Les contours du nouveau cycle

Emmanuel Ferry, Evooq

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Le prochain cycle sera plus intense en structures productives et en main d’œuvre, par opposition au précédent cycle numérique.

Les investisseurs ne peuvent ignorer les risques et les opportunités liés à un éventuel changement de régime, induit par une transition vers un environnement d'inflation plus élevée et un boom massif des dépenses d'infrastructure. Si cela se confirme, cela aura des implications majeures pour les marchés financiers et l'allocation d'actifs. 

Après une décennie dominée par les peurs déflationnistes, l'absence de croissance économique et la transformation numérique, la prochaine décennie pourrait être davantage portée par l'inflation, un cycle de dépenses publiques productives et la recherche de solutions pour relever les défis de la durabilité tout en favorisant la croissance économique. Le choc du COVID-19 pourrait être considéré comme l'apogée de la transformation numérique et le catalyseur d'une nouvelle tendance structurelle, avec un objectif de neutralité carbone au niveau mondial. Ce cycle physique séculaire - basé sur les infrastructures, les énergies renouvelables et les actifs réels, après un cycle exclusivement numérique, donc immatériel et désinflationniste - définirait un nouveau cadre de croissance, politique et social à l'échelle mondiale. Cette grande bifurcation pourrait déclencher une nouvelle réallocation des capitaux. 

L’effort d’investissement à déployer au niveau global
est significatif, et portera sur plusieurs décennies.

Les politiques budgétaires actives et procycliques sont largement encouragées par les banques centrales, ce qui confirme la fusion de fait des instruments monétaires et budgétaires. Nous avons le plus gros soutien budgétaire en temps de paix et les taux d’intérêt au plus bas niveau historique. C’est une grande différence avec la gestion de la crise financière, qui a été principalement menée par la politique monétaire. Près de 70% du PIB mondial s’est d’ores-et-déjà engagé pour parvenir à la neutralité carbone à horizon 2050. Les Etats vont établir de nouvelles normes, réglementations et standards, qui vont réorienter l’épargne vers une croissance potentielle dont les bases vont être profondément renouvelées. Le prochain cycle sera donc plus intense en structures productives et en main d’œuvre, par opposition au précédent cycle numérique. Il va s’agir de rénover et remplacer tout ce qui nous entoure: maisons, voitures, avions, bateaux, équipements du ménage, bureaux, …

L’effort d’investissement à déployer au niveau global est significatif, et portera sur plusieurs décennies. De nombreuses questions subsistent, comme le niveau élevé de l’endettement global comme point de départ, les délais de réalisation des grands plans d’infrastructures publiques, ou encore les menaces de dé-globalisation et de fragmentation politique. Toutefois, la crise pandémique a eu le mérite d’enclencher un reset du cycle économique et financier, avec comme perspectives un nouveau régime de croissance. Les portefeuilles ont déjà commencé à pivoter dans ce sens.

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