La divergence d'inflation

Tiffany Wilding, Pimco

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La Réserve fédérale a clairement indiqué qu'elle prévoyait de réduire les taux d'intérêt en 2024 - la question est de savoir quand, de combien et à quel rythme.

Certains observateurs estiment que la première baisse pourrait intervenir dès le mois de mars. 
Nous estimons que l'équilibre des données et des tendances macroéconomiques laisse présager une première baisse des taux vers le milieu de l'année. Nos perspectives reflètent les données relatives à l'inflation aux États-Unis - notamment l'écart croissant entre deux indices de prix importants - ainsi que la résistance continue de la croissance économique et la tendance historique des banques centrales à réduire les taux plus tard, que plus tôt.

La dynamique de croissance à court terme

D'autres facteurs pourraient inciter la Fed à hésiter à réduire les taux plus rapidement, notamment la résistance immuable de l'économie américaine face à une politique budgétaire plus restrictive au second semestre 2023 et à une croissance plus lente du crédit. Parallèlement, l'assouplissement des conditions financières dans les secteurs les plus sensibles aux taux, tels que l'investissement immobilier résidentiel, soutiendra probablement la dynamique de croissance à court terme.

Cela est important, car les divers modèles économétriques créés pour décomposer l'épisode inflationniste post-pandémique suggèrent que la majeure partie de la hausse de l'inflation a été le résultat de facteurs liés à la pandémie (relance budgétaire, goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement, etc.). De la même manière, la plupart des bonnes nouvelles récentes ont été liées à l'atténuation de ces mêmes facteurs (voire à leur inversion, dans le cas de l'allègement des carnets de commandes dans l'industrie automobile). Cependant, le marché du travail reste tendu et l'inflation devrait se situer autour de 2,5%-3% sans que la politique monétaire restrictive ne contribue à un nouvel assouplissement de celui-ci.

Signes d'hésitation

Les précédents historiques nous éclairent également sur le comportement des responsables des banques centrales qui ont généralement tendance à prendre du retard dans l'assouplissement. Généralement, ils commencent à assouplir leur politique lorsque leur économie est déjà en récession. Comme nous l'avons expliqué dans notre rapport sur les perspectives conjoncturelles intitulé «Gérer la descente», il y a eu quelques cas où les banques centrales ont été plus souples sans qu'il y ait eu de récession. Toutefois, la crainte de l'héritage d'Arthur Burns (qui a présidé la Fed dans un contexte d'inflation galopante dans les années 1970) pourrait bien inciter les responsables politiques à se concentrer sur la gestion des risques d'inflation pendant quelques mois encore.

Les communications officielles de la Fed depuis la réunion de décembre ont été plus ou moins cohérentes avec l'idée d'attendre un peu plus longtemps. D'après nos calculs, les décideurs de la Fed J. Williams, L. Mester, L. Logan, M. Bowman et R. Bostic se sont également opposés, à des degrés divers, à une baisse des taux en mars. Même A. Goolsbee, qui s'est montré plus dovish, a laissé entendre que ses projections de taux étaient plus proches de la médiane, ce qui implique que le mois de mars pourrait également être un peu tôt. Il a aussi laissé entendre que les responsables de la Fed n'étaient pas encore revenus à une approche plus équilibrée des deux volets du double mandat: «S'il est clair que nous sommes sur la voie d'un retour à cette approche, alors nous commencerons à accorder plus d'attention à l'autre volet du mandat» a déclaré M. Goolsbee. Enfin, un récent discours de M. Waller, gouverneur de la Fed, a souligné l'importance d'un ajustement lent et "méthodique" pour revenir à la neutralité lorsque la Fed entamera ce processus.

Conclusion

L'inflation a beaucoup diminué depuis les sommets atteints en 2022, en particulier si l'on considère la mesure de l'indice PCE. Cependant, comme les prix non marchands sont à l'origine des bonnes nouvelles relatives de l'indice PCE, et alors que l'IPC est toujours plus élevé, la perspective d'une baisse des taux d'intérêt en mars pourrait encore être difficile à envisager du point de vue de l'inflation. Ajouté à une économie étonnamment robuste et la tendance historique des banquiers centraux à retarder les baisses de taux, tout cela nous suggère que, bien qu'une baisse en mars reste possible, attendre un peu plus longtemps serait plus réaliste.

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