La rentrée des marchés mondiaux

Axel Botte, Ostrum AM

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Une économie résiliente malgré les inquiétudes sur les prix de l'énergie.

©Keystone

Les rendements obligataires et les spreads de crédit sont proches de leurs niveaux de clôture du 30 juin et les actions ont rebondi cet été, mais il s'est passé beaucoup de choses dans l'économie et sur les marchés mondiaux.

Inflation persistante aux Etats-Unis

Malgré les risques de récession aux Etats-Unis et en Europe, on peut être surpris par la relative bonne tenue des données publiées depuis le début du mois de juillet. Un sentiment négatif perdure néanmoins à la lecture des indices des directeurs d’achat et des indices de confiance des consommateurs.

L'économie américaine s'est légèrement contractée au deuxième trimestre (-0,6% selon la deuxième estimation), mais la croissance solide de l'emploi et le taux de chômage à des niveaux historiquement bas (3,5%) ne semblent pas correspondre à un scénario de «récession». L'inflation est toujours élevée à 8,5% (IPC de juillet), mais la baisse des prix de l'essence a finalement apporté un soutien au consommateur américain au cours de l'été. Un soutien supplémentaire proviendra du plan de réduction de l'inflation de l'administration Biden et d'autres initiatives gouvernementales visant notamment à alléger la dette des étudiants. A ce stade, bien que certains prix se soient détendus, les pressions salariales et les attentes d'inflation élevées suggèrent que l'inflation pourrait persister jusqu'à la fin de l'année.

L’Europe s’en sort mieux que prévu

Dans la zone euro, la croissance économique a surpris à la hausse au deuxième trimestre. Le PIB de la France a augmenté de 0,5% tandis que l'Allemagne a enregistré une croissance modeste de 0,1%, mais bien meilleure que prévu étant donné les difficultés cycliques en Allemagne. La croissance a été encore plus forte en Italie et en Espagne, et il semble que le troisième trimestre pourrait même rester positif. Le tourisme en particulier profite largement de l'affaiblissement de l'euro vers la parité face au billet vert. Cela dit, certaines enquêtes d'activité pointent un ralentissement de la croissance dans les mois à venir. Les indices PMI, par exemple, sont tombés sous leur seuil de rentabilité de 50 dans les principales économies en juillet. Les enquêtes nationales en France (INSEE) et en Allemagne (IFO) brossent un tableau moins négatif.

Néanmoins, l'horizon s’assombrit. La crise énergétique s'aggrave. La Russie utilise le gaz pour sanctionner les pays soutenant l'Ukraine. En conséquence, les flux de gaz en provenance de Russie ont diminué et sont restés faibles même après les travaux de maintenance sur une turbine Nord Stream 1. De plus, les exportations américaines de gaz naturel liquéfié vers l'Europe ont été limitées par un incident survenu dans un terminal d'exportation au Texas. Les prix européens de l'électricité ont été multipliés par 10 par rapport à leur norme d'avant-guerre pour atteindre 1’000 euros le mégawattheure fin août. Les restrictions imposées aux flux énergétiques russes vers l'Europe augmentent les risques de baisse de l'activité l'hiver prochain. Les pénuries de gaz et d'électricité comportent de réels risques pour les mois à venir. Une récession catastrophique cet hiver est probable. Pour cette raison, l'UE a annoncé qu'elle interviendrait pour réguler les marchés de l'électricité.

Ne vous y trompez pas, les gouvernements de la zone euro ont agi avec force pour amortir le choc sur l'activité et soulager les ménages. Les transferts (20 milliards d'euros en France par exemple) ne peuvent cependant pas durer éternellement. Dans ce contexte, l'inflation de la zone euro restera élevée et pourrait même dépasser les 10% à l'automne. Le contexte d'inflation est encore pire au Royaume-Uni où le plafond des factures d'énergie sera relevé de 80% le premier octobre. Après la démission de Boris Johnson, des décisions difficiles devront être prises par le gouvernement qui sera formé début septembre. Les crises politiques ne concernent pas uniquement le Royaume-Uni. En Italie, le M5S a retiré son soutien au gouvernement de coalition. Mario Draghi a finalement démissionné et des élections générales auront lieu le 25 septembre. Les sondages actuels indiquent qu'une coalition d'extrême droite est probable, ce qui relance le sempiternel débat concernant la viabilité de la dette italienne.

En Asie, la Chine subit toujours un fort ajustement par suite de l'effondrement du secteur immobilier. De nombreux promoteurs immobiliers chinois sont en difficulté financière et incapables de terminer la construction de logements. L'effondrement de l'activité de construction a pesé sur les métaux industriels dont le cuivre et les métaux ferreux. Un boycott hypothécaire est une source d'inquiétude pour Xi Jinping qui vise un troisième mandat présidentiel inédit cet automne. Par ailleurs, la politique stricte de zéro-covid reste un frein à la relance de la croissance. Les confinements à Shanghai et à Pékin ont provoqué une contraction du PIB chinois de 2,6% au deuxième trimestre. La demande intérieure reste faible, ce qui explique en partie la baisse de l'inflation en Chine. L'inflation des prix à la consommation oscille autour de 2,7% en Chine.

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