La montagne d’Anchorage a accouché d’une souris

Alice Wang, Quaero Capital

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Nous constatons une grande volatilité du marché chinois, notamment après la réunion de la semaine dernière en Alaska entre la Chine et les Etats-Unis.

A l'heure actuelle, la chute de l’indice CSI 300 est de 14% par rapport à son plus haut, ce qui représente une baisse plus prononcée que celle induite par la pandémie de COVID l'année dernière (-12%). L’indice HSTech (le Nasdaq de la Chine) est en baisse de -25% par rapport à son plus haut, une chute similaire à celle liée au COVID l'année dernière (-27%). 

Nous pensons que rien de très significatif ne s’est passé lors de la réunion d’Anchorage et que cette réunion fait l’effet d’un pétard mouillé. On aurait pu croire que l'administration Biden serait sévère envers la Chine mais la riposte américaine n'implique, pour l'instant, que des mesures à l'encontre de certaines personnes et non des augmentations de taxes douanières. Nous pensons que les sanctions seront limitées aux industries clés pour la sécurité nationale – comme les semi-conducteurs – mais elles n’auront pas l’envergure des sanctions de l'administration Trump. 

Les sanctions dans les semi-conducteurs n'ont fait qu'exacerber
les problèmes de pénurie de puces, ce qui a nui à un secteur clé, l'automobile.

Il convient également de souligner que le type de sanctions, à large échelle connues sous l’ère Trump, ne ferait qu'aggraver les craintes inflationnistes aux Etats-Unis, ce qui poserait problème puisque les Etats-Unis sont toujours dans une phase de reprise plutôt fragile et que ses chaînes d'approvisionnement demeurent vulnérables. Par exemple, les sanctions dans le domaine des semi-conducteurs n'ont fait qu'exacerber les problèmes de pénurie de puces, ce qui a nui à un secteur clé, l'automobile. A ce stade, nous pensons que la position américaine – une agression somme toute de façade – est destinée à apaiser la population. Au besoin, Biden pourrait se montrer conciliant sur certaines questions en suspens, pour obtenir un soutien accru de la part de la Chine à l'avenir. Nous suivrons de près l'évolution du paysage géopolitique et réviserons nos opinions si nécessaire, mais nous ne sommes pas alarmés pour l'instant.

Nous continuons de penser que cette année ne sera pas marquée par des flux de capitaux passifs comme 2020, mais qu’elle fera la part belle à la sélection de valeurs sur tous les marchés. Nous venons d'assister à des ventes massives de tous les titres de croissance et à un engouement indiscriminé envers les titres value. Il y a eu beaucoup d'agitation dans le secteur de la croissance et il y a toujours beaucoup de déchets dans le secteur de la value. Bien que cette volatilité temporaire puisse se poursuivre, nous nous attendons à un environnement de stock-picking plus rationnel où la performance sera obtenue par les fondamentaux plutôt que par les engouements irrationnels, la peur ou la rotation.

Gardons à l'esprit que dans presque tous les domaines,
la Chine s'améliore et que la reprise s'étend.

Il faudra faire la part des choses cette année, car les chiffres en glissement annuel seront peu représentatifs. Mais, dans l'ensemble, gardons à l'esprit que dans presque tous les domaines, la Chine s'améliore et que la reprise s'étend, ce qui est très positif. Rappelons que la reprise a été principalement tirée par les secteurs de la production l'année dernière; même les ventes de détail, qui ont été léthargiques tout au long de 2020, ont repris. Les services (tourisme, restaurants, etc.) ne montrent pas encore de reprise mais c'est un élément à surveiller. Nous nous attendons à ce que les mesures colossales de relance et la reprise économique aux Etats-Unis se répercutent sur la vigueur des exportations chinoises, ce qui aurait des effets positifs sur l'ensemble de l'économie. 

Si la Chine s'en sort au moment où elle est quasiment la seule à avoir retrouvé un rythme de croisière, on peut penser qu’elle se portera encore mieux lorsque le reste du monde se redressera également. Le désendettement suscite une réelle crainte, mais jusqu'à présent, il ne se manifeste que dans les écarts de crédit des entreprises d'Etat. Le coût nominal du capital des entreprises d'Etat a explosé à 10,8% au premier trimestre 2021, alors qu'il n'était plus que de 6,9% pour les entreprises privées. On peut toujours deviner ce que le gouvernement essaie de faire en observant le coût du capital dans les différents secteurs, et ceci indique qu'il y a un effort concerté du gouvernement pour désendetter les secteurs en surchauffe, en particulier l'immobilier, ce qui est utile au secteur privé, au détriment des entreprises d’Etat.

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