L'appétit pour le risque refait surface

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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La reprise va être lente et mouvementée, mais tant que la situation actuelle se poursuivra, le climat restera favorable.

Le principal sujet de discussion des dernières semaines reste inchangé. Les données économiques supérieures aux attentes continuent de rivaliser avec les risques associés à la hausse des cas de COVID. Dans ce contexte, la tendance haussière s'est quelque peu essoufflée, mais l'appétit pour le risque semble maintenant reprendre. Ainsi, même si les inquiétudes concernant une deuxième vague et le risque associé à une diminution des dépenses de consommation subsistent, les bonnes nouvelles continuent de tomber.

Les données économiques continuent globalement de surprendre à la hausse, avec des indices proches des niveaux record. La Chine bénéficie de son statut de premier entré, premier sorti, les exportations faisant preuve d'une résistance surprenante tout au long du deuxième trimestre, même si la demande intérieure a été plus lente à se redresser. Concernant les données américaines, celles-ci ont été particulièrement solides et devront probablement rester robustes afin de soutenir le moral des investisseurs. En Europe, les données progressent constamment, tout en restant en dessous des niveaux d'avant la crise. Mais surtout, l'accord sur le fonds de relance de 750 milliards d'euros, qui prévoit l'émission d'une dette commune par la Commission européenne et l'octroi de subventions aux pays européens les plus touchés, change la donne pour les perspectives à long terme du vieux continent. Parallèlement, aux États-Unis, les négociations sur la «phase 4» du plan de relance américain avancent lentement, mais un accord est attendu et nécessaire pour la reprise et pour la confiance des marchés.

L'élection américaine devrait entraîner une plus grande volatilité
à l'approche du scrutin, mais pas une baisse brutale des marchés.

Même mouvementés, tant que la reprise se poursuivra, les marchés devraient continuer à progresser. Certes, un certain nombre d'obstacles se dressent sur le chemin, mais ils seront surmontés, probablement avec une plus grande volatilité, mais avec des corrections mineures. Le sentiment et le positionnement restent baissiers, les niveaux de liquidités sont élevés et le soutien budgétaire et monétaire devrait se poursuivre. La plupart des investisseurs ont raté le rebond jusqu'à présent et il est probable que les corrections constituent de meilleurs points d'entrée pour le long terme, ce qui suggère que la baisse est plus limitée.

Par ailleurs, aucun des scénarios de risque à venir ne devrait faire dérailler complètement la reprise. Aucun nouveau blocage général n'est prévu, car les cas semblent atteindre un pic dans un certain nombre d'États du sud des États-Unis, mais surtout parce que les niveaux d'hospitalisation restent gérables. En outre, les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine resteront contenues et n'entraîneront pas de conséquences économiques importantes. L'élection américaine devrait entraîner une plus grande volatilité à l'approche du scrutin, mais pas une baisse brutale des marchés. En outre, les résultats du deuxième trimestre se sont jusqu'à présent révélés meilleurs que prévu. Il est donc possible de privilégier une approche positive sur les actions.

À l'inverse, il faut s’attendre à ce que les marchés obligataires restent «moroses», avec des rendements souverains faibles à long terme grâce aux actions des banques centrales. À mesure que les marchés actions progresseront, les écarts de crédit devraient également reprendre leur tendance à la baisse. Une préférence peut être maintenue pour le crédit de qualité investissement plutôt que pour le haut rendement où le risque de défaut persiste, bien que des opportunités sélectives existent. La dette des marchés émergents continue d'offrir des opportunités, en particulier les entreprises dont la monnaie est moins volatile et dont les spreads ne se sont pas encore redressés de manière significative.

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