La tendance s’améliore pour le secteur du gaz et du pétrole

Sophie Rabréaud, Indosuez Wealth Management

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On observe une réorientation stratégique vers la génération de flux de trésorerie, car la phase de croissance de l'industrie appartient au passé.

©Keystone

En hausse depuis novembre 2020, les prix du pétrole se sont encore accélérés lorsque les membres de l'Opep+ ont décidé de limiter l'offre en début d’année 2021 et, plus récemment, en raison de tempêtes de neige aux Etats-Unis ayant limité la production au Texas. Organisée le 4 mars dernier, la réunion du JMMC a surpris les marchés et conduit à une nouvelle augmentation des prix du pétrole de 5%. Autour des 64 dollars le baril, le cours du pétrole WTI est désormais nettement supérieur à sa moyenne de long terme (53,00 dollars le baril pour la période 2015-2019), ainsi qu’à sa moyenne de 2019 (56,90 dollars). 

Les acteurs plus faibles se sont réorganisés l'année dernière,
ce qui contribuera à atténuer les pressions liées aux surcapacités.

La demande continuera de dépendre, en partie, d'une gestion efficace de la pandémie dans le monde et la consommation devrait rester bien en deçà de son niveau de 2019, notamment sur certains segments tels que le trafic aérien et les voyages (les compagnies aériennes représentent 7% de la consommation mondiale de pétrole). Début février, l'Agence d’information sur l’énergie prévoyait une production mondiale équivalente à la demande d'ici le troisième trimestre 2021. Compte tenu des contraintes supplémentaires pesant sur l’offre et de la remontée de la demande, liée aux nouvelles mesures de relance aux Etats-Unis, le déséquilibre pourrait toutefois persister, ce qui se traduira par des pressions à la hausse sur les prix. 

DES DÉFAUTS DE PAIEMENT EN RECUL 

Avec des prix du pétrole nettement supérieurs aux niveaux de 2020, les grandes entreprises du secteur de l'énergie devraient voir leur résultat opérationnel s’améliorer et les taux de défaut du secteur devraient reculer. Le secteur du pétrole et du gaz a été la principale source de défauts en 2020 – 52 émetteurs en défaut de paiement au niveau mondial, sur un total de 209 –, mais la tendance s'améliore ce qui s'explique par divers éléments:

  • Un risque de refinancement plus faible, grâce à des politiques monétaires accommodantes. Des entreprises désormais en mesure de lever des fonds et de faire face aux problèmes de liquidité et d'échéance de la dette;
  • Les acteurs plus faibles se sont réorganisés l'année dernière, alors que la consolidation du secteur bat son plein, ce qui contribuera à atténuer les pressions liées aux surcapacités;
  • Il est important de noter qu'on observe une réorientation stratégique vers la génération de flux de trésorerie, car la phase de croissance de l'industrie appartient au passé. Dans le contexte actuel, Moody's a révisé à la baisse le taux de défaut du secteur énergétique américain à 3,7% (contre 4,5% auparavant).
La pandémie a imposé aux entreprises
du secteur intermédiaire une expansion plus disciplinée.
Et un segment intermédiaire plus défensif

Les attributs structurels du secteur énergétique intermédiaire l'ont largement protégé de la forte baisse des prix des matières premières, car la plupart des actifs comprennent des infrastructures actives en permanence, liées à des contrats à prix fixe.

Après des années de forte croissance et de lourds investissements dans les infrastructures liées à l'énergie, la pandémie a imposé aux entreprises du secteur intermédiaire une expansion plus disciplinée. Moins agressives, ces dernières définissent des priorités et protègent leurs flux de trésorerie en réduisant leurs investissements. Ceux-ci ont baissé de 40% en 2020 et pourraient encore reculer de 20 à 25% en 2021, car la faiblesse des activités en amont, dans le domaine de l'exploration et de la production, ne justifie pas la mise en service rapide de nouvelles infrastructures intermédiaires.

La priorité des principaux acteurs de ce secteur intermédiaire est donc aujourd’hui clairement ciblée sur l’amélioration de la qualité de crédit.

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