Le crédit profite de l’accalmie

Axel Botte, Ostrum AM

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Semaine sans tendance sur les taux, quelques statistiques mitigées aux Etats-Unis et le retour des flux sur le crédit.

Le calme semble revenir sur les marchés de taux en fin de semaine après une remontée brutale de la semaine précédente. Le T-note avoisine 3,50% pris en étau entre le durcissement du discours des banques centraux et des données inégales dans les économies occidentales. Les nouvelles macroéconomiques chinoises confirmaient en revanche le redressement de la croissance et du solde extérieur. La saison des résultats engendre aussi son lot de surprises et de volatilité. Le crédit se resserre malgré l’inertie, voire le nouvel élargissement des swap spreads et des indices de crédit (iTraxx Crossover notamment). Le dollar est stable, ce qui n’empêche les prises de profits sur certaines devises (dollar néo-zélandais) pourtant soutenues dernièrement par leurs Banques centrales. Parallèlement, la volatilité des actions demeure réduite.

Risque d’un atterrissage brutal de l’économie

Sur le plan économique, les données chinoises attestent d’une reprise de l’activité. La croissance trimestrielle du PIB ressort à 2,2% au premier trimestre (+4,5% sur un an). La relance monétaire de grande ampleur observée entre janvier et mars témoigne des objectifs gouvernementaux d’une croissance proche de 5% cette année. Le rebond de la consommation et l’amélioration de l’extérieur solde alimentent la reprise économique mais l’investissement, y compris l’investissement direct étranger, poursuit son ralentissement. Le solde extérieur chinois s’améliore aussi grâce au réchauffement des échanges asiatiques. Les défis notamment sur le plan démographique de la Chine sont pourtant considérables. En zone euro, les enquêtes apparaissent quelque peu décevantes dans le secteur manufacturier mais l’activité de services confirme une embellie économique. Outre-manche, l’inflation continue de surprendre à la hausse à 10,1% en mars. La banque d’Angleterre est aussi confrontée à des hausses de salaire supérieures à 6%. La nécessité de relever encore les taux. Aux Etats-Unis, l’activité dans le secteur du logement semble avoir atteint un plancher. L’investissement résidentiel devrait encore peser sur la croissance, qui avoisinera 2% au premier trimestre (en termes annualisés). Le Livre Beige indique un durcissement localisé des conditions de crédit, notamment à New York. John Williams, président de la Fed de New York, semblait pencher pour un statu quo monétaire après une dernière hausse notamment en raison des conditions de crédit.

Le risque souverain reste une source de stabilité. La dette souveraine émergente en dollars (492pb, +6pb) subit néanmoins quelques rachats qui se replacent cependant sur les marchés en devises locales.

Le T-note américain a brièvement cassé le plafond des 3,60% à 10 ans. Les enquêtes auprès des investisseurs attestent d’un consensus revenu à la neutralité (ou modérément vendeur). Le faible ratio des volumes traités d’options de vente par rapport aux options d’achat traduit la mise en œuvre de couvertures du risque d’un atterrissage brutal de l’économie. Cette asymétrie à la baisse des taux s’observe aussi dans la valorisation du 2 ans qui peine à intégrer un statu quo prolongé de la Fed. Le marché n’est pas encore prêt à valider ce scénario, ce qui entretient la situation d’inversion de la courbe des taux. Le redressement graduel de la volatilité sur les taux longs laisse néanmoins envisager un retour d’une prime de terme. Le Bund reste soumis au marché directeur et le Gilt sous-performe sous le poids d’une inflation toujours forte. Le marché primaire souverain et assimilés était assez lourd la semaine passée avec 32 milliards d’euros dont un succès avec l’inflation italienne à 5 ans mais les flux entrants sur les fonds témoignent de l’intérêt des investisseurs. Les spreads souverains résistent encore. L’OAT s’échange autour de 56pb et la dette italienne se maintient invariablement à 185pb. Le risque souverain reste une source de stabilité. La dette souveraine émergente en dollars (492pb, +6pb) subit néanmoins quelques rachats qui se replacent cependant sur les marchés en devises locales.

Le marché du crédit observe un retour de la demande avec une collecte d’1 milliard d’euros environ sur les ETF dédiés. Le marché primaire présente 8 transactions dont 5 émissions de dettes d’entreprises non-financières toutes bien accueillies par le marché. Les fonds avaient conservé des liquidités à réemployer. Toutefois, les indices synthétiques s’écartent de nouveau et la liquidité du secondaire reste parcellaire (fourchette de prix assez larges) malgré un environnement favorable au resserrement. Le high yield est aussi animé avec un primaire un peu plus actif. Les rendements offerts sont attrayants (au-delà de 10% pour une émission B-). Le marché des AT1 battu en brèche à la suite de la faillite de Crédit Suisse montre signe de vie avec une première transaction de Sumitomo au Japon.

Le marché des actions est étale cette semaine avec des publications de résultats en ordre dispersé. Le S&P 500 enchaine trois séances baissières consécutives alors que l’Europe tient conformément aux réallocations favorables au Vieux continent depuis le début de l’année. Le compte de capital des Etats-Unis révèle d’ailleurs des flux vendeurs nets d’actions américaines les non-résidents. L’automobile européenne subit les annonces erratiques en matière de stratégies de prix de Tesla. Les banques profitent, un temps, des tensions sur les taux avant de se replier.

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