quand le cycle repart, comme lors des derniers mois. Elles permettent aujourd’hui d’apporter une protection à faible coût contre un ralentissement du cycle. Après avoir surperformé début 2020, les actions défensives ont fortement sous-performé entre mars 2020 et février 2021, c’est-à-dire au plus fort de la reprise postpandémie. Un tel comportement est normal et a notamment été observé lors des récessions de 2001 et de 2008. Maintenant que la reprise cyclique très directionnelle entame une transition vers une phase plus mature, les actions défensives offrent un couple rendement-risque intéressant avec un haut niveau de convexité, caractéristique nécessaire lors de phases de marché plus risquée.

Il est possible de construire des portefeuilles d’actions défensives, présentes dans tous les secteurs, qui ont un niveau d’endettement inférieur à celui du marché et des multiples de valorisation raisonnables. Ce type de profil est à privilégier au vu de la multiplication des incertitudes macro-financières et du contexte général d’endettement excessif. Le stock picking repose sur des mesures de risque, de stabilité des fondamentaux, et de valorisation. De telles portefeuilles défensifs Value présentent des décotes de valorisation de 30 à 50% par rapport à des titres de croissance séculaire. Le spectre de la stagflation semble le catalyseur le plus évident pour revoir son allocation Actions et la faire pivoter dans un sens plus défensif à un prix raisonnable.

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