La demande de pétrole diminue et le monde en profite

Chris Iggo, AXA Investment Managers

2 minutes de lecture

Sur le long terme, le passage aux énergies renouvelables est inévitable.

Sur le long terme, il semble que le prix du pétrole affichera une baisse et qu’il pourrait déjà être au-delà du zénith. C’est l’opinion de Chris Iggo, CIO chez AXA IM Core Investments. Certes le prix du pétrole a augmenté depuis sa chute, au premier trimestre de l’année passée, et pourrait afficher de légères hausses au cours des deux années à venir. Mais sur le long terme, le passage aux énergies renouvelables est inévitable. Dans sa dernière contribution, l’expert explique les conséquences sur le long terme d’une baisse de la dépendance du pétrole et explique pourquoi elle présenterait un avantage, à la fois pour le climat et l’économie mondiale.

«Récemment, j’avais écrit que la transition énergétique soumettra l’économie mondiale à d’aussi grandes transformations que la révolution numérique. Aujourd’hui je dis: Ces transformations pourraient même être encore plus significatives. Pendant longtemps, les combustibles fossiles constituaient la seule source d’énergie. Dans les années à venir, ce sont les énergies renouvelables qui vont occuper cette place. L’électricité sera le combustible central dans les secteurs du transport ou de l’habitat. Elle proviendra en grande partie de sources renouvelables.

Le soleil n’est pas politique

Etant donné que les combustibles fossiles ne sont pas répartis uniformément dans le monde, certains pays pouvaient exercer une certaine domination et sélectionner les entreprises à fournir. De nombreuses questions géopolitiques et éthiques étaient liées à l’exploitation et au commerce des combustibles fossiles. Le soleil, par contre, brille en de nombreux endroits du monde et le vent souffle partout. Les pays ayant peu de combustibles fossiles se réjouiront probablement d’une richesse apportée par les énergies renouvelables. Ainsi, la transition énergétique a le potentiel de modifier les affaires économiques nationales, de renforcer la croissance et la productivité sur le long terme, d’influencer les balances commerciales et de modifier le rapport de force géopolitique.

La fin du pétrodollar?

Ce développement pourrait aussi influencer le dollar des Etats-Unis sur le long terme. Jusqu’à présent, le commerce du pétrole et du gaz naturel était réalisé en dollars américains. La répartition des énergies renouvelables sur le globe diminuera la dépendance exercée par une seule monnaie. Ainsi, le «pétrodollar» fait partie du passé. Il ne sera plus nécessaire de lier certaines monnaies au dollar des Etats-Unis. Parallèlement, la Chine jouera un rôle important dans la production énergétique globale. En effet, ce pays est bien positionné en termes de développement des énergies renouvelables et des technologies qui y sont liées. Au regard des bonnes perspectives économiques et des modifications au niveau de la structure énergétique globale, il y a de grandes chances que le Yuan s’impose par rapport au dollar des Etats-Unis sur le long terme.

Les investissements dans le renouvelable ont un avenir

Au cours des dernières années, le développement des technologies liées aux énergies renouvelables a attiré beaucoup d’investissements en capital, avec une forte augmentation des cours des actions. Alors que les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) continuent de susciter l’intérêt général, le secteur des énergies renouvelables enregistre en même temps un boom – un développement qui va durer. Ainsi, il existe encore de grands potentiels d’investissement pour déployer les capacités associées à ces énergies, dans les projets d’infrastructure pour assurer la mobilité électrique et le transport de l’hydrogène tout comme dans l’adaptation des processus industriels existants. Par ailleurs, le Green Deal européen et les plans de l’infrastructure verte du Président Biden y apportent un soutien important. Grâce à eux, des fonds publics énormes sont mis à disposition. Au final, les réglementations ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise) plus strictes au sein de la Investment-Community profiteront aux entreprises qui participent à la réalisation d’un futur sans émission de CO2. C’est pourquoi, je suis optimiste et pense que le secteur appartiendra aux «outperformers», aux actions à sur-performance, sur le long terme.

A lire aussi...