La Turquie et la Grèce: des pays voisins très éloignés sur le plan économique

Andrew Rymer, Schroders

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L’un présente des perspectives parmi les plus brillantes des marchés émergents, l’autre parmi les plus sombres.

Bien que la Grèce et la Turquie soient voisines sur le plan géographique, le contraste économique entre les deux pays ne pourrait être plus marqué.

Il s’agit de petits marchés dans le contexte de l’investissement en actions des marchés émergents internationaux, mais au cours des dix dernières années, les difficultés de leurs deux économies ont fait l’objet d’une actualité importante. La Grèce a subi les effets douloureux d’une crise de la dette souveraine qui aurait pu lui coûter sa place au sein de la zone euro. Parallèlement, la Turquie, l’un des «cinq fragiles» d’origine, est sur une trajectoire économique dégradée depuis plus de cinq ans.

Aujourd’hui, la Grèce connaît une reprise économique soutenue par des réformes structurelles à long terme, tandis que la Turquie doit faire face à un ajustement économique urgent pour éviter une crise plus profonde.

Qu’en est-il des valorisations?

Les valorisations, sur la base des z-score combinés, sont globalement bon marché pour les deux marchés par rapport à leur moyenne historique. Elles intègrent le ratio cours/bénéfices glissant, le ratio cours/bénéfices à 12 mois, le ratio cours/valeur comptable et le rendement du dividende. Bien que la Grèce ne semble pas attractive par rapport aux autres marchés émergents sur une base «z-score», elle offre des perspectives de croissance économique plus stables et axées sur les réformes par rapport à d’autres marchés présentant un profil de risque beaucoup plus faible qu’historiquement.

Par rapport à l’ensemble des marchés émergents, les deux marchés sont nettement inférieurs à la moyenne de l’indice sur la base d’un ratio cours/bénéfices à 12 mois et du ratio cours/valeur comptable.

Le coût de l’assurance de la dette grecque a diminué et est désormais inférieur à celui de l’Italie. En revanche, le coût de l’assurance de la dette turque a triplé au cours des cinq dernières années.

Bien que les valorisations puissent sembler raisonnablement bon marché sur les deux marchés, la devise constitue une préoccupation majeure pour investir en Turquie. Compte tenu des difficultés macroéconomiques auxquelles elle est confrontée, la livre devrait rester sous pression à court terme.

Quels sont les risques?

La perception du risque à l’égard de la Grèce a considérablement diminué ces dernières années. Une politique budgétaire plus maîtrisée, dans le sillage des plans de sauvetage à long terme, a été positive. Le retour de la Nouvelle Démocratie en 2019 a renforcé la confiance dans la viabilité financière. En conséquence, le coût de l’assurance de la dette grecque a diminué et est désormais inférieur à celui de l’Italie. En revanche, le coût de l’assurance de la dette turque a triplé au cours des cinq dernières années. Le graphique ci-dessous montre ce coût, mesuré par le spread des swaps de défaut collatéralisés sur les emprunts d’État à cinq ans.

Notre point de vue

Nous continuons de privilégier la Grèce. Il est fort probable que la Nouvelle Démocratie conserve le pouvoir au terme du deuxième tour des élections, ce qui permettrait de poursuivre le programme des réformes. La Grèce est encore au début de sa convalescence. Ses perspectives de croissance économique sont solides, avec le soutien du Fonds pour la relance de l’UE, et les valorisations du marché restent globalement attractives.

Nous conservons une opinion négative à l’égard des actions turques. De graves déséquilibres économiques persistent et le risque de change persiste. La nomination d’un nouveau ministre des Finances et d’un nouveau gouverneur de la banque centrale apporte de l’expérience et une approche plus orthodoxe dans l’élaboration des politiques. Toutefois, le manque de crédibilité du gouvernement, à la suite d’une série de revirements politiques ces dernières années, nous incite à rester prudents. Cela dit, si la stabilité macroéconomique peut être rétablie, la Turquie offre un vaste potentiel d’opportunités boursières. Il existe un grand nombre d’entreprises intéressantes dotées d’équipes dirigeantes solides dans lesquelles investir.    

Alors que des mesures initiales sont prises en Turquie pour ajuster la politique et donner une trajectoire plus durable à l’économie, des risques importants subsistent. Dans l’intervalle, les marchés vont s’interroger sur la pérennité de cet engagement. Autour de la mer Egée, les perspectives n’ont jamais été aussi prometteuses en plus de 15 ans.

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